vendredi, juin 30, 2006

L'heure de l'assemblée générale

2 articles

Avec l'éditorial de Luc-Olivier Erard, dans le Courrier du 28 juin, nous avions pu relever l'exemple d'un journaliste qui a bien compris les fondements du combat des Boillat. Bien sûr, comme il fallait s'y attendre, on reçoit toujours un contre-exemple, par l'effet d'une sorte de loi de Murphy. Eh oui, c'était trop beau pour être vrai! C'est pourquoi, Pierre-André Chapatte, dans un commentaire (oui, Karl triche sur le droit d'auteur, honte à lui) publié dans Le Quotidien jurassien a aussi sec rétabli l'équité, en produisant un joli monument de neutralisme mal assumé. Il le dit lui-même: "A trop tirer sur la corde, elle a fini par rompre", description en effet exacte d'un journalisme qui, à force de ne pas vouloir prendre parti, coupe la corde usée à laquelle il est accroché pour s'enfoncer dans l'abîme de la corbeille à papier (destinée au recyclage, attention).

Une phrase a déjà valu quelques commentaires sur le blog: "L’intransigeance a eu raison de la médiation. En repoussant à nouveau au début de cette semaine la décision du personnel de la Boillat sur les propositions de l’expert indépendant Jürg Müller, la délégation du personnel a commis l’erreur de pousser à la faute la direction de Swissmetal pourtant connue pour ses interventions intempestives". Oui, pousser son ennemi à la faute est une grave erreur étant donné que, normalement, il vaudrait mieux lui donner la corde pour se pendre. Comme ça, on ne risque pas de tirer trop dessus, à cette pôôôvre corde.

Bien sûr, c'est la faute à tout le monde, si la médiation s'est terminée. Et surtout, comme Swissmetal est plus fort que les Boillat et Rolf Bloch, il eut mieux valu se rendre sans combattre. Et les licenciés dans les commissions, ce sont des têtes brûlées, messieurs dames. Des gens qui sont prêt à sacrifier les emplois de leurs collègues pour... Pourquoi? Pour sauver la Boillat? Non messieurs dames, pour faire les jusqu'au boutiste qui s'arcboutent.

Mais le meilleur suit: "La direction de Swissmetal indique qu’elle entend tout de même suivre les recommandations de l’expert indépendant. Prenons-la au mot". Excellent n'est-ce pas? Même l'expert, surtout lui en fait, comme nous allons le voir, n'y croirait pas. Mais P.-A. Chapatte si. C'est un amoureux du consensus, si bien qu'il en oublie que, chez Swissmetal, l'amour est une valeur non cotée en bourse, tout comme le savoir-faire, donc sans valeur. Ainsi, il faut les prendre au mot, comme Unia le fait, d'ailleurs. Il faut croire que Swissmetal suivra les propositions de l'expert. Très drôle. Citons donc Philippe Oudot, dans le Juju du 28 juin:
"Rolf Bloch constate que l'organe indépendant qu'il avait proposé va changer de nature. 'Je proposais une commission restreinte de trois membres, avec un représentant de la médiation, un de Swissmem et un d'Unia. Les commissions d'entreprise et du personnel, ainsi que la direction n'y auraient pas été représentées mais auraient été nos interlocuteurs'. Ils auraient pu solliciter l'organe de surveillance en cas de non-respect des engagements. Cette commission aurait alors proposé des solutions. N'ayant pas de pouvoir décisionnel, elle aurait fait appel au Tribunal arbitral prévu dans la CCT en cas de blocage de la situation. Avec la solution que Swissmetal se propose d'appliquer, la direction sera donc juge et partie".
Mais prenons donc Swissmetal au mot, voyons. Swissmetal, nous vous prenons au mot: faites ce que vous avez dit, donc détruisez-nous cette Boilla tqu'on en finisse. Et P.-A. Chapatte de faire comme si Swissmetal aurait accepté que Rolf Bloch vienne mettre son nez dans les affaires de la Boillat. Comme si Swissmetal n'aurait pas quitté la médiation au lendemain de son assemblée générale. Un grand naïf travaille au QJ, et écrit de beaux articles à l'eau de rose. Une overdose de Barbara Cartland?


Le second article nous vient de Work, journal d'Unia (en allemand). Il s'agit d'une interview de Jürg Müller, réalisée par Oliver Fahrni. Grâce à 2 courageux blogueurs, "Bloggeur fou" et "Rensk", Karl peut vous proposer dès maintenant une traduction française de ce texte. Un immense merci à eux (et puisse Oliver Fahrni nous pardonner ce piratage).

Cette interview est excellente, c'est aussi simple que ça. Si Rolf bloch semble très en retrait d'une prise de parole franche, peut-être à cause de sa position de médiateur et des compte qu'il doit rendre au Conseil fédéral, ce n'est pas du tout le cas de Jürg Müller, mais alors pas du tout. Non, l'expert n'a pas la langue dans la poche et, qui plus est, elle n'est pas en bois. Ce n'est pas non plus une langue de vipère, comme celle de Martinou.

L'expert considère en effet qu'"Il était économiquement totalement absurde de licencier 111 personnes, surtout en ayant un carnet de commande plein à ras bord pour de nombreux mois". Idem pour le licenciement des cadres. Quant au transfert de la fonderie, actuellement, c'est "une absurdité". L'histoire de la "grève perlée" de Martinou semble carrément révolter Jürg Müller, qui souligne que le manque de productivité de la Boillat était dû à la direction de Swissmetal. Et, même si "C'est désagréable à dire", l'expert pense que "le fondement est l'incompétence" (au niveau de la direction de Swissmetal). Si J. Müller estime que seul son plan permettrait de sauver les meubles, vu qu'il déclare la vente de la Boillat impossible, à la dernière question ("Mais peut-on exiger des Boillat de se livrer à Hellweg ? Ils ont au moins quelques bonnes raisons de s'attendre, de sa part, au démontage industriel"), il répond: "Quelle autre possibilité y a-t-il ? Cette histoire laisse un arrière-goût très amer". Certes, il y a de ça.

Jürg Müller parle aussi d'un second rapport, dans lequel il se serait demandé s'il y avait un plan secret de Swissmetal (le déplacement des activités de la
Boillat vers Busch-Jaeger), mais estime n'en avoir pas trouvé la preuve. Evidemment, car pour ça, Martin Hellweg est malin. Au fait, quel est ce second rapport? Pourrait-on le voir publié un jour, ainsi que le premier?

De plus, Jürg Müller, qui n'est pourtant pas syndicaliste, soulève un débat de fond dont Unia, où le débat se limite à disqualifier d'avance toute critique sur des bases fallacieuses (un peu comme chez Martinou, mais nous y reviendrons avec le dernier numéro de L'Evenement syndical. Karl est d'ailleurs preneur pour un scan si vous avez ça), ferait bien de s'inspirer. J. Müller signale, à l'intention des Boillat, qu'en Suisse, le personnel ne décide pas de la stratégie industrielle d'une entreprise. Mais il ajoute qu'en Allemagne, le système des conseils d'administration paritaire fait qu eles décisions importantes n'y sont plus prises. Alors, comment faire? Il ne répond pas, mais dit: "Il serait bon de trouver un instrument pour garantir que le savoir-faire et les idées du personnel soient pris en compte dans les décisions. Si le syndicat Unia invente un tel instrument, je suis preneur". Karl en connait d'autres, qui seraient preneurs, mais doute qu'Unia soit capable d'un tel élan de créativité, allez savoir pourquoi.

Jürg Müller a décidément des choses à dire.


Et Cette AG?

Nous y sommes, à l'assemblée générale des actionnaires de Swissmetal, finalement. Karl en profite pour ajouter quelques détails sur Avins. Depuis son arrivée, Martinou fait la chasse au clients mauvais payeur sauf, depuis 2004... Avins. Donc, Avins a une solide dette auprès de Swissmetal (entre 1 et plusieurs millions de francs). De plus, ce n'est pas une très grande entreprise. De là à penser que Swissmetal a racheté Avins en échange d'une suppression des dettes... Mais que vient donc faire Ralph Glassberg au conseil d'administration du groupe?

De plus, quand on relit le rapport annuel 2005 de Swissmetal (téléchargement lourd), page 10, on rigole un bon coup de la "stratégie", à la lumière du rachat d'Avins. Franchement, entre parenthèses, il faut relire tout la page 6 pour déguster l'ampleur de la crasse swissmetalienne.

"Le noyau central de la stratégie est de satisfaire, voire même de surpasser les attentes des clients au niveau des livraisons, des conseils et des prestations de services": les clients doivent apprécier. Pourtant, nous ne sommes plus le premier avril. Mais encore: "Font parties de la tradition chez Swissmetal la recherche, le développement du savoir-faire, le partage et l’apprentissage dans le travail". D'ailleurs, les apprentis s'en souviendront longtemps. Tout comme les chercheurs. Quant au savoir-faire, il ne sera bientôt plus là pour témoigner (c'eut été un témoin dérangeant, car il déclenche des grèves).

Mais revenons à nos moutons. La "stratégie" contient 3 axes bien solides comme tout: excellence opérationnelle en Europe, consolidation européenne et stratégie pour l'Asie (il y a donc une "stratégie" dans la "stratégie", attention à ne pas nous perdre). En gros, cette "stratégie" s'oriente donc sur le rachat de sites de production, en Europe et en Asie, ainsi que sur d'éventuelles alliances.

Or, Avins est aux Etats-Unis, et n'est pas un site de production. Dans le récent communiqué de Swissmetal, on peut néanmoins lire: "Cette acquisition est basée sur la stratégie de l’entreprise qui est de gérer et de contrôler elle-même à moyen et à long terme sa distribution sur les sept marchés stratégiques (États-Unis, Allemagne, Suisse, Italie, France, Inde et Chine) ". Donc, c'est la "stratégie", de racheter Avins, et si on lit la "stratégie", il n'aurait pas fallu l'acheter. Ce sens de la contradiction est certainement "stratégique". Mais Swissmetal se justifie, tenez-vous bien: "Avins entretient de bons contacts avec les fabricants de produits semi-finis à base de cuivre en Europe et en Asie". Voilà, L'Aise, l'Europe, tout est dit. On reste donc, de manière tout à fait claire, dans la "Stratégie". Enfin, oui mais non. Plutôt non? Ah bon, tant pis alors, vous n'avez rien compris. D'ailleurs, vous êtes viré, agitateur de grève perlée!

