mardi, janvier 31, 2006

Brèves

Joseph Deiss, une autre boîte à meuh, reste accroché à son principe de l'Etat qui n'intervient pas dans l'économie. Sauf quand c'est Swissair. Joseph Deiss a pour principe la non-ingérence dans la direction des entreprises. Même quand les directeurs foncent droit dans le mur. Joseph Deiss aime les gens qui foncent, c'est un principe. Il ne veut pas savoir où.

La direction de Swissmetal veut une table ronde, entre elle, SWISSMEM, et les grévistes. Par contre elle ne veut pas négocier avant la reprise du travail, mais dit vouloir comprendre les positions et les perspectives de chacun. Tout un programme. Ils pourraient simplement dire qu'ils cherchent le point faible parce qu'ils sont coincés.

Infrarouge: Programme et résultats

Programme (publié avant l'émission)

Ce soir, mardi 31 janvier, à 22H15, la Boillat sera sur la TSR. L'émission "Infrarouge" sera consacrée à la grève et confrontera ses différents acteurs. Sont invités sur le plateau:
  • Maxime Zuber, maire de Moutier
  • Thomas Daum, directeur de Swissmem, industrie suisse des machines, équipements électriques et métaux
  • Sam V. Furrer, chef du développement d'entreprise Swissmetal, en duplex de Zurich
  • Dominik Koechlin, vice-président du conseil d'administration de Swissmetal, en duplex de Zurich
  • Dominique Lauener, directeur de Lauener Décolletage à Boudry et Shanghai
  • Edmond Bailat, ancien directeur des ventes Swissmetal
  • Fabienne Blanc-Kühn, membre du comité directeur d'Unia
  • Nicolas Wuillemin, président de la représentation des employés en grève de Swissmetal
  • Une importante délégation d'ouvriers et habitants de Reconvilier


On ne manquera pas de noter que ni M. Saurländer ni M. Hellweg ne seront là. Ils ont préféré déléguer leurs laquais pour la basse tâche consistant à s'approcher à moins de 50 kilomètres des travailleurs de la Boillat. En plus, ils ne parlent plus qu'à des gens assez intelligents pour être d'accord avec eux (chose qu'ils nomment "dialogue").

N'oubliez pas de vous entraîner dès maintenant à écouter Sam Furrer, Thomas Daum et Dominique Koechlin en utilisant votre boîte à meuh (oui, c'est une publicité commerciale indue. Mais que ferions-nous sans boîte à meuh?).


Résultats (publié après l'émission)

Erreur, grossière erreur, immense erreur! O combien j'ai pu être bête. Mon optimisme sans borne m'a fait lire que Sam Furrer et Dominik Koechlin allaient venir sur le plateau d'Infrarouge, exécuter les basses besognes de leurs suzerains Hellweg et Sauerländer. Mais non, ces deux nobles serviteurs sont encore membres d'une catégorie sociale trop élevée pour s'abaisser à venir voir de près leurs subordonnés.

Si l'on devait trouver les pensées de ces deux petits truands à la tête qu'ils faisaient, peu de doutes qu'elles se rapprocheraient de ceci:
"Les gueux, voyez-vous, crient aux pieds des fenêtres, les pieds dans la boue. Jamais on ne les laisse monter à l'étage salir le beau tapis (à part la femme de ménage sous-payée)."

Le mépris dédaigneux du larron Koechlin se lisait assurément sur son sourire, son visage trônant au-dessus du plateau de télé sur un écran géant, arborant l'air triomphal de celui qui a enfin vaincu sa constipation.
Quant à Sam Furrer, il a été bombardé il y a peu chef de la communication à Swissmetal. Le grand homme sait en effet tout faire, et là il se trouve que pour écrire et prononcer toutes les âneries de la direction, un coûteux plein-temps se justifie pleinement. A ce tarif, il aurait tout de même plus se déplacer à Genève. Ah Sam, son air aggressif de vendeur d'abonnement de téléphone à la criée. Sam, son petit accent de HEC Saint-Gallois. Sam, sa méconnaissance totale du dossier Swissmetal.


Quelques perles de la soirée

La palme revient bien sûr à Sam Furrer. Un communicateur professionnel, c'est imbattable: "Les grévistes portent un grave préjudice à la Vallée de Tavannes".
Dans la Vallée de Tavannes, tout le monde soutient pourtant les grévistes. Une vallée de fous furieux qu'on vous dit.