Karl a reçu une jolie image d'Epinal, tirée d'une série imprimée lors de la Première guerre mondiale, qui représente fort bien les espoirs de Martinou (merci anonyme!):


Mais ne l'oublions pas, l'Association nouvelle Boillat sera présente à l'AG, et elle est très bien préparée. De plus, il n'y aura pas qu'elle, mais aussi, entre autres, des clients, qui viendront exprimer leurs quelques menus soucis concernant "Le noyau central de la stratégie", qui est "de satisfaire, voire même de surpasser les attentes des clients au niveau des livraisons, des conseils et des prestations de services". Ca, ils se surpassent pour en arriver là où ils en sont. La "stratégie" serait-elle dénoyautée? Comme le fruit est pourri, il n'en resterait plus grand chose. Karl a comme un doute, sur la "stratégie".

Bravo à tous ces gens, qui ont énormément travaillé, pour aller faire quelque chose dans cette atroce assemblée générale. Karl n'y sera pas, estimant que prendre toutes les précautions pour éviter de faire prendre des risques au blog était, bien que probablement excessif, sage.

Courage donc, à ceux qui seront sur place!

Ils feront face à Martin Hellweg, Friedrich Sauerländer, et toute cette clique de criminels en col blanc. Vous rendez-vous compte? Quelle horreur, berk. C'est à 14H au plus tard qu'il faudra être devant la salle, pour admirer ces malfrats.


Petit post scriptum

JFBO demandait, dans un commentaire, demandait à Karl: "j'aimerais bien savoir de quel pâte tu as été pétri". Héhé... C'est une pâte spéciale, Karl vous le dit. C'est de la pâte de jurabernoissien, ou de jurassudien (comme vous voulez), et on l'appelle jurabernoissite, ou jurassudite (toujours comme vous voulez). Oui, le nom même de la pâte fait débat, et débat enflammé, c'est dire si elle est mystérieuse.

D'après le fameux Livre du grand tout, on pourrait croire être en mesure de la pétrir et de la déformer à volonté, car elle est bonne pâte, mais, une fois les doigts enfoncés bien profond dedans, on se rend compte que, décidément, là au milieu, il y a du dur (même si c'est toujours de la pâte!). Même à coups de marteau-piqueur, rien n'y fait (un peu comme une histoire de noix, dans Gaston Lagaffe), des expérimentateurs chevronnés l'assurent. En plus, cette pâte est semi-transparente. On ne la voit pas trop, elle est discrète. Au premier abord, on croit pouvoir la transpercer du regard, et n'y constater que de bien simples choses, à l'existence fragile et placide. Mais, en cherchant dans le détail, on remarque que, en fait, il y a un truc opaque, indéfinissable, le fameux machin tellement solide, qui pourtant ne se différencie pas de la couche externe. C'est donc une matière fort bizarre, que les scientifiques étudient les yeux écarquillés, et les paupières battantes.

Des manipulations diverses de la jurabernoissite (ou jurassudite), on fait penser les chercheurs à un matériau extrêmement stable. Il résiste tellement à tous les mauvais traitements que c'en est incroyable. Mais certaines tentatives de déformation ont parfois déclenché une réaction imprévisible (ce fameux problème d'opacité et cette absence totale de ductilité au centre), et ça a fait BOUM! Et après, pour que ça s'arrête, il faut faire des choses comme appeler Joseph Deiss à la rescousse, qui avoue d'ailleurs ne rien pouvoir faire. Normal, car quand la jurabernoissite (ou jurassudite) pète, il n'y a pas grand chose à faire, sinon constater son erreur, et aller jouer avec moins dangereux (par exemple de la dornachite).

Tels sont les habitants (bon, pas tous, n'exagérons rien) d'une petite région que vous connaissez bien et où, sous l'apparence de la docilité et d'un horizon borné se cache un potentiel de révolte qui, quand il éclate, sert de leçon à tout un pays.

Telle est, j'espère, la pâte dont est fait Karl ;-)

jeudi, juin 29, 2006

C'est presque vendredi

La journée d'un troll

"Le troll change souvent d'état. Ici, victime incomprise, là, sympathique bonhomme cherchant du soutien, là encore, agressif et provocateur. Il est toujours pugnace, et n'abandonne jamais le débat, à moins que celui-ci ne naisse tout simplement pas. Ainsi, un troll ignoré tentera à plusieurs reprises d'enflammer le débat" (partie de la définition du troll, selon Wikipedia).

Depuis peu, les trolls reviennent sur le blog, armés d'un solide bagage de provocateurs. Tout frais sortis des bras de Martinou, ils viennent narguer, et surtout tenter d'allumer des polémiques qui ne mènent à rien. Ici, nous avons de la chance car, après un long et chaotique apprentissage, nous avons affaire à de véritables artistes du trollage. Ils n'ont pas de pseudo, mais la fine manière dont sont ciselées leurs oeuvres est une véritable signature, une marque de fabrique, un label, une marque déposée. Voici donc un florilège, presque exhaustif en fait, emprunté au commentaires du précédent "édito". C'est long, mais ça ne manque pas de sel.

10:48AM: "Si meme Shreck et rigueur ne s entendent plus je pense que la solidarite entre les boillats est mal en point courage allez".

Le troll apparaît, et laisse subtilement entendre, suite à une erreur volontaire de sa part dans l'interprétation des messages de "Rigueur" et "Shreck", que ces 2 larrons ne sont plus en foire, mais en bisbille, tout en feignant d'apporter son soutien au combat des Boillat.

10:57AM: "Courage rigueur je suis de ton avis car shrek a un avis un peu trop tendancieux".

Le même troll revient directement à la charge, tentant de monter le premier contre le second. Pas d'arguments, mais une petite pique discrète.

10:59AM: "Arreter de dire que Screk pense si et ça. Moi je le connais bien et je pense qu il pense le contraire."

Eh oui, pour monter l'un contre l'autre, il fallait bien parachever l'oeuvre. Ainsi, le troll, toujours le même, vole au "secours" de l'autre. Mais la manoeuvre échoue, puisque "Shreck", dans le commentaire suivant, évidemment, ne commence pas à enguirlander "Rigueur".

12:10PM: "Ok schrek et rigueur on des avis partagés sur la boillat mais mais il ne doivent en aucun faire porter un prejudice au combat comme l a deja fait fred.... si vous voyez ce que je veux dire...."

Héhé, le troll (oui, toujours le même: même style volontairement bancal, même absence d'accents et d'apostrophes), son coup manqué digéré, revient frapper sur une autre cible. De nombreux messages suivent, pour expliquer au troll que, non, ça marche pas. Caramba, encore raté!

1:55PM: "Ouais ben moi je pense que Shreck et d'autres d'ailleurs feraient mieux d'un peu chercher du boulot plutôt que de passer leurs journées derrière leurs ordinateurs à poster des commentaires sur le blog et pomper leur chômage sur notre dos."

Le même troll, ou a-t-il passé la main à son collègue? Tout est qu'il passe à l'artillerie lourde, faute d'avoir réussi avec le petit calibre. Les autres blogueurs réagissent alors, assez viollemment (attention aux insultes, d'ailleurs, même si le troll sombre tellement bas que la compréhension est de mise. Je vous prie de vous abstenir d'injures par la suite). Rappelons aussi, comme ça l'a été sur le blog, que le chômage est un droit, pas un don, et que ceux qui en bénéficient en font ce qu'ils veulent. Mais bien sûr, le troll ignore le droit, et tente de pervertir la liberté d'expression, car telle est sa fonction.

3:45PM: "Comment le troll de 12h10 a pu mettre en doute le travail de shrek qui fait tout sont possible pour continuer la lutte meme si on connais pas vraiment son opinion veritable mais il a le merite d'etre la ou les autres ne sont pas et si il ne ve pas chercher un autre travail c son droit."

Après une longue pause du troll, et le débat a repris, sur les perspectives d'avenir de la lutte. Scandalisé par ce fait, le troll revient donc à l'assaut. Est-ce toutefois bien un troll, qui écrit à 3:45PM? Le doute est permis. Néanmoins, ce message ramène le débat sur "Shreck", et tente de l'éloigner des perspectives d'avenir de la lutte. Tout en douceur, il laisse aussi entendre que "Shreck" est un hypocrite. Mais non, décidément, ça ne prend pas, et le débat se poursuit sans dévier. Je copie ici un moment d'autocritique de "Shreck", remarquable, tel qu'il n'y en aura jamais à la tête de Swissmetal: "J'en ai parlé pas plus tard que samedi passé et je suis d'accord avec toi, et je rajouterai quand ça te touche personnellement, tu te remet en question, et tu te dit putain ce que j'était con, je n'ai jamais tendu la main et maitenant c'est moi qui demande q'on me la tende, et bien oui j'était d'un de ces con là.... et ma vision des choses a changé".

5:25PM: "Alelouia schrek a changé c'est un vrai miracle...."

Toujours à l'affut, le troll (le même ou un autre) tente obstinément de faire dériver le débat. Saluons sa persévérance! Si Shreck a changé, car il n'est pas un imbécile, le troll non.

5:32PM: "@ 5:25 Attention Troll. Il cherche a embrouiller"

N'ayant récolté qu'une insulte (merci de s'en abstenir d'ailleurs), le troll revient, et cherche à poursuivre cette discussion entre lui, lui et son complice (lui?).

5:39PM: "Je ne sais pas si il s agit toujours de troll. On arrive pas a savoir. Faut pas entrer dans leur jeux. Encore que des fois ils disent des choses vrais et que ca permet d e lever le debat. Mais je suis aussi d accord que les histoires qu on raconte c est souvent n importe quoi. Encore qu'ils arrivent à semer le doute et que des fois c est tellement bien fais qu on y croit. Je pense aux histoire sur Schrek que je sais pas encore maintenant quoi penser."

Le troll se troll avec un troll. Les trolls seraient donc vilains, mais tout de même, parfois, il faut les écouter. Ils élèvent le débat, même, allez savoir comment. D'ailleurs, "Shreck"... Eh oui, le troll s'acharne, malgré l'insuccès.

5:45PM: "moi je suis un pauvre petit boillat j ai fait les greves j ai toujours suivit le mouvement et maintenant j ai quoi de plus ? plus de travail devoir certainement demenager moi et ma petite famille pour trouver une nouvelle place de travail et quitter mon village natale.Moi mon papa il est pas patron,je suis pas encore pensionné et pas assé de diplomes pour trouver du travail facilement.Dite moi ce que je dois faire maintenant ?"

5:46PM: "j aimerai savoir ce que sont devenus les 4000 francs qu'a reçu Karl pour la souris d'or et si cet argent été utilisé pour la cause (ce qui me semble bien évident mais je pose la question quand meme). Je crois que quelq'un à déja posé la question."

Pôôôvre petite chose innocente et faible, qui va devoir quitter son "village natale". Très crédible, au vu de ses commentaires précédents, notamment sur les chômeurs. Mais, son papa n'est pas "patron", comme celui d'une autre personne qu'il accusait voilà quelques jours. Le troll change donc de cible. Son message suivant, directement ajouté, s'occupe du sort de Karl, ce voleur. Là, ça prend un peu. Explications polies, défense de Karl, remarques sur le trollage, personnes ne se fait avoir, même si on répond.