Monsieur SWISSMEM, Thomas Daum, a marqué par son sens de l'esquive. S'il faut désigner un porteur d'eau de la direction, on lui remet le prix sans hésiter. Quand on lui demande si oui ou non le protocole d'accord a été respecté, il répond:
"Il y a des questions auxquelles on ne peut pas répondre par oui ou par non".
Eh oui... Euh, non! Enfin, ni oui ni non. Quoique, p'tet ben qu'oui, p'tet ben qu'non. Et un peu plus tard, il donne son petit coup en-dessous de la ceinture:
"Vous les syndicats, vous parlez toujours de solidarité. Maintenant, il y a un front entre Reconvilier et Dornach".
La sauvegarde de Dornach passe par la bonne santé de Reconvilier. Ce n'est pas encore clair on dirait.

Maxime Zuber, maire de Moutier, a mis le doigt sur l'indignité de la direction de Swissmetal: "Si la stratégie de la direction était la bonne, M. Sauerländer serait là pour la défendre".
Karl me fait signe qu'il est d'accord.

Un qui le connaissait bien, le dossier, contrairement à MM. Furrer et Koechlin, c'est Edmond Bailat. Le savoir-faire Boillat, et la haute qualification de ses vendeurs n'ont pas été un vain mot lorsqu'il a parlé. La place des presses et de la fonderie, c'est clairement Reconvilier pour le téléspectateur moyen, maintenant. Médaille en chocolat pour ce monsieur qui aura fait ce qu'il pouvait:
"La fonderie de la Boillat est neuve, et aux normes européennes, ce qui est très rare. A Dornach, c'est Germinal. On se croirait au XIXe siècle. Vous appelez logique industrielle transférer ce qui est bon et ce qui est neuf dans un endroit insalubre".
"Selon les études qui ont été menées, mettre la nouvelle presse à Dornach coûterait 34 millions. La mettre à Reconvilier coûterait 22 millions".
Vous avez bien lu. Et ce ne sont pas des bêtises.

Dominique Lauener, quant à lui, a tenté de calmer un peu le jeu, mais prend parti pour les grévistes. Le prix du bon sens bien terre à terre pour la réplique ci-dessous. Quand Romaine Jean veut savoir s'il demande la démission de Martin Hellweg, il répond:
"Ecoutez, ce monsieur a eu deux grèves sur le dos. La confiance de ses employés est totalement détruite. Et sans les employés, on ne fait plus rien".
Seul M. Hellweg et sa clique n'ont pas compris ça.

Mais les grévistes se battront pour se faire comprendre. Chaque mensonge de leur direction leur donne un peu plus de force, et leur direction ne sait que mentir. Si la sincérité était visible quelque part ce soir, c'était chez ces travailleuses et travailleurs de la Boillat, qui parlent peut-être moins bien que la brochette d'universitaires présents, mais qui ont un coeur gros comme ça.

La concurrence

Eh oui, même sur le web, les monopoles ne durent pas... Paradoxe, paradoxe, la concurrence vient aujourd'hui d'un syndicat! "Une voix sur la Boillat" n'est plus seul sur le web, et va devoir lutter pour garder son avantage concurrentiel. L'heure est aux restructurations, messieurs dames, et Karl va devoir faire des choix cornéliens.

Licenciera-t-il sa main droite, au risque de ne plus pouvoir atteindre les "m", "p", "l", et surtout la fameuse touche "return"? Ou plutôt la gauche, et là ce serait carrément le "e" et le "a" qui disparaîtraient, ainsi que les majuscules. Avec une jambe au chômage, il pourrait certes venir manifester à cloche-pieds. Et à force de stratégies fumeuses, c'est tout Karl qui risque de se mettre en grève... Bref, restructurons, mais en douceur.

Misons sur les atouts qui font la qualité de "Une voix pour la Boillat"... Euh, je n'ai rien dit là...

Bon vent donc à nos collègues du Forum Boillat sur le site d'Unia.

lundi, janvier 30, 2006

Demandez le programme!

A la Boillat, on ne baisse pas les bras (tiens ça rimerait presque ça! Ah ça aussi!). Et pour que le moral tienne bon, diverses activités sont proposées.

Lundi 30 janvier, de 19H30 à 21H15, à l'usine Boillat: Société anonyme, film documentaire de Laurent Graenischer sur la restructuration de la Tornos.
(Oui, le film est passé avant que Karl ne mette l'annonce. Oui, Karl est un retardataire, que voulez-vous).

Mardi 31 janvier, dès 19H à l'usine Boillat: Concert de Vincent Vallat, les Chanteurs à la gueule de bois.
(Là ce sera un moment d'anthologie: un concert dans l'usine, quelle plus belle scène? Avec les alliages de laiton et autres bouts de cuivre, on parlera peut-être d'une sorte de heavy metal).