5:56PM: "troll pas troll je sais pas.et les 4000 ils, sont dans le fond... de ma poche....troll je suis troll je resterai"

5:57PM: "Les 4000 sont à l'uzine3 chez FredHa Ha Ha ...."

5:58PM: "Et les 5000.- que nico a recuet. les sois disant 350.000.- qui reste sur les fonds , il vont passer ou dites le moi? plus personne en parle de ces fonds de greve,me semble t il qu'une petition avait ete faite et remise a Marioland mais sans reponse ni des commissions ni de personnes. Et quand ont pose une question a ce sujet, ils se defilent pour repondre. peut on avoir encore confiance en ces personnes moi pas"

Le troll s'engouffre aussi sec dans la petite brèche. L'argent, toujours l'argent. Il pense que là, il a tapé au bon endroit, et en profite pour tenter de discréditer une nouvelle cible, les commissions du personnel de la Boillat.

6:00PM: "Moi je dis qu a l uzine3 il faut un boillat un vrai.....pourquoi pas shrek comme ca il aura au moin une occupation et on dira pas qu il fait rien pour la cause. quand dites vous"

On revient sur "Shreck" (décidément, il lui en veut, ce troll. Félicitations à "Shreck" donc: de tels ennemis se gagnent grâce à une conduite honorable). Mais le troll prépare la suite des opérations, pour faire fructifier son entrée dans la brèche.

6:03PM: "4000 + 3500 + 350000 hop je vais en vacances"

6:06PM: "Des qu on parle de fric ici y a un probleme ils sont ou les 500 000 on nous en parle plus depuis un moment et comme par hasard certains meneur de la cause se font plus rare .....ou encore,circule dans une auto flambante neuve la personne concerné se reconnaitra"

Donc, quelques nouvelles tentatives sont lancées à propos d'argent. Et toujours assorties d'attaques personnelles, via des sous-entendus. Après quelques autres commentaires, la journée de ce troll se termine sur ce dernier:

6:24PM: "Et les 4000 ? Toujours pas de réponse. Sa embête, n'est pas. Allo Karl ya quelqu'un ?" [en fait, Karl était absent jusqu'à pas loin de 19H].

Eh oui, y'a quelqu'un, cher troll, pour vous lire, et même pour vous répondre. Vous êtes un beau spécimen, le saviez-vous? Pour vous, et pour vos amis, si vous en avez, quelqu'un a créé un blog spécial, car toute oeuvre mérite son musée, n'est-ce pas? Vous pouvez donc aller troller librement en cliquant sur ce lien. Merci à l'anonyme auteur de cette méritoire création, véritable écrin prêt à recevoir son bijou!

A part ça, vu la fréquence des commentaires de ce troll, soit il est au chômage, soit il est payé par Swissmetal pour oeuvrer patiemment à la destruction du blog. S'il est au chômage, je suis sûr que certains politiciens et chefs d'entreprise peu srucpuleux l'engageraient volontiers pour discréditer leurs concurrents. S'il est au service de Swissmetal, ce ne sera pas la première que sa direction jette de l'argent par les fenêtres dans des projets parfaitement vains.


Côté Boillat

Les commissions du personnel de la Boillat ont réagi, aujourd'hui, aux annonces faites hier par Swissmetal, via ce communiqué. Ce dernier a fait l'objet d'une dépêche ATS.

Premièrement, le communiqué exprime la consternation des commissions face au retrait de la médiation effectué par Swissmetal, et condamne les 2 derniers licenciements en date. En effet, le crime des licenciés est de n'avoir pas été d'acord avec Martinou, et d'avoir de ce fait accepté la charge de défendre leurs collègues. Les auteurs du communiqué s'inquiètent donc (ils sont polis) de l'avenir du partenariat social dans de telles conditions.

De plus, ils relèvent que Swissmetal ne respecte aucune autorité, que ce soit l'Etat de Berne ou la Confédération, et se demandent si la direction de Swissmetal est censée rester encore longtemps au-dessus des lois. D'autre part, le communiqué mentionne que la médiation, du moment que les représentants de la Boillat ont voulu faire des propositions, s'est avérée un échec, signe du profond sens démocratique de Martinou et ses sbires.

Bien sûr, mentionne le communiqué, Swissmetal n'en est pas à son premier essai, en tentant de discréditer les commissions. Auparavant, il s'agissait de s'attaquer aux politiciens, au Comité de soutien, etc.

Il s'achève sur: "Les commissions ont été élues par le personnel pour défendre leurs intérêts. Il est bien évident que si une majorité d’entre eux devaient décider que nos buts ne correspondent plus à leurs aspirations, nous en tirerions les conséquences qui s’imposent". En effet, il n'a jamais été question, même si cela n'a pas été reporté, de s'accrocher au pouvoir, dans les commissions du personnel de la Boillat. Contrairement à leur direction, les Boillat connaissent encore la démocratie. Mais pour combien de temps?

Dans le Journal du Jura, Philippe Oudot publie les réactions de Nicolas Wuillemin aux positions d'Unia. Il n'y va pas de main morte, Nicolas, et il a, malheureusement, parfaitement raison. Premièrement, la tendance de Fabienne Blanc-Kuhn à minimiser le malaise entre les Boillat et Unia lui paraît totalement déplacé. Il y a un gros malaise, ceci depuis qu'Unia a fai tpression pour la reprise du travail. Et ce malaise s'est encore amplifié, au moment de la séance de médiation à laquelle Jürg Müller a présenté ses propositions. Unia était au courant des propositions, mias n'a proposé aucune concertation préalable aux représentants des Boillat. De plus, Renzo ambrosetti, durant la suspension de séance où les représentants des Boillat ont discuté des propositions de l'expert, ne s'est pas approché d'eux pour leur faire part de sa position. Maintenant, signale Nicolas Wuillemin, les Boillat sont très remonté contre Unia, ce qu'il déplore. Et, force est de constater que, du côté d'Unia, on ne fait pas franchement la part des choses.


Le Courrier

Karl, dans son "édito" marathon du 28 juin, n'avait pas remarqué l'éditorial du Courrier publié le même jour. Une erreur heureusement réparée pas "Un Voisin" et "Grand-mère". Cependant, ce texte, titré "La Boillat: terre brûlée", mérite largement de revenir un instant dessus. Luc-Olivier Erard y fait preuve d'une remarquable compréhension du conflit. Il faut noter que Le Courrier est un journal dont le contenu est assez à gauche, et parfois même taxé d'extrême gauche. Dans un tel contexte, on serait tenté de croire que l'analyse qui y est faite du combat des Boillat se fait à partir de la même grille de lecture que celle d'Unia. Il n'en est rien. L'auteur montre que les manoeuvres de Martin Hellweg sont inavouables, parce qu'elles rompent avec l'idée générale qu'on se fait de la recherche du progfit dans une entreprise, qui s'exerce, par exemple, via l'augmentation de productivité et la diminution des charges. En fait, la réalité nous montre des fermetures de site planifiées et des transferts de savoir-faire. Or, ajoute L.-O. Erard, les Boillat ont parfaitement compris cette "politique de la terre brûlée" et, même si on les a dépeint comme des têtes dures même pas très remplies, il se sont avérés bien plus fins d'esprits que ça.

Mais cette analyse de la situation, Unia ne l'a pas eue. Et la volonté du syndicat de sauver une partie des emplois, ceci en respectant autant que possible la paix du travail, face à des patrons qui veulent simplement détruire le site est, selon le journaliste, vieillote (carrément!). Pour lui, de plus, le vaste soutien rencontré par les Boillat, et s'étendant sur tout l'éventail politique, démontre que le conflit est d'une nature différente que ce que croit le syndicat. En 2 phrases d'exception, L.-O. Erard résume le fond du malaise entre Unia et les Boillat: "Dès lors, on comprend que les ouvriers ne soient pas tous d'accord de sacrifier le savoir-faire d'une région et toute une industrie locale contre la promesse vague de faire perdurer quelques dizaines d'emplois. Ce serait supposer que leur combat n'est que l'appel à l'aide du vagabond à la main charitable qui voudra bien se tendre". Des phrases comme on aimerait en lire plus souvent.


AG dans l'air

Aujourd'hui est parue la nouvelle selon laquelle Laxey possède maintenant plus de 20% du capital de Swissmetal. En effet, les transactions boursières laissaient penser que les petits porteurs abandonnaient leurs titres au profit de plus gros porteurs. De plus, OZ Bankers pourrait bien avoir liquidé sa participation, du moins en grande partie. Ce regroupement a bel et bien lieu, avec Laxey, suivi de Adelphy Capital, Fidfund Management (dirigée par Friedrich Sauerländer), et 3V Asset Management (dirigé par l'odieux Bernhard Signorell). A eux tous, ils contrôlent directement 35% du capital du groupe.

mercredi, juin 28, 2006

Long à écrire, long à lire

En sommes-nous au bilan? S'il fallait en faire un provisoire, voici le mien, tout personnel: quand je regarde en arrière, vers les mois passés, et même les années passées, je ne regrette rien. J'ai fait mon possible, avec le sentiment que, sans tout ce soutien, que tant de personnes ont apporté, et sans, surtout, cette courageuse lutte des Boillat, nous n'en serions pas là. Non, nous n'en serions pas là. Ce serait bien pire, parce que la Boillat, on en parlerait déjà au passé. Le buffle aurait mis a exécution son programme de piétinement et, sans obstacle, il aurait déjà tout écrasé. La fonderie, en particulier, serait un souvenir, que nous aborderions au détour de pensées fuyantes, telle un âge d'or que nous n'aurions voulu retenir. Aujourd'hui, la fonderie de la Boillat est encore là, et Swissmetal se retrouve contraint de la conserver encore un moment, faute de pouvoir produire la matière qui en sort ailleurs. Alors, l'histoire poursuit son cours, mais jusqu'où?

Ici, Karl va essayer de décrire cette journée du 27 juin, très riche en événements. Tellement qu'il en devient difficile de commenter, et même de relater, tous les articles, reportages, interviews et émissions qui la concernent. Cette page rassemble l'essentiel des commentaire radiophoniques et télévisés, ainsi que la dépêche ATS. RJB a aussi longuement abordé la question dans ses journaux du 27 juin. Dans le Journal du Jura, on trouve, bien sûr, de quoi passer de longs et intéressants moments (à ce stade, c'est presque du bénévolat). Il y a aussi un article dans Le Quotidien jurassien, un petit rien dans Le Temps, et un bricolage mal fait dans 24 Heures. L'idée, dans cet "édito", est d'aborder chaque position (Swissmetal, la médiation, le monde politique ainsi que le comité de soutien, Unia, et enfin, bien sûr, les Boillat). Lourde tâche, dont j'espère qu'elle sera néanmoins intéressante.