Mercredi 1er février, rdv 19H30 pour le départ, sur le parking de l'usine: Manifestation de soutien aux grévistes de la Boillat.
(Venez nombreux. Votre effort ne sera pas vain, car des moments de solidarité comme ça, où l'on se dit que l'humanité, c'est pas rien quand même, il n'y en a pas beaucoup).


La pause bricolage

Revoilà les tracts en kit à découper et à distribuer soi-même. L'humour est, espérons, meilleur que le mode d'emploi du lecteur DVD tout neuf, traduit du japonais vers le français par un pigiste danois. En tout cas, ça détend de les écrire... Envoyez donc vos idées à laboillat@yahoo.fr si cette littérature vous tente.



Cliquez sur l'image pour une taille lisible.
Cliquez ici pour la version PDF.
Imprimable au format A4.


Scénario et plans sur la comète

Le scénario Pierre Kohler

Pierre Kohler, Conseiller national et Président du comité de soutien à la Boillat, a pris la peine d'écrire des commentaires à "Une voix pour la Boillat". Le premier explique les causes de la grève de la Boillat, et le second, qui est reproduit ci-dessous, un scénario possible pour sortir de la crise.


Scénario possible pour sortir de la crise sans massacre

1. Annuler tous les licenciements.
2. Respecter le protocole d'accord signé fin 2004.
3. Revoir complètement le concept industriel de Swissmetal avec les cadres
et experts connaissant la branche. Ceci par une analyse objective et un réel
travail de groupe. Tous les investissements décidés dans ce cadre doivent être
mis en veille jusqu'à la conclusion de cette étude. (été 2006).
4. Remettre en place une structure de commandement sur chaque site.
5. Après accord sur les 4 points ci-dessus reprise du travail.



Complot

M. Hellweg, jamais à cours de bonnes blagues, a prétendu que certains cadres de la Boillat complotaient pour mettre le groupe en faillite et racheter la Boillat à bas prix. Rassurons-le tout de suite: cette hypothèse paraît malheureusement irréalisable. De plus, contrairement à M. Hellweg, les cadres de la Boillat sont capable d'associer les ouvriers à leurs projets, quand ils en ont, et n'ont donc pas besoin de les cacher.
Enfin, on me souffle que certains autres cadres de la Boillat (bizarrement pas ceux auxquels M. Hellweg pense), rares, sont tout de même assez férus de romans d'agents secrets pour servir d'antennes sur le terrain à M. Hellweg, et mener un travail de délation tout à fait digne des méthodes de leur patron. Que ces fidèles parmi les fidèles soient ici salués! Jamais l'idée de trahir leur seigneur et maître ne les a effleuré, c'est impressionnant! Puisse leur histoire servir d'exemple aux collabos des générations futures car, rira bien qui rira le dernier, le dernier chapitre de cette histoire sera écrit par toute une région.

Mais soyons fous (Karl est un peu fou n'est-ce pas?) et prenons un instant M. Hellweg au sérieux : des gens de la Boillat aimeraient et pourraient la racheter. Qu'est-ce que cela donnerait? Actuellement, une petite histoire, celle de la mine de charbon de Tower Colliery, fait mouiller sa culotte à chaque altermondialiste digne de ce nom. Elle est relayée par un article du Monde Diplomatique, journal de l'ultra gauchiste impénitent.

En résumé, Tower Colliery, une mine de charbon vouée à la faillite, a été rachetée par ses employés, est actuellement dirigée par ses employés (qui sont devenus actionnaires) et n'est toujours pas en faillite (au contraire).

On y apprend donc qu'un ouvrier est tout a fait capable de savoir ce qui est bon pour lui, tout seul, comme un grand. Révélations! Messieurs Hellweg, Sauerländer et comparses, si vous lisez ces mots, asseyez-vous, respirez lentement, calmez-vous. Ca va passer vous verrez.

dimanche, janvier 29, 2006

L'actu en plus drôle (espérons)















Le piquet fait la nique

Commençons par le point positif, le petit pic-nic qui s'est tenu dans les locaux de la Boillat. Rassurez-vous, personne n'a rien piqué. Mais tout le monde a fait la nique à la direction.

Si quelqu'un croit (M. Hellweg au hasard) qu'il s'est fait braquer par un des grévistes, c'est qu'il a dû confondre une saucisse avec un pistolet. Quant au précieux stock, rassurez-vous, le voilà bien gardé!
(Merci au photographe!)


L'économie sans le pognon

Dans le Journal du Jura du 28 janvier, on peut lire l'amusant avis de M. Bernhard Signorell, PDG surexcité de la société 3V Asset Managment.

"Nous n'avons pas investi dans Swissmetal pour faire de l'argent facile - il y a assez d'autres possibilités pour cela - mais parce que nous sommes persuadés que la stratégie de Martin Hellweg est la bonne". Vous qui lisez, vous ne rêvez pas, il a bien dit ça... Croyez-le s'il vous plaît, il n'investit pas dans Swissmetal pour faire de l'argent (ou alors de l'argent très difficile: on le voit parfois suer aux commandes du four 10 tonnes à l'usine du bas). En fait, ce monsieur est là par conviction éthique: la "stratégie" de Martin Hellweg, il a craqué pour elle, grand seigneur qu'il est, comme quand il verse 10 francs à la Croix-rouge, le soir de Noël.

Vu donc qu'il a le coeur sur la main, profitons-en pour lui rappeler l'existence du fond de grève, auquel il peut envoyer un petit sou.


De la qualité sans la qualité

Dans ce même article, Philippe Oudot, qui va courageusement jusqu'à Zürich se faire vomir dessus par messieurs Hellweg et Furrer, demande à Martin Hellweg:

"D'ici deux à trois semaines, vos clients n'auront plus de stock et risquent de vous abandonner..."

Réponse du "stratège" en chef de Swissmetal:

"Nous mettons actuellement toute notre énergie pour trouver des alternatives auprès d'autres fournisseurs, afin de satisfaire ces clients. Et nous allons trouver des solutions, soyez-en sûrs!"

Il est très fort, Martin Hellweg. Mais alors très fort. Sur tous les tons, sur toutes les ondes et dans toutes les couleurs de ses présentations Powerpoint, il nous a vanté la qualité inimitable des produits de la Boillat. Il nous a raconté en long et en large que, grâce à ses sérieuses "études", le savoir-faire unique de la Boillat serait conservé. Sam Furrer, le grand gourou de la com', a lui aussi pris son porte-voix pour relayer la bonne parole, par monts et par vaux (normal pour une boîte à meuh).
Et là, pouf pouf, un lapin sort du chapeau sous nos yeux ébahis: la qualité inimitable de la Boillat est en fait imitable, et M. Hellweg va carrément aller la demander à des fournisseurs alternatifs. Dans un langage que nous, idiots de fond de vallée, pouvons comprendre, il va commander des produits de qualité inférieure à la concurrence pour ne pas perdre de clients...

Le CEO de Swissmetal n'est donc toujours pas conscient d'une chose: la Boillat fabrique vraiment des produits d'exception, mais il ne fait pas partie de l'assortiment.


Au fait, la stratégie

Avez-vous déjà vu le nombre de fois où la direction de Swissmetal prononce le mot "stratégie"? Comme disait un homme, à une époque bien sombre, un mensonge, à force d'être répété, devient une vérité. Une stratégie aussi, probablement.

A force d'être répété disait l'homme: surtout, il valait mieux ne pas l'écrire, car alors, la farce deviendrait trop visible...
Toujours dans le Journal du Jura du 28 janvier, P. Oudot explique que Sam Furrer a montré de bien beaux graphiques lors de la conférence de presse, qui prouveraient que la Boillat ne rapporte pas plus que le site de Dornach. Bien sûr, M. Furrer a refusé de remettre copie des documents à P. Oudot. C'est soi-disant top-secret, mais juste pas assez pour une conférence de presse. Sam Furrer connaît donc sa leçon: quand on ment, il vaut mieux ne pas laisser trop de traces.


Le Parti radical s'y met

Comme on sait, le PRD n'a pas la réputation d'être constitué d'une bande de gauchistes (ou alors de manière trop discrète pour mon regard naïf). D'habitude, c'est un peu le parti des patrons, les "radis" (mais pas rouges, les radis). Et les patrons, la grève... Enfin, vous savez.

Pourtant, la raison l'emportant, le PRJB soutient la grève:


REUNI A SAINT-IMIER, LE PARTI RADICAL DU JURA BERNOIS (PRJB) APPORTE SON SOUTIEN AU PERSONNEL DE BOILLAT SA A RECONVILIER.
LE PRJB DENONCE L’ATTITUDE DES DIRIGEANTS DU GROUPE SWISSMETAL BOILLAT QUI NUIT A L’ECONOMIE DANS SON ENSEMBLE ET A L’IMAGE DES CHEFS D’ENTREPRISE RESPONSABLES.
LE PRJB ESPERE QUE RAPIDEMENT UNE SOLUTION PUISSE ETRE TROUVEE POUR LE MAINTIEN ET LE DEVELOPPEMENT DE CETTE PRESTIGIEUSE ENREPRISE REGIONALE.