Swissmetal

Swissmetal, mardi matin, a tenu une conférence de presse à Berne, durant laquelle plusieurs choses ont été annoncées. Elles ont été résumées dans ce communiqué et cet autre communiqué (les nouvelles du premier n'auraient peut-être pas été nécessaires à annoncer aussi vite, tandis que celles du second allaient l'être de toute façon).

Tout d'abord, il est intéressant de noter que si, dans le Torchinou et oralement, la direction de Swissmetal parle de "la Boillat" sur un ton obséquieux et ridicule, les communiqués se contentent du sobre "site de Reconvilier", ce qui donne un aperçu de l'hypocrisie caractéristique de Martinou et sa clique (Martinou, d'ailleurs, n'a jamais dit "la Boillat").

Le premier communiqué annonce que Swissmetal quitte la médiation et "est prête à mettre en oeuvre les propositions de l’expert technique élaborées par le biais de la médiation". Selon son interprétation, très personnelle, bien sûr. Swissmetal, donc, récuse la médiation parce que les représentants de la Boillat avaient refusé les propositions, et demandaient à élaborer des contre-propositions. Mais voilà, trop c'est trop, et dans une dictature, on ne discute pas, monsieur Wuillemin et autres "forces régionales et patriotiques" (où vont-ils chercher tout ça?). Comme, néanmoins, cette représentation avait autre chose à dire à Martinou que "oui maîîître", il faut bien croire qu'elle n'est plus représentative des Boillat, ajoute Swissmetal. Logique, non? Cette représentation, toujours selon Swissmetal, où l'on a une idée décidément très particulière de la démocratie, aurait empêché les Boillat d'accepter les propositions de l'expert lors de la dernière séance du personnel (avaient-ils des lances-roquettes?). En effet, comme il n'y a pas eu de vote, mais une discussion, il est clair que les Boillat étaient pour lesdites propositions. Si, si, c'est logique! Enfin, c'est tout de même une logique très originale, mais très logique, au fond. D'ailleurs, savez-vous que 2+2=5, raison pour laquelle le stock s'est prématurément vidé? On apprend aussi, à la lecture du communiqué, que le personnel de la Boillat, en grande partie, "ne se sent plus représenté par cette délégation". Comment le sait-on? suite à des entretiens individuels et en groupe (durant lesquels les gens seront placé sur la liste des "agitateurs" à licencier s'ils ne répètent pas la bonne parooole). Lo-gique.

Pour arriver à la conclusion que la délégation des Boillat n'est pas représentative, il a fallu une "analyse minutieuse". On voit, pas besoin de le dire. Une analyse logique, même! D'ailleurs, cette analyse minutieuse s'est poursuivie dans la matinée par le licenciement de Pierre-Yves Simmen, membre de la délégation, et l'interdiction de site de ce dernier, ainsi que celle de son collègue déjà licencié, et aussi membre de la délégation, Pierre-Yves Emery. Henri Bols a, de plus, demandé que les commissions du personnel soient recréées et contiennent uniquement des personnes travaillant sur le site (ce qui est indiqué dans le communiqué). Comme ne pas dire "oui maîîître" débouche automatiquement sur un licenciement, les candidats seront ceux d'Henri Bols. On attend donc de voir Anne Kovanci, Philippe Fuchs et compagnie devenir les ardents défenseurs des travailleurs de Reconvilier. A ce moment là, tout le monde pourra se remémorer, entre 2 coups de fouet pour certains, malheureusement, l'intérêt de braves (de très braves même, chapeau à eux!) prêts à perdre leur travail pour défendre leurs collègues.

De ce fait, dit en substance le communiqué, comme tout le monde (clients, employés et syndicat) souhaite que la Boillat sorte de l'ornière, la direction de Swissmetal va s'en charger, toute seule comme une grande, avec ses subtiles connaissances de la métallurgie des cuivreux, et son profond respect pour du personnel. Merveilleux programme, que celui fondé sur la logique. D'ailleurs, Unia est mentionné 5 fois dans ce communiqué, signe que Swissmetal tient à se légitimer sur le dos du syndicat, lequel peut être très fier de l'impact de ses efforts. Ils doivent être aussi rouges que leurs drapeaux, chez Unia.

Mais Swissmetal continue d'accepter le principe d'un organe de contrôle, selon sa propre interpétation (Swissmem et Unia sont invités à suivre l'évolution de la situation et les progrès réalisés "à travers un dialogue régulier"). Pour le pouvoir contraignant, ils repasseront, mais en tant que faire-valoir, il est certain que leur soutien sera le bienvenu.

Pour conclure, il est nécessaire de relever que, pour Swissmetal, le départ de la médiation était prévu depuis un moment. Si les Boillat acceptaient les propositions de l'expert avant l'assemblée générale des actionnaire, ce départ aurait eu lieu après l'AG. Si les Boillat ne se pronçaient as avant l'AG, alors le départ devait avoir lieu avant. Ce refus de Swissmetal de poursuivre la médiation est logique, puisque le groupe l'a toujours instrumentalisé en sa faveur. Au moment où elle lui a échappé (parce que Rolf Bloch et Jürg Müller ne dooormaient pas complètement, et parce que les propositions risquaient de devenir contraignantes), la médiation était terminée. Annoncer cette fin avant l'AG permet à Swissmetal de tenter de faire passer le conflit pour résolu face aux actionnaires, ce qui aurait aussi été possible si les Boillat avaient accepté les propositions de l'expert.

L'autre communiqué de Swissmetal propose la véritable nouvelle du jour. Il mentionne le rachat d'Avins, et la proposition de 2 nouveaux administrateurs, Roger Bühler, qui dirige Laxey Partners en Suisse, et Ralph Glassberg, le patron d'Avins.

Laxey, comme on sait, est un Hedge fund basé dans le paradis fiscal de l'Ile de Man. Ce fond s'est fait connaître dernièrement en Suisse, en voulant imposer des dividendes délirants sur les actions, au conseil d'administration de Saurer. En effet, le versement de tels dividendes aurait totalement détruit la politique de Saurer, qui pourtant, jusque là, fonctionne plutôt bien. Les actionnaires avaient refusé cette proposition, et accepté d'élire le patron de Laxey au conseil d'administration. Laxey est donc une sorte de vampire, entrant dans le capital d'entreprises pour tirer un maximum d'argent de son placement le plus vite possible, quitte à laisser une coquille vide derrière. Et Laxey est le plus gros actionnaire de Swissmetal, avec environ 10% du capital. Roger Bühler, quant à lui, est probablement tout à fait le genre de personne qu'affectionne Martinou: même buts, même méthodes, même communication.

Avins, que Swissmetal a racheté, est une entreprise américaine, qui s'occupe de vendre des produit semi-finis métalliques, principalement aux Etats-Unis. Elle n'est pas spécialisée dans les cuivreux et est, sur les produits de la Boillat qu'elle vend, son client exclusif, ce qui signifie qu'elle n'est pas censée vendre de produits autres que ceux de la Boillat lorsque la Boillat lui en fournit. Du moins, en théorie, puisqu'un email de réclamation, adressé, fin 2005, par erreur à la Boillat, mentionnait de la matière (en l'occurence une exclusivité Boillat) posant problème, mais qui venait en fait de chez... Busch-Jaeger! Si cette tricherie pouvait être considérée comme étant uniquement du fait d'Avins, le doute sur la participation de Swissmetal à ce petit jeu semble désormais s'estomper. En effet, une telle action s'inscrit tout à fait dans l'optique de déplacer les clients de la Boillat vers Busch-Jaeger, ainsi que Swissmetal pratique en ce moment.

Le rachat d'Avins est, a priori, une stupidité (sauf pour Ralf Glassberg, qui se prépare une retraite dorée). La "stratégie" stipulait que Swissmetal allait s'étendre en créant ou en rachetant
des producteurs de semi-finis cuivreux ou en fusionnant avec. Rien ne mentionnait des entreprises de vente, mais, dans le communiqué, Swissmetal n'hésite pas à expliquer exactement le contraire. De plus, les créneaux d'Avins ne se situent pas seulement sur les cuivreux. C'est pourquoi la seule justification que Karl perçoit dans cet achat est celle qui consiste à converver des clients dans le giron de Swissmetal, tout en les poussant à se fournir chez Busch-Jaeger.

Avec ce second communiqué, Martinou cherche donc à boucler son assemblée générale sur un succès, par l'élection de 2 administrateurs ayant des vues proches des siennes, et en donnant un sentiment de solidité du groupe. La réalité semble plutôt pouvoir être décrite comme une fuite en avant.


La médiation

Rolf Bloch regrette le départ de Swissmetal, considérant que, petit à petit, la médiation s'approchait de solutions, même si le manque de confiance flagrant ralentissait le processus. Cependant, il relève qu'une médiation fonctionne sur une base volontaire, et elle cesse donc lorsque l'une des parties se désiste. Ainsi, il accepte la fin de la médiation. Et le rapport de Jürg Müller, dans tout ça? Si la médiation prend fin, pourquoi ne pas le rendre public? Le moment serait peut-être opportun pour qu'enfin un témoignage compétent sur la situation lamentable de Swissmetal puisse être dévoilé. De la transparence, Rolf, de la transparence!

Il lui reste aussi, probablement, à aller rendre compte de cet échec à son mandataire, le Département fédéral de l'économie, maintenant dirigé par Doris Leuthard. Cette dernière pourrait alors prendre une initiative, mais il vaut mieux ne pas rêver. En effet, Joseph Deiss a fait bien peu de chose, mais avec Doris Leuthard, de par sa personnalité comme de par sa fraîche arrivée au Conseil fédéral, on peut attendre encore nettement moins.

Reste, alors, Andreas Rickenbacher (le "ragot de chevrette" selon le traducteur Google! Tout un programme). Ce dernier, par la voix d'Albert Rösti (pas besoin de traduire, là), regrette lui aussi le claquage de porte de Swissmetal, et dit se tenir à disposition des parties. Néanmoins, il relève que le canton de Berne, pour le moment, n'est pas actif sur ce dossier. Bref, à part une nouvelle médiation, ou quelques remontrances polies, il y a lieu ici aussi de ne pas avoir trop d'attentes.

Le Comité de soutien à la Boillat, pour sa part, a publié un communiqué, que voici. Le Comité avait soutenu, du bout des lèvres (et c'est peu dire) les propositions de l'expert, ce qui était une attitude plutôt courageuse. Dans ce communiqué, par contre, il annonce son "effarement" face à la décision de Swissmetal. Les mots les plus forts sont employés pour condamner l'attitude coupable de Swissmetal, qui renie, comme à l'accoutumée, ses engagements.