POUR LE PARTI RADICAL DU JURA BERNOIS
B. DEVAUX STILLI , Présidente W. SUNIER, Vice-président

Dernière chose, mais importante: merci beaucoup aux personnes, connues et moins connues, anonymes et moins anonymes, qui ont pris la peine de laisser un mot sur ce blog (voir les comments, les autres comments et les autres autres comments).

samedi, janvier 28, 2006

Un peu d'aide

Un fonds pour soutenir le personnel a été ouvert au No de compte:

CCP 25-15205-0, mention
Fonds de grève Boillat

(http://www.journaldujura.ch/front_article.cfm?id=175503&kap=bta)

L'argent fait partie des moyens qui permettront à nos amis grévistes de tenir bon. Quand vous leur donnerez quelque chose, n'oubliez pas que c'est un peu plus qu'un chiffre, les sous, parfois: c'est la marque de votre respect et de vos pensées pour eux.

Les marques de solidarité de toute une région sont visibles à chaque minute qui passe, de toutes sortes de manières. En voici une nouvelle.

Nouvelles fraîches et partisanes!

Après la froide objectivité de la chronologie, qui fut bien difficile à tenir, je vous le promets, voici quelques nouvelles du jour, un peu plus tranchées.

Tout d'abord, quelques sympathiques personnes ont laissé un petit mot sur le blog, qu'elles en soient remerciées!

Aujourd'hui, les positions se sont durcies. Le conseil d'administration de Swissmetal a décrété que la Boillat devait être vidée de ses employés et fermée. Un lock-out, bien sûr illégal. Objectif, selon les ouvriers: voler le stock de métaux en douce, car il constitue la trésorerie de Swissmetal.

Je dis bien "voler" le stock: si la matière première appartient à la direction, le travail fait dessus est celui des employés de la Boillat.

De plus, messieurs Hellweg et Sauerländer fanfaronnent sur la durée de la grève: ils disent pouvoir tenir 2 à 3 mois, le temps que les grévistes s'essoufflent.
(http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=172921)

Il faudrait leur expliquer qu'ils se seront étouffés dans leurs mensonges bien avant! Pourtant, comme on sait, le mensonge tue à très petit feu, preuve en est la durabilité de nos deux larrons à la tête de Swissmetal. Toutefois, M. Sauerländer paraissait tremblottant, il y a deux jours, à la télévision. Peut-être les premiers symptômes d'une asphyxie.

Certes, en matière de mensonges, Sam Furrer, le grand communicateur de la maison, semble indestructible. Il résiste au temps mieux qu'une montre suisse de luxe, et poursuit son oeuvre communiqué de presse après communiqué de presse. Si la situation était différente, on le croirait fabriqué en laiton Boillat.


En direct du site web de Swissmetal

Yvonne Simonis, la CFO (Chief Financial Officer) du groupe, est diplômée en sinologie (une spécialiste de la Chine donc) et en gestion d'entreprise. Belle formation non?
(http://www.swissmetal.ch/index.php?id=33&L=2)

Le dernier communiqué de Swissmetal annonce que le "débrayage illégal" est "d'autant plus surprenant que la direction de l’entreprise avait engagé un dialogue étroit avec les commissions d’entreprise bien avant le début de la grève".
Décryptage: Remplacez "dialogue étroit" par "monologue étroit".

Bien sûr, on peut aussi lire le refrain SWISSMEM: la grève est illégale (comme toujours), tout s'est passé conformément à la CCT et de toute façon la paix du travail règle tout etc., etc. Seule chose qui cloche dans leurs explications: si c'était vrai, il n'y aurait pas de grève.

SWISSMEM, c'est comme les boîtes à meuh: vous les retournez et ils vous débitent leur verbiage, toujours identique. Sur ce site web, une superbe collection de boîtes à meuh, pour vous habituer à écouter SWISSMEM, Hellweg et leurs petits copains:
http://www.sound-fishing.net/boites_a_bruitages.html

Pour le communiqué de Swissmetal:
http://www.swissmetal.ch/index.php?id=88&L=2&tx_ttnews[tt_news]=167&tx_ttnews[backPid]=33&cHash=afd95bd4bf

Vive la Boillat!

vendredi, janvier 27, 2006

Petit mode d'emploi

Vous pouvez ajouter vos commentaires, de manière anonyme ou non, en cliquant sur "comments" au bas de chaque message. N'hésitez pas à descendre très bas dans la page, au moyen des ascenseurs, pour atteindre ce point: les messages sont parfois longs.
Après avoir cliqué, vous arriverez dans une fenêtre qui vous permettra de rédiger ce que vous voulez. Les limites de la politesse, sans être à cheval dessus non plus, sont celles de ce blog.