Unia

Par ce communiqué, Unia tente de voir le côté positif des choses, et de pousser Swissmetal à tenir ses engagements. On pourrait penser que c'est très naïf, bien sûr, mais que faire d'autre, sinon tenter, avec les outils disponibles, de forcer Swismetal à matérialiser ses belles paroles? Unia relève donc bien, et souligne 3 fois en rouge, que Swissmetal accepte le principe d'un organe de surveillance. De plus, ses compétences devront être déterminées sur base des propositions de la médiation (et donc pas sur base de la volonté hellwegienne, comme l'intéressé le prévoit). Unia demande aussi que Swissmetal mette en place "
un responsable d’usine que le personnel accepte" (rires: le chef de gare? Wilmar? A qui pense Swissmetal?). Le syndicat demande aussi la remise en fonction des installations à l'arrêt (rires: Martinou remettra en route ce qu'il peut, ou ce qu'il veut). Il exige aussi des contrats de travail conformes à la CCT (rires à gorge déployée: avec les nouvelles commissions du personnel, la CCT ne sera peut-être bientôt plus qu'un souvenir). Enfin, Unia appuie la légitimité des représentants de la Boillat, considérant que les critiques de Swissmetal sont injustifiées. Bel effort!

Le syndicat exige donc, au regard de la position dans laquelle il s'est mis, le maximum qu'il peut. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que la direction de Swissmetal applique la plus petite de ses exigeances si elle ne correspond pas à ses attentes. L'impuissance d'Unai, un eimpuissance partiellement choisie, ne permet malheureusement pa splus.

A ce lien, on trouve une explication de la position, très acrobatique, d'Unia. Il semble que cette explication ait pour objectif de contrer certaines critiques issues du blog, entre autres. C'est de la justification vaseuse, et rien d'autre. Le débat de fond n'est pas le moins du monde abordé. Unia défend l'intérêt des travailleurs, Unia est transparent, blablabla.

Derrière ce texte, comme derrière le précédent, on sent toutefois un malaise du côté d'Unia. On dirait presque qu'ils ont compris avoir commis une belle erreur en acceptant, sans les discuter, les propositions de l'expert, au moment où la représentation des Boillat les refusait. On sent aussi qu'il y a comme un séisme dans le syndicat. Serait-ce l'occasion d'avoir un réel débat sur l'engagement d'Unia dans ce conflit, la validité de ses méthodes et de sa stratégie, les défis posés par une entreprise qui refuse, coûte que coûte, de respecter les règles du jeu? La réponse est sans suspens: "non". Enfin, il y a débat, mais débat faussé, et auquel le membre de base n'est pas convié. Ces justifications montrent toutefois bien qu'Unia est débordé dans son propre camp, ce qui occasionne des réflexions, notamment à cause d'outils d'information qui ne sont pas sous son contrôle, mais de son côté, et ne lésinent pas sur les critiques.

Une autre chose qui transparaît dans ces textes est le fait que chez Unia, on commence à comprendre le conflit. Pour un syndicat, l'objectif général est le suivant: faire bénéficier un maximum de travailleurs d'emplois dans de bonne conditions, au sein de diverses entreprise. Ainsi, la logique syndicale affronte bien souvent la logique patronale: le syndicat perçoit l'entreprise comme pourvoyeuse d'emplois, tandis que la patronnat la perçoit comme instrument de création de richesse, à distribuer à ses propriétaires. Ainsi, si un syndicat vise à maximiser les emploi (et leur qualité), un patron cherche à maximiser la rentabilité de son entreprise. Les 2 logiques entrent donc fréquemment en conflit, la rentabilité passant souvent, au moins à court terme, par une dégradation des conditions de travail, une baisse des salaires, et des licenciements.

Dès lors, Unia n'avait compris, à l'instar, d'ailleurs, de Rolf bloch, que ce conflit ne se jouait pas sur ce front. Lors de la première grève, une augmentation de salaires avait été obtenue, et appliquée. A-t-elle empêché la seconde grève? Pas du tout. Le combat des Boillat ne consiste pas en le maintien d'un certain nombre d'emploi au détriment de la rentabilité, il consiste en le maintien de la totalité des emplois, et surtout de l'outil de travail, car la rentabilité du site n'est assurée qu'à cette condition. Ainsi, les Boillat se sont placés dans une logique hybride, syndicale et patronale (plutôt patronale en fait), au moment d'entamer leur combat: leur préoccupation centrale consistait en la sauvergarde de la rentabilité de la Boillat, et par-là même, en la sauvegarde du site.

Unia, en réaffirmant lutter pour le maintien d'un maximum d'emploi à Reconvilier, démontre n'avoir toujours pas assimilé ce principe. Car, en effet, les revendications d'Unia ne sont pas à même de sauver, à terme, la Boillat. Tout au plus retardent-elles sa mort. Toutefois, Kuhnégonde (ça vous va?), dans un éclair de lucidité (ou d'honnêteté publique), à expliqué à Philippe Oudot que cette tactique consistait à tenter d'attendre que Martinou quitte Swissmetal tout en maintenant l'outil de travail sauf. Comme quoi, certaines idées font peut-être leur chemin, à force.


Les Boillat

Les commissions du personnel, dès mardi 20 juin, soit le lendemain de la dernière séance du personnel, se sont attelées à construire des contre-propositions, dans un certain stress. Certains voulaient que ça aille très vite, et on été suivis par l'ensemble. Depuis, ces contre-propositions n'ont cessé d'être discutées au sein des commissions et de la délégation Boillat, et doivent être soumises à l'expert, une fois leur version finale entérinée. Ce travail est donc, contrairement à ce que prétend Swissmetal, mené tambour battant.

Les contre-propositions en question consistent, au fond, en une très nette augmentation de la précision des propositions de Jürg Müller. Elles en respectent, à ma connaissance, l'esprit et la lettre, mais vont dans le détail, et s'assortissent de demandes de garanties claires. De plus, la soumission du résultat à Jürg Müller doit lui permettre de les discuter, pour qu'elles puissent servir de base de discussion. Ce travail n'a pas été interromppu par la défection de Swissmetal de la médiation, même s'il semble être désormais caduque.

A l'intérieur de la Boillat, on peut se demander si de nombreux travailleurs ne souhaitent pas déposer les armes, comme le prétend Swissmetal. Les poignées de main quotidiennes d'Henri Bols, le Torchinou, les menaces voilées et l'ambiance de délation qui règne poussent en effet des Boillat à considérer que le conflit n'a plus d'issue, et qu'ils doivent avant tout penser à sauver leur propre place de travail. Même si tous ne disposent plus d'une vision complète de la situation, tous se rendent compte que la Boillat va mal. Mais certains (nombreux?) espèrent pouvoir continuer à y travailler malgré tout. Ces derniers cherchent à faire partie des personnes qui resteront employées sur le site, qu'ils aient 200, 100 ou 60 collègues. Bien plus rarement, ils cherchent à monter dans la hiérarchie, prenant la place d'un licencié.

A cela, il faut ajouter que les critères de sélection de Swissmetal, comme on sait, ne se fondent généralement pas sur la compétence technique, mais sur la capacité à dire "oui maîîître" et à lisser le poil dans le bon sens. Ainsi, un climat de concurrence s'instaure petit à petit, entre Boillat, mais cette concurrence consiste en la pire dérive du genre. En effet, la méthode pour marquer de "bons points" auprès d'Henri Bols consiste, dans ce contexte, à raconter qui a dit quoi, qui a fait quoi, en quoi X applique la "stratégie" et en quoi Y s'y refuse. On se souvient tous de Tristophe Godard, fier cinéaste amateur armé de sa webcam, et ayant agi de sa propre initiative. C'est ceci, l'employé modèle, version Swissmetal (au détail près qu'il a eu le malheur de se faire attraper).

Swissmetal applique donc la recette qui a permis à sa direction de devenir un tel ramassis d'incompétents et d'hypocrites. C'est aussi la recette qui garanti la docilité, moyennant un encadrement pléthorique, des employés de Dornach, qui savent se taire et exécuter les ordres, sous l'oeil bienveillant de représentant du personnel taillés sur mesure pour plaire à Martinou. Dans de telles conditions, la Boillat ne pourra plus produire ce qui fait sa réputation (elle va se "dornachiser"), et il ne restera plus à Martinou qu'à déplacer des machines sous les yeux attristés d'ouvriers qui n'oseront plus livrer leurs impressions à leur voisin de travail, au risque d'être dénoncés et licenciés.

Ce système, qui fait penser à 1984, avec sa police de la pensée, ou à la Corée du nord, n'est pas encore achevé. Mais il est en bonne voie, grâce à la maîtrise, excellente en la matière, d'Henri Bols et de ses kapos. Ainsi, ceux qui choisiront, pour des raison que Karl ne juge pas, de préserver à tout prix leur emploi, risquent fort de se retrouver dans une bien triste situation, celle que Martinou tente d'imposer depuis son arrivée à la tête de Swissmetal. Tout ça avec une disparition progressive des appuis qu'ils ont reçu jusque là de l'extérieur.

Certains diront: "Karl délire", "Karl exagère"... Qu'ils réfléchissent bien. Détruire un individu, faire régner la dictature par la terreur, tout cela ne passe pas forcément par des exécutions sommaires. Il suffit de dissoudre le lien qui unit des individus au sein d'une collectivité, et tout le reste suit naturellement.

Pénible moment, donc, où Martinou, le Midas du moment, mais dans une version plus hard, transforme invariablement tout ce qu'il touche en merde (si seulement il pouvait travailler à la fabrication de têtes nucléaires). Ainsi, la prochaine réunion du personnel sera certainement décisive. Les Boillat de l'intérieur voudront-ils renouveller leurs commissions? Donner un tour nouveau au combat? L'abandonner? Et les Boillat licenciés, que voudront-ils? Nous verrons.

lundi, juin 26, 2006

Que de Torchinou!

Pétition

Ne soyons pas mesquin, et commençons par la bonne nouvelle, vu qu'il y en a une. La pétition va être déposée lundi matin aurpès du du chef du Département de l'économie publique du canton de Berne, Andreas Rickenbacher. Elle a récolté, sur territoire bernois, 6'417 signatures. De plus, la récolte genevoise, déjà déposée auprès des autorités de ce canton, était munie de 1'013 signatures. Le total, dont chaque élément sera apporté aux autorités cantonales concernées, dépasse largement les 10'000 paraphes. Une dépêche a été publiée pour relater cet événement. Bravo à toutes les personnes qui ont travaillé sans relâche à cette pétition, puisse-t-elle donner plus de force au combat des Boillat!


Le Torchinou

Venons-en maintenant à l'atroce Torchinou, 6e du nom (oui, déjà, ça fait peur). Quelle torture Christine Schmid nous a-t-elle concoctée, du haut de son regard glacial et des genoux de Martinou? En tout cas, un anonyme a préparé une sympathique image pour illustrer la hauteur de vue de notre "journaliste". Ca ferait bien pour la publicité d'un film qu'on appelerait "L'ange de la mort (de la Boillat)". Comme on sait, la fonction d'un ange est de servir de messager à Dieu. Ici, plus humblement, Christine, entre autres services, sert d'oiseau de mauvais augure au maîîître, conformément à son rôle d'éternel second couteau (eh oui, elle n'aura que ça d'éternel, son maquillage risquant de ne plus pouvoir masquer les rides durablement).


Alors, ne faisons pas traîner les choses, que bave-t-elle dans le nouveau Torchinou? A la première page, l'éditorial est un bel exemple de transition vaseuse. Comment parler de la coupe du monde, encore et encore, tout en faisant le lien avec la Boillat? Oh que c'est dur! Tout se résoud dans la fierté d'être Suisse, Italien, ou autre. Tout se vaut, bien sûr, même si les mots "Allemand" et "Swissmetal" ne sont, ô surprise, pas mentionnés. "Ghanéen" non plus, allez savoir pourquoi. Mais, surtout, c'est là le très subtile passage à la Boillat, on peut être fier d'être un Boillat! D'ailleurs, on peut aussi être fier d'être fier, ça ne mange pas de pain, n'est-ce pas?

Soyons donc aussi fiers d'être de fidèles lecteurs du Torchinou et poursuivons, pour parler de la Boillat, maintenant que le sujet est lancé à tout hasard par Christine l'angelot. Bien sûr, le vote sur les propositions de l'expert (enfin, c'est son rapport qui a fait les propositions, si l'on en croit l'éditorial. Le rapport parlant est sans doute un futur produit phare de Dornach, avec les tubes pour trains d'atterrissage) est abordé, pour demander un "oui" en passant. Et, à charge de ce "oui", il est fait mention d'Unia, dont les positions se rapprochent de celles de Swissmetal. Argument convaincant s'il en est! Enfin, notre angelot du samedi note qu'"A ce jour, il n'est toujours pas question de fermer le site de Reconvilier mais l'avenir de l'usine est aussi entre vos mains". Lire: "Si vous n'acceptez pas les propositions, on fermera la Boillat". Il faudrait numéroter les menaces de fermeture, pour voir combien de fois elles ont été lancées sans être mises à exécution.

Les quelques chiffres fournis sur le Torchinou nous indiquent que la production chute encore, à environ 21 tonnes par jour. De plus, les entrées de commandes, 252,9 tonnes sur 3 semaines, sont faibles. Entre les clients qui fuient Swissmetal, ceux dont les commandes sont produites par Busch-Jaeger et ceux qui ne reçoivent tout simplement rien à cause des erreurs de l'encadrement de Dornach et des changements de priorité de Rodi le danseur (bientôt 4 par jour), cette chute est logique. Ces chiffres ne démontrent, s'ils sont vrais, qu'une chose: la Boillat se meurt parce que Swissmetal la tue.

On passe ensuite à un article sur l'installation de fonderie Osprey. Dans le domaine des cuivreux, le système de coulée Osprey est en fait assez expérimental, d'où la nécessité de faire l'éloge de la main d'oeuvre qui travaille dessus, étant donné que les cadres de Dornach la connaissent à peu près autant de choses que ce qui est indiqué sur le dessin. Mais le sous-message est plus amusant, et mérite qu'on revienne sur la passé:

Petit a: en novembre 2004, Swissmetal annonçait, après bien des tergiversations lamentables, vouloir déplacer la fonderie de la Boillat à Dornach.
Petit b: la liste des installations à déplacer ne comportait pas toutes les machines de la fonderie. Certaines avaient été oubliées.
Petit c: cet oubli fut réglé au moment de la visite de la Boillat par des cadres de Dornach qui déclarèrent à P. Oudot être "très impressionnés" par les dimensions des installations.
Petit d: le déplacement devait avoir lieu en bonne partie en 2006.

Alors, que conclut-on en petit d? Que les gens en charge de déplacer la fonderie ne l'avaient jamais vue et, a fortiori, n'ont jamais étudié ce déplacement. Et que la fonderie de la Boillat ne peut être placée à Dornach sans la construction de nouveaux bâtiments.

Et en petit e, on ajoute: il n'a jamais été question pour Martinou de déplacer la fonderie de la Boillat à Dornach (ou alors il est aussi bête que ses sous-fifres). Que donc voulait-il alors faire? Réponse: la démanteler et avoir quelques morceaux bon marché pour Busch-Jaeger. Du moins, c'est ce qui paraît le plus plausible.

Mais là, Swissmetal n'a plus les moyens de ses ambitions, et Martinou a vu, maintenant que l'équipe de Dornach fait les merveilles qu'elle avait promises (enfin, à peu près...), qu'une fonderie ne se démonte pas comme un tricot, et que le savoir-faire, ça existe pour de vrai (oui, Martin, tu n'es pas le seul à avoir un cerveau, même si, vu l'état du tien, ça te donne des complexes). Donc, pour démanteler la fonderie, il va falloir attendre d'avoir rempli la caisse d'argent frais, d'où le report, et d'où ce besoin irrépressible de lécher les bottes des travailleurs de ladite fonderie.

Toutefois, fonderie ou pas, le déplacement des clients, lui, se poursuit. Si, un jour, il existe un organe de contrôle issu de la médiation, sa principale tâche ne consistera donc pas à vérifier que la fonderie reste où elle est (ça, on devrait parvenir à s'en rendre compte sans organe de contrôle), mais aussi que ses clients ne sont pas débauchés par Busch-Jaeger sur base d'informations issues du service des ventes de la Boillat. Car Busch-Jaeger est positionné sur les mêmes créaneaux que la Boillat, la qualité en moins. Donc, ces 2 usines sont en concurrence, chose que Martinou n'ignore pas. Très intéressant, comme concept, le groupe Swissmetal: 3 usines, zéro synergie.

Passons à la page 2. Cette page continue sur la lancée de la page 1 (à l'exception de l'éditorial): les messages s'y font plus discrets, et sont masqués par une information qui se veut sérieuse. Cependant, l'article sur la tréfilerie 1 est tellement basique qu'on se demande à qui il s'adresse. Normalement, à la Boillat, les gens savent tout de même ce qui se fait dans une tréfilerie et à quoi servent le slopins! Mais l'idée est peut-être de montrer que, du côté de Swissmetal, on sait aussi ce que font les Boillat, ce qui est déjà bien moins évident. Les questions de qualité sont brièvement abordées. Dommage que le fait que la qualité en question ne soit plus garantie depuis que les cadres de Dornach s'en occupent. Dommage aussi que Swissmetal vendent du Busch-Jaeger pour du Boillat. Enfin, on parle de polyvalence, nécessaire pour s'adapter aux besoin du client. Mais ce n'est pas innocent, puisque la polyvalence, par un artifice aussi fin que le lien entre la Boilalt et les mondiaux de foot, se fait flexibilité, ceci, bien sûr, toujours pour le client. Et la flexibilité se prépare certainement à devenir une nouvelle organisation des horaires de travail.

Le Torchinou parle encore de la visite d'étudiants de l'association Pantok (ça ne s'invente pas). Ils se sont fait endoctriner joyeusement pendant toute une journée par Martinou et Jépéto, mais comme leur quotidien d'étudiant HEC consiste aussi en cela, ils n'ont pas été trop dépaysés.

Pour finir, une brève mentionne la visite d'une délégation de l'AFDT à la Boillat où le thème était la longueur des délais de livraison de la Boillat (lisez: c'est la faute aux ouvriers). Cette visite devait se terminer par un repas réunissant Sam le fourrier, Rodi le danseur, et la délégation de l'AFDT. Finalement, il n'en n'a rien été , puisque la visite semble avoir rapidement tourné au vinaigre. Mais ça, ça ne risque pas de figurer dans le Torchinou.


Propositions

"Un voisin" a fait, dans les commentaires du blog, quelques remarques intéressantes sur le Torchinou. Tout d'abord, on peut se demander si la volonté de faire parvenir ce "journal" le samedi aux Boillat n'est pas un acte de mobbing. En effet, aucune information urgente n'y est communiquée et donc, rien ne justifie de déranger les Boillat avec ça durant leurs congés. Surtout que cet état de fait est sciemment organisé par la direction de Swissmetal. Une action en justice serait-elle dès lors imaginable?

De plus, il serait légitime que les commissions du personnel puissent communiquer par le biais du Torchinou, et que les erreurs puissent y être rectifiées. Enfin, étant donné que le Torchinou contient des informations que la direction de Swissmetal juge utile de transmettre, les employés sont censés être autorisés à en prendre connaissance durant les heures de travail.

samedi, juin 24, 2006

Pendant ce temps...

Pendant que Karl hibernait tranquillement, se réveillant de temps à autres pour venir dire une bêtise sur le blog, il s'en passait, des choses... Les voici résumées.


Martinou

Pendant ce temps, Martinou peaufinait la préparation de son AG. Il aime le travail bien, fait Martinou: pas d'empreintes digitales, et l'acide sulfurique bien dosé, pour que le cadavre disparaisse avant son départ. Ainsi, il expliquait dans le Blick du 20 juin que le "conseil d'administration est entièrement derrière lui", et que ce dernier vient de renouveler son mandat pour une année. Toutefois, il déménage de Pfäffikon, où il était domicilié dans une étude d'avocats et où il ne payait pas ses impôts depuis 2 ans (si ma mémoire est bonne), vers sa chère Cologne. En effet, ses voisins avaient l'air de commencer à lui poser des questions. Et, Martinou, les questions, il n'aime pas trop. En plus, comme il le dit, il sera tout près de Lüdenscheid, qui sera bientôt la seule usine de Swissmetal. Le hasard fait bien les choses!


Busch-Jaeger, d'ailleurs

Pendant ce temps, chez Busch-Jaeger, c'est l'euphorie, et on embauche. Pensez-vous, le service des ventes de la Boillat doit avertir Busch-Jaeger de chaque demande des clients pour les pointes de stylo. Une bien belle manière d'ajuster ses prix. Sans compter toutes ces commandes Boillat où les clients reçoivent du Busch-Jaeger (ou même du Wieland semble-t-il!) vendu comme étant du Boillat.

Selon le Westphälische Rundschau, Busch-Jaeger, après l'organisation du transfert des pointes de stylo de la Boillat vers Lüdenscheid, va faire la même chose avec la connectique (aussi une spécialité Boillat). Enfin, ils ne le disent pas comme ça. Mais pourquoi se priver, quand on bénéficie des informations commerciale de la Boillat?

Mais non, nous rêvons, Busch-Jaeger n'est pas dans Swissmetal uniquement pour pomper les produits, et surtout les clients, de la Boillat. Du côté de Lüdenscheid, ceux qui sont honnêtes doivent tout de même vomir, s'ils savent.