Pour communiquer d'une autre manière, voici une adresse email: laboillat@yahoo.fr

Enfin, je ne peux que vous recommander chaudement ce petit site Internet, avec des tracts rigolos à télécharger (en PDF) et à distribuer: www.geocities.com/laboillat
Plus direct: http://www.geocities.com/laboillat/Tracts/TractBoillat1.pdf

En vous souhaitant une excellente navigation, je vous remercie de dire haut et fort ce que vous avez à dire sur la Boillat!

jeudi, janvier 26, 2006

L'aventure Boillat: Chronologie et Histoire

Cette chronologie rêve de venir un peu plus qu'une chronologie. Elle contient certainement des erreurs que vous serez à même de corriger. Mais plus qu'un catalogue bien corrigé, cette chronologie aimerait devenir une Histoire. Pas n'importe quelle histoire, non... Elle aimerait être l'Histoire collective de la Boillat, celle qui, comme la grève, est menée par tous, du plus démuni au plus fort. L'orthographe, la grammaire et toutes ces choses importent peu... Ce qui importe, c'est de réunir un maximum de textes, écrits par vous, anonymement ou pas, qui connaissez un peu ou beaucoup la Boillat.

Car vous le savez, la Boillat... Oui la Boillat, celle qui a 150 ans et des centaines d'employés; celle qui est rentable; et surtout celle à qui tout une région est profondément attachée! La Boillat risque bien de disparaître, enterrée par une bande de rapaces sans dignité. Je vous propose ici d'en construire une trace... Je sais, c'est presque mission impossible, de laisser une trace de ce bahut-là, s'il disparaît! Mais même une chronologie a le droit de rêver, que voulez-vous.

Si vous le voulez bien, essayons. L'aventure de cette usine, l'aventure de sa grève, l'aventure de ses travailleurs, c'est à ceux qui l'ont vécue de l'écrire, vous ne trouvez pas? Ne laissez pas le discours à d'autres, prenez la parole et racontez-nous... Merci!

1855: Création d'une fonderie de laiton à Reconvilier.
1858: Fondation de Boillat SA.
1917: Boillat SA devient Fonderie Boillat SA, sous le patronage de 4 actionnaires (qui resteront les mêmes jusqu'en 1970).
1955: Boillat fête ses 100 ans et prépare de gros changements.

Durant cette période, et jusque dans les années '70, l'entreprise fonctionne en participant à des arrangements cartellaires. Les chiffres de la marche des affaires ne paraîtront que dès 1975/76. L'entreprise était alors peu syndiquée, les conflits se réglant à l'interne, sans les syndicats.
Mais la fin de cette période débouche sur une plus grande ouverture, des changements à la direction, et une prise d'importance de Boillat dans l'économie régionale. Elle acquiert, à ce moment, et jusqu'au début des années '80, les éléments qui feront sa réputation: spécialisation, haute qualité, fiabilité, délais de livraison brefs, service de vente disponible. Bref, Boillat devient ce patrimoine industriel que nous connaissons.