Le syndicalisme amusant

Le 23 Juin, le Journal du Jura publiait une interview d'une jeune syndicaliste. Quel mignon moment ce fut. Non, tous les syndicalistes ne sont pas mauvais, il y en a aussi qui sont légèrement fleur bleue, c'est tout. Telle est la morale que nous pourrions tirer de cet article, qui ne rend pas justice aux nombreux membres d'Unia qui ont le malheur de contester leur direction.

Car la dame, là, elle ne conteste pas. En effet, "même si on ne partage pas l'avis d'Unia sur cette question, le syndicat est un instrument qui défend les intérêts des travailleurs. Sans syndicat, les ouvriers se retrouveraient seuls et complètement démunis", dit-elle à "Expatrié", qui en appelait à démissionner du syndicat. On ne demande pas seulement à un syndicat de défendre les intérêts des travailleurs. On lui demande de les défendre bien. Et, si l'on ne partage pas l'avis d'Unia sur ce point, faut-il se taire et écouter la bonne parooole?

Mais encore, voici ce qu'elle dirait à Martinou: "je lui dirais surtout qu'il n'a vraiment rien compris: en voyant ainsi ses employés se battre pour défendre leur outil de travail, en voyant leur motivation à travailler pour continuer à fabriquer des produits de qualité, un vrai patron devrait être fier! Il devrait miser sur eux, car ce sont des employés en or! Et au lieu de cela, il est en train de tout bousiller!" Ah, la jeunesse, dirait Karl, s'il n'était pas aussi jeune! Dire à Martinou qu'il n'a vraiment rien compris. Est-elle sûre que ce n'est pas elle qui n'a rien compris à ce que fait Martin Hellweg? A-t-elle déjà tenté de raisonner un buffle lancé à pleine vitesse?

En tout cas, ce bel article pour redorer le blason d'Unia rate largement le coche. Il va falloir quelque chose de plus consistant, et Philippe Oudot l'amène dès aujourd'hui. A suivre.


Les contre-propositions

Pendant ce temps, les commissions du personnel de la Boillat s'activaient pour concevoir des contre-propositions inspirées de l'accord de 2004. Selon Mario Grünenwald, dans le Journal du Jura d'aujourd'hui, elle en sont au stade de l'affinage, mais elles n'auront pas pour autant les trous d'un Emmental, loin s'en faut! De son côté, Rolf Bloch s'active pour créer l'organe de contrôle destiné à vérifier la bonne application du futur et potentiel accord. Ce dernier sera composé de lui-même, de représentants du personnel de la Boillat, d'Unia, de Swissmem, de représentants de Swissmetal, et de personnes externes. Comme Swissmetal licenciera tout rebelle, et qu'Unia défendra les intérêts des Boillat avec sa méthode habituelle, l'organe de contrôle devrait donc être aussi flexible qu'un travailleur de Dornach sur l'application d'un accord.


La Boillat

Pendant ce temps, à la Boillat, Henri Bols continuait ses tournée politiques pour convaincre les gens que les propositions de l'expert, dans leur version interprétée par Martinou, son le bon choix. Il en serre, des main, Henri. Si vous voyez des camions arriver à la Boillat, ce n'est pas du cuivre qu'ils contiennent, mais du talc.

Sur place, la fosse des fours Ebner de l'usine 1 ressemblait, jeudi soir dès 22H30, à un aquarium, où les poissons ressemblaient étrangement à des pompiers. Une rupture de vanne à rempli la fosse de 50 cm d'eau, nécessitant quelques heures de vidage. Bien sûr, il ne faut pas compter sur ces fours Ebner avant un bout de temps. Dommage, quand on sait que pour les alliages Bic, il faut passer par là.

Au fait, à quoi sert un four Ebner? Karl va se lancer dans une explication technique de son cru (aïe!), étant donné qu'il est parfois sympathique de se souvenir pour quel genre d'usine on se bat. Il s'agit en fait de fours de recuit. Hautes cloches dans lequelles on empile des gamelles supportant des torches d'alliages divers, l'intérieur est chauffé à plusieurs centaines de degrés, pour recuire lesdits alliages. C'est-à-dire?

Lorsqu'un alliage sort de la fonderie, les métaux qu'il contient sont dispersés de manière très homogène (ça dépend, des nodules de plomb dans le produit fini peuvent par exemple améliorer l'usinabilité) et leur arrangement est cristallin (ce qui est l'état vers lequel tend un métal lorsqu'il reçoit de l'énergie agitant ses atomes).

Après le passages par la presse (déformation à chaud. S'il n'estpas directement coulé en fil), le fil passe dans diverses machines (tréfileuses, laminoir, etc.) où il est déformé mécaniquement à froid. Cette déformation induit une destruction de la structure cristalline (ou semi-cristalline) de l'alliage, ce qui le rend plus dur. Il s'écrouit. C'est le même principe que la forge, ou l'on tape sur du métal pour le rendre plus dur tout en le déformant. Sauf que, à partir d'une certaine dureté, le fil devient difficile à déformer avec les différentes machines: il devient cassant.

La procédure de recuit vise alors à chauffer l'alliage, sous atmosphère contrôlée pour qu'il ne s'oxyde pas, et en évitant soigneusement de le porter à son point de fusion (où on le dit alors "brûlé"). Le but est de permettre aux atomes de reprendre un arrangement cristallin, plus ductile. Bien sûr, comme il s'agit de torches (de grosses bobines si vous préférez), le fil risque de coller si on chauffe trop, et dans certains cas, il risque de changer de couleur, ou d'être marqué, etc. Donc, la température ne doit pas être trop élevée, et l'opération dure généralement plusieurs heures. Karl vous laisse imaginer toutes les subtilités techniques qu'il ne connaît pas, mais qui sont bien présentes, pour que le fil soit parfait à la sortie du recuit. Ensuite, la déformation mécanique peut reprendre. Bien sûr, le taux d'écrouissage final de l'alliage est très important pour ses caractéristiques mécaniques.

(Corrigez-moi si je me suis trompé, chers blogueurs métallurgistes!)


Renzonou

Pendant ce temps, Renzonou donnait de la voix dans le Bund du 23 juin. Il ne veut pas de martyr, Renzonou, du moins pas sans qu'Unia puisse avoir annoncé sa victoire. Après, si la Boillat ferme... Mais non, Renzonou nous dit qu'elle ne fermera pas, grâce au propositions de l'expert, dont il parle comme si les Boillat les avaient entérinées, et grâce à Unia. L'article démontre surtout, malheureusement, que ce beau parleur de Renzonou, qui cherche essentiellement à démontrer qu'Unia fait ce qu'il y a de mieux, n'a rien compris au fond du problème.


Aujourd'hui

Comme signalé, le Journal du Jura publie, dans la série "réhabilitation d'Unia", un article assez consistant, puisqu'il s'agit d'une interview de Fabienne Blanc-Kuhn, qui tient d'ailleurs des propos relativement proches de ceux de Renzonou. Avouons toutefois qu'elle connaît mieux le dossier que son collègue.

Elle commence par minimiser les tensions entre Unia et les Boillat, qui seraient, au fond, le fait d'une sorte de minorité d'agitateurs. En effet, les gens qui ont quitté la dernière séance du personnel au moment où Unia faisait son intervention "avaient chaud, en avaient marre, et le match de foot Suisse-Togo avait commencé". Effectivement, Suisse-Togo, c'est bien plus important qu'un discours d'Unia, merci de nous le confirmer. Oh le mauvais argument! Elle va bientôt ajouter que la pelouse était trop sèche.

Quand Philippe Oudot lui demande "Vous misez donc plutôt sur le fait que la stratégie Hellweg sera un échec et que le groupe devra garder sa fonderie à Reconvilier s'il veut satisfaire ses clients..." Fabienne Blanc-Kuhn répond: "Exactement!", ce qui montre que ses préoccupations sont tout de même plus sérieuses que celles de son collègue. Toutefois, elle ajoute à l'intention de ceux qui espèrent une faillite de Swismetal que Martinou fera tout pour déplacer ce qui est "économiquement intéressant" ailleurs. Moi qui croyais que c'est justement ce qu'il est en train de faire.

Au reproche selon lequel Unia aurait abordé ce conflit exceptionnel avec des intruments traditionnel, Fabienne Blanc-Kuhn nie en bloc. "Si tel avait été le cas, Unia ne serait pas intervenu pour soutenir les travailleurs qui se sont mis spontanément en grève!", dit-elle. Elle a parfaitement raison. Mais si tel n'avait pas été le cas, Unia n'aurait pas forcé les Boillat à mettre fin à la grève, qui commençait à être hors de son contrôle. Et Unia ne ferait pas sans cesse des déclaration ayant pour unique objectif de cacher les probèmes en les faisant passer pour une victoire syndicale.

jeudi, juin 22, 2006

Copier-coller

Pour la première fois, Karl passe entièrement la plume -enfin, le clavier- à un autre blogueur, le temps d'un "édito". C'est un conte de "Petit ours" qui est la victime de ce paresseux pompage, et qui, même si vous le lisez le soir, vous évitera assurément de dooormir.

Pragmatiquement, vu le nombre de messages sur le précédent fil, il était temps de changer, aussi.

Merci, "Petit ours", et Bonne (re)lecture à vous tous!


Il était une fois la Boillatie

Il était une fois un petit pays, la Boillatie où les gens avaient l’esprit soi-disant fermé mais vivaient heureux. Martin 1er, le méchant roi de la Teutonie, le pays d’à côté, avait des vues sur ce pays. Oh bien sûr ce n’était pas dans un but très avouable. Il voulait annexer la Boillatie, piller ses ressources et tout ramener en Teutonie. Mais c’était sans compter sans la farouche détermination des habitants de la Boillatie. Malgré tous les coups et toutes les brimades, les Boillatiens refusaient de capituler. Martin 1er envoya alors des mercenaires engagés en Gaule voisine. Henri IV, leur chef avait promis à Martin 1er de venir à bout de la mutinerie en quelques semaines. Malheureusement il dû déchanter et n’obtint que de maigres résultats.

Un magicien du nom de Rolf aidé de son disciple qu’on appelait « l’expert » avait aussi voulu faire manger du chocolat spécial aux Boillatiens pour qu’ils cessent le combat. Malheureusement pour eux ils ne voulurent pas manger de ce chocolat là (oh lala) ce qui mit Martin 1er dans une grande colère.

Martin 1er se dit qu’il fallait changer de tactique. Il avait entendu parler de l’histoire du cheval de Troie. Non n’allez pas croire qu’il avait lu le livre. Il aurait bien voulu mais le titre n’était pas disponible dans la bibliothèque rose. Par contre il connaissait quelqu’un qui connaissait qu’un qui avait lu le livre (en fait c’est Samy qui connaissait quelqu’un mais n’allez pas le dire plus loin).