1986: Création des Usine Métallurgiques Suisses (UMS), holding regroupant la Boillat, l'usine de Dornach, et Selve, une usine située à Thoune. La finalisation du holding (fusion complète des 3 entreprises) a lieu en 1989, sous l'égide de Werner K. Rey, qui avait racheté Selve avant 1986. L'effondrement du montage financier de ce dernier entraîne UMS vers de graves difficultés. L'actionnariat de UMS est néanmoins compact à ce moment, composé de peu d'entreprises.
1991: Fermeture du site de Selve. Rachat de Busch Jäger GmbH en Allemagne par le groupe. Ce rachat sera toujours critiqué, Busch Jäger étant peu opérationnelle et son intégration n'ayant jamais pu arriver à terme.
1996: Joseph Flach quitte son poste à la tête de Swissmetal et est remplacé par Peter Schneuwly. Entrée en bourse de Swissmetal, d'où une dispersion de l'actionnariat, et une probable fragilisation face à la conjoncture.
2000: Nadine Minnerath prend la tête de Swissmetal. Des projets de restructuration sont élaborés avec McKinsey, mais n'aboutissent pas. En fait, à l'instar de ses 2 prédécesseurs, Nadine Minnerath semble ne pas parvenir à définir une stratégie claire pour le groupe, et achèvera de le plonger dans de graves difficultés financières.
2002: Licenciement de 200 employés sur les 3 sites et introduction du chômage partiel, suite à une baisse des livraisons.
2003: Swissmetal met Busch Jäger en faillite, dans une tentative de redresser le cap.
Mai 2003: Swissmetal annonce un accord avec un consortium de banques, lui assurant son financement jusqu'en juin 2004.
Juin 2003: Martin Hellweg est mis en place à la direction générale de Swissmetal, et secondé par un adjoint, François Dupont, ancien directeur du site de Reconvilier. Martin Hellweg est un spécialiste des restructurations et a été engagé pour assurer le refinancement de Swissmetal. Il s'agissait donc, au départ, d'une mission limitée dans le temps.
Novembre 2003: Swissmetal restructure sa hiérarchie et les fonctions les plus importantes du groupe échoient à M. Hellweg. Le poste de directeur opérationnel, occupé par F. Dupont, est supprimé, et M. Hellweg est désormais CEO (Chief Executive Officer) et membre du conseil d'administration.
30 juin 2004: Approbation du plan de refinancement de M. Hellweg par l'assemblée des actionnaires. Swissmetal est recapitalisée à hauteur de 50 millions, ce qui achève, en théorie, la mission de M. Hellweg. Néanmoins, il est maintenu dans toutes ses fonctions.
Par la suite, divers changements ont lieu, qui provoquent beaucoup de mécontentement à la Boillat. Par exemple, la mise en place du système de gestion informatique SAP, la concentration du service de ventes à Olten, la suppression du poste d'infirmière d'entreprise, la suppression de divers systèmes d'aide (entamée déjà avant l'arrivée de M. Hellweg).
Peu avant les événements qui suivent, les cadres de la Boillat cosignent une lettre, envoyée au président du conseil d'administration, François Carrard, pour l'avertir des dangers que la stratégie de M. Hellweg fait courir à Swissmetal.
16 novembre 2004: André Willemin, directeur de la Boillat, est licencié et remplacé par Henri Bols, ce qui déclenche immédiatement une grève spontanée des employés de Reconvilier, cadres et ouvriers. Les représentants du syndicat Unia-FTMH prennent contact avec les grévistes le jour même. M. Hellweg apparaît à la télévision pour dire qu'il ne comprend pas: la santé de Swissmetal est en voie d'amélioration, et, selon lui, les employés se livrent à une grève illégale. La revendication claire qui émane des grévistes est le départ de M. Hellweg.
18 novembre 2004: Après avoir conditionné tout dialogue à la reprise du travail, la direction de Swissmetal entame les négociations bien que la grève continue.
23 novembre 2004: Suite au refus par le personnel d'un premier accord, sur demande du syndicat, Elizabeth Zölch-Balmer, directrice de l'économie publique du canton de Berne, accepte de tenter une médiation.
25 novembre 2004: Un accord mettant fin à la grève est accepté par le personnel de la Boillat. L'accord laisse un goût amer à ce dernier, mais est reconnu bon gré mal gré.

On notera que cette grève s'est formée de manière spontanée, dans l'unanimité. Des versions ont circulées, notamment par la voix de M. Hellweg, selon lesquelles la grève aurait été fomentée, et imposée, par une minorité, les syndicats ou certains cadres. Aujourd'hui, il est clair que ce n'était pas le cas.
On notera aussi le large soutien populaire reçu par les employés de la Boillat. Des manifestations quotidiennes, dont la plus grande a réuni 5000 personnes (plus que la population de Reconvilier), des repas offerts dans l'usine par les commerçants du village, une lettre envoyée par la Chambre d'économie publique du Jura-Bernois à F. Carrard, etc.

L'accord du 25 novembre, marquant la fin de la grève:

  1. Confirmation du site de Reconvilier, développement dans l'ensemble du groupe Swissmetal; investissements prévus à Reconvilier.
  2. Renforcement de la fonction des ressources humaines.
  3. Négociations salariales (but: augmentation des salaires).
  4. La direction renonce à toute mesure de représailles vis-à-vis des grévistes.
  5. Nomination d'un directeur pour le site de Reconvilier, d'un directeur du site de Dornach et d'un directeur des ventes pour Swissmetal.
  6. Représentation équitable des deux sites dans la direction.


E. Zölch-Balmer est garante de cet accord.

6 septembre 2005: La Boillat fête ses 150 ans dans la tristesse. Les frustrations liées au comportement de la direction sont nettement palpables, et le bruit court que la fonderie de la Boillat risque d'être déplacée. Une cérémonie officielle a lieu en présence de E. Zölch-Balmer, qui rappelle à son auditoire d'oeuvrer pour la pérennité de la Boillat.

8 novembre 2005: La direction de Swissmetal, qui avait déjà choisi de placer la nouvelle presse d'extrusion à Dornach, annonce que les activités de fonderie seront concentrées à Dornach. Selon son plan, la Boillat deviendra un centre de production de fils et de barres de haute qualité et 75 millions de francs seront investis dans les deux sites suisses durant les 5 prochaines années.
9 novembre 2005: Suite aux remous provoqués par l'annonce de la suppression de la fonderie de Reconvilier, la direction de Swissmetal annonce qu'elle va procéder à une enquête, telle qu'elle a été décidée en accord avec les autorités politiques, pour finaliser son choix du site de la fonderie. Cette enquête n'aura jamais lieu, le choix n'ayant jamais été destiné à être remis en cause. E. Zölch-Balmer se déclarera, à la fin 2005, avoir été "roulée dans la farine". Un groupe politique de soutien à la Boillat se constituera, comptant en particulier Maxime Zuber, maire de Moutier et député au grand conseil bernois, ainsi que Pierre Kohler, conseiller national jurassien.
17 novembre 2005: Réunion entre le conseil d'administration de Swissmetal et Pierre Kohler et Maxime Zuber. Swissmetal, dans un communiqué de presse, présente une image positive de la réunion, tandis que Maxime Zuber parle de "dialogue de sourd" pour qualifier ses contacts avec la direction de Swissmetal.
12 décembre 2005: La direction de Swissmetal met en place Henri Bols à la tête des sites de Dornach et Reconvilier. Auparavant, Patrick Rebstein dirigeait le site de Reconvilier depuis quelques mois, en vertu du protocole d'accord ayant mis fin à la grève. La nomination d'Henri Bols, de l'aveu du communiqué de presse de Swissmetal, oblige à "adopter une nouvelle approche du protocole d'accord signé l'année passée". On se souviendra que la nomination d'Henri Bols à la direction de la Boillat et le licenciement d'André Willemin avaient déclenché la grève de 2004.
25 janvier 2006: M. Hellweg, lors d'une cérémonie, a posé la première pierre du futur bâtiment destiné à abriter la nouvelle presse de Dornach.
Le même jour, une nouvelle grève (une reprise de l'ancienne aux dires de certains ouvriers) éclate à la Boillat, suite à un vote au résultat sans appel. Ce mouvement est lié à un ras-le-bol général des employés, ainsi qu'à l'annonce de très nombreux licenciements dans les prochains temps. Les grévistes disent jouer le tout pour le tout, considérant que la direction de Swissmetal est en train d'enterrer la Boillat. Le bruit court que les bâtiments de la Boillat seraient hypothéqués.
26 janvier 2006: Les cadres sont menacés de licenciement s'ils ne coopèrent pas. Les employés ne peuvent pas s'exprimer: ceci leur est interdit depuis plusieurs mois par la direction. Ce qui n'empêche pas certains de le faire.
"Une voix pour la Boillat" est créée, dans l'espoir de permettre à qui le désire de rompre avec cette interdiction de la libre expression.


Sources:
COLLECTIF, Fonderie Boillat SA 1855-1955, Ouvrage publié à l’occasion du centième anniversaire de la Fonderie Boillat S.A.
Alexandre Beuchat, L’impact des marchés financiers sur la gestion des entreprises suisses. Le cas de Swissmetal Boillat à Reconvilier, Mémoire de diplôme en sciences politiques, Lausanne: Université de Lausanne, 2005.
Le Journal du Jura (www.journaldujura.ch).
www.tsr.ch
www.swissmetal.com

Une voix pour la Boillat est née

Hier, la Boillat s'est remise en grève, suite à une réunion du personnel où 218 employés ont choisi d'agir ainsi. Excédés par le comportement de leur direction, poussés à bout par les menaces qui planent sur la pérennité de leur outil de travail, ils ont pris le risque de tout perdre.
Col blancs comme cols bleus, ils défendent leur usine contre un démantèlement aberrant et écoeurant, soutenus en cela par toute une région solidaire.

Très loin de tous ces gens qui se battent, dans des bureaux feutrés, des communiqués de presse seront écrits pour remettre au pas ces grévistes. Des éditoriaux, des articles et des émissions reprendront ces communiqués. Le conseil d'administration de Swissmetal essaiera de faire ployer la vérité sous le mensonge.

Depuis plusieurs mois, les employés de la Boillat ont reçu une interdiction de s'exprimer face à des journalistes. Je ne suis pas un employé de la Boillat, et je crée aujourd'hui ce petit blog pour ne pas les laisser dans le silence.