Mais revenons à nos moutons. Martin 1er se tapa rageusement la tête, poussa un grand HAAACHHH !!! puis ajouta : « Mais bon dieu mais c’est bien sûr », le cheval de Troie ! Aussitôt dit, aussitôt fait. Il connaissait un lutin de la forêt (ou peut-être un troll on ne sait pas) qui connaissait la fée Christine Carabosse. Celle-ci fut chargée par le roi Martin 1er d’essayer de diviser les habitants de la Boillatie par tous les moyens. Grâce à la magie elle se transforma en une ravissante créature blonde et pulpeuse. Elle essaya de faire comprendre aux habitants de la Boillatie que Martin 1er était un roi pacifique et qu’il ne voulait que leur bien (alors que c’était "leurs biens" qu’il voulait hihihi!). Ulysse avait su résister aux chants des sirènes en s’attachant sur son navire. Mais tous les habitants de la Boillatie ne pouvaient pas s’attacher car ils devaient vaquer à leurs occupations. Et comme de plus on manquait de fil ébauche pour s’attacher en Boillatie cela compliquait sérieusement le problème. Certains commençaient à avoir leur jugement altéré par la magie de la fée Christine à force de regarder son miroir magique: Dis-moi mon miroir Internet, qui est la plus belle ? Il faut dire qu’elle ne manquait pas d’arguments.

Content du résultat, le roi Martin 1er envoya à nouveau son chef des mercenaires Henri IV au front. Certains habitants pensaient que finalement la Boillatie pourraient très bien être annexée à la Teutonie de Martin 1er. La résignation semblait avoir gagné les habitants. C’est alors qu’un événement extraordinaire se produisit. Un jour le ciel s’entrouvrit et on vit apparaître un grand...

Vous voulez connaître la fin de l’histoire ? Et bien mes chers amis Boillat, la fin de l’histoire c’est vous qui allez l’écrire. Elle sera ce que vous voudrez bien qu’elle soit.

Petit ours vous salue depuis son étoile.

mardi, juin 20, 2006

Respect

Comme ça sort

Il y a un grand sentiment de tristesse chez Karl, et chez tant d'autres sans doute, en parcourant les différents médias, qui soulignent souvent que des divisions apparaîtraient dans le camp des Boillat, à grand renfort de citations. Comment les quantifier? C'est difficile, voire impossible, et seul le vote agendé lors de la prochaine assemblée du personnel permettra de se faire une idée. Ces divisons sont-elles vraiment aussi fortes que certains articles le donnent à penser? Je ne pense pas, mais le doute est permis, et présent. Tout est que certains, par-ci par-là, assurent que l'apparition de telles divisions serait honteuse, ou indigne. Que d'autres considèrent que des "meneurs jusqu'au-boutistes" voudraient faire sombrer la Boillat dans le chaos, par pur esprit de vengeance. Les mêmes ajoutent souvent que le choix de raison se trouve dans l'acceptation des propositions de l'expert. Ailleurs, on peut lire, ou entendre, exactement le contraire. Bref, la lutte est-elle mal en point? Terminée? Suicidaire? Porteuse d'espoir? Les Boillat ont-ils démérité? Certains en fonts-ils trop? Pas assez? Tristes questions qu'on se pose.

Tristes, oui, parce qu'elles occultent l'essentiel, en soulignant les problèmes pour évacuer leurs causes, et évacuer le facteur humain. Les causes de ces problèmes sont que, après avoir décidé le 25 janvier d'entrer en grève, les Boillat ont eu à subir des mois de conflit terrible, à l'intensité rare, face à un adversaire dont comparer le comportement à celui d'un vautour serait une injure faite au règne animal.

Alors Karl titre son "édito", "Respect", avec un grand R. Quels que soient ses avis sur le conflit, quels que soient les avis de certains Boillat, ou d'autres Boillat d'un avis opposé sur le conflit, Karl aimerait dire à tous: quoi qu'on dise de vous, vous avez eu raison, et vous avez fait fort. Nous allons peut-être assister à la mort de la Boillat, peut-être pas, et cette incertitude pèse depuis le début. La partie n'est pas terminée, médiation ou non. Le combat n'était pas inutile, car, aussi infime que ce soit, il débouchera certainement sur quelque chose, qui permettra de sauver la Boillat, ou de préserver les emplois d'une partie -seulement- de ceux qui voudront travailler pour Swissmetal Reconvilier. Sans le combat, ce serait ni l'un, ni l'autre.

Ailleurs, combien auraient regardé leur entreprise se faire lentement assassiner dans le silence? Combien auraient porté leur lutte aussi loin? Combien seraient entrés en résistance? Non, les Boillat ne sont pas des héros, mais des humains, qui ont fait ce qu'il y avait à faire, quand on est un humain. Ils ont choisi de combattre, parce qu'ils voulaient préserver leur outil de travail, malgré tous les obstacles.

Maintenant, donc, la question se pose de savoir si les Boillat se divisent, et la réponse ne tombe pas comme une évidence. Mais, que ce soit le cas ou pas, Karl continue à les soutenir tous. Ce combat est démocratique, et chacun peut y faire des choix, bon ou mauvais. Mais, ils sont arrivés tellement loin, les Boillat, que jeter la pierre à celui qui ferait maintenant un choix qu'on estime mauvais est impossible. Entre des échanges verbaux assez vifs et la dictature, on sait que choisir.

"Une voix pour la Boillat" a toujours cherché à proposer un contenu dans lequel les Boillat pourraient se reconnaître. Karl a toujours tenté de courir après cet objectif, inatteignable bien sûr, mais approchable peut-être. Si un tel objectif devait se placer définitivement hors de portée, le blog changerait alors de forme. Mais, d'ici au 30 juin au moins, le combat pour faire vivre la Boillat continue bel et bien.


Alors, cette assemblée?

Tout a commencé le matin, par une promenade politique d'Henri Bols, et d'autres cadres de Dornach, destinée à pousser les employés de la Boillat à aller à l'assemblée du personnel. Henri Bols a sans doute considéré que ces derniers étaient plus favorable à Swissmetal que les licenciés.

L'assemblée du personnel de la Boillat a démarré dans une certaine confusion. Réunissant 150 à 200 personnes, l'encadrement de Dornach et les kapos s'y étaient invités, tous. Henri Bols, Anne Kovanci, Laura Rossini, Wilmar, le chef de gare, Jépéto, Déclin, le lapin blanc, etc. Tous étaient là. Pourtant, la convocation à cette assemblée, dictée par Henri Bols à la fin de la dernière séance de médiation, stipulait bien que les convoqués étaient les employés de la Boillat en date du 25 janvier. De plus, la coutume voulait que les ex-grévistes participent aux assemblées du personnel, et pas des personnes telles que Wilmar.

Sur cette base, ces personnes ont été priées de quitter les lieux avant le début de l'assemblée, et se sont exécutés sous les huées de la salle. Il a fallu, paraît-il, expliquer à Déclin que cette demande le concernait aussi, car il n'avait pas compris... D'autres personnes ont demandé le départ des représentants d'Unia, Renzo Ambrosetti et Fabienne Blanc-Kuhn, départ qui a été refusé par la représentation du personnel. Unia est en effet toujours mandaté par les Boillat, même si ce mandat risque d'être supprimé à la prochaine assemblée, si les divergences entre les choix des Boillat et ceux d'Unia se maintiennent.

Des Boillat ont ensuite quitté la salle, soit pour protester contre le départ des cadres de Dornach et des kapos, soit pour protester contre la présence d'Unia. Quelques trublions, 3 à 6 selon différentes estimations, ont aussi crié pour demander le départ de Nicolas Wuillemin en particulier, et des Boillat licenciés en général. 3 à 6, c'est tout ce que Wilmar et consorts avaient réussi à mettre en place pour tuer cette assemblée.

L'assemblée du personnel avait pour objet principal une discussion des propositions de l'expert, en présence de l'expert. Ce dernier à donc été largement questionné, et s'est dit satisfait du climat constructif de la discussion. De nombreuses question lui ont en effet été adressées, et ses réponses, d'après tout ce que Karl a pu entendre, lui font vraiment honneur. Il a en effet choisi de jouer carte sur table, avec une franchise et une clarté qui n'ont pas laissé les auditeurs indifférents.

A la question de savoir ce qu'il pensait des dernières menaces de Martin Hellweg, l'expert a déclaré qu'elles étaient on ne peut plus déplacées. De plus, il a clairement mis le doigt sur les erreurs de management de Swissmetal, considérant le licenciements de 21 cadres et de 112 employés comme une erreur totale. Il a aussi considéré que le déplacement de la fonderie ne pouvait se faire sans des garanties sérieuses quant à la pérennisation de la production de cette dernière (via les certifications, etc.), qui n'est actuellement pas, loin s'en faut, assurée. Lorsqu'il lui a été demandé s'il avait contacté des clients de la Boillat et s'il connaissait leur avis, il a signalé avoir connaissance de la volonté de très nombreux clients de ne plus se fournir chez Swissmetal, et a souligné le caractère très préoccupant de ce problème. De plus, des problème quant à l'approvisionnement de Swissmetal en matière première ont été relevés. Enfin, Jürg Müller a tenté d'expliquer en quoi consistait la médiation, et quelles étaient ses limites. Il a clairement reconnu les difficultés à mener une médiation dans ces conditions, et a ajouté que ses propositions allaient le plus loin possible dans ce cadre, et dans ce qui est légalement autorisé. Cependant, il lui est impossible de s'exprimer sur la "stratégie" de Swissmetal, quel que soit son jugement (remarquons que si la "stratégie" était bonne, Swissmetal ne serait nullement opposé à ce que l'expert le dise publiquement).

L'expert à été interviewé par la TSR (c'est sur ce lien. Il y a aussi une dépêche, une interview de Nicolas Wuillemin et de Fabienne Blanc-Kuhn, ainsi que le compte-rendu de la RSR. Wilmar passe faire un petit coucou juste avant l'expert. Coucou Wilmar!). Cette interview de Jürg Müller donne, je crois, la juste impression du personnage. Mais, citons-le: "Le manque de confiance est visible. C'est affreux". Il pointe donc le doigt sur le coeur du problème, avec un ton qui ne laisse aucun doute sur sa perception des choses. En effet, la confiance des Boillat en leur direction est irrémédiablement détruite, à cause de Martin Hellweg (ça, il ne le dit pas). De ce fait, il a été impossible, lors de l'assemblée du personnel, de se lancer à accepter les propositions de Jürg Müller, à cause de leur imprécision, et du manque de garanties. Car, out le monde se doute qu eMartinou fera le maximum pour ne pas en tenir compte.

Décision a donc été prise de ne pas se prononcer sur ces propositions. En effet, un vote aurait été catastrophique, car il aurait contraint les Boillat à choisir entre l'acceptation des propositions et leur refus, sans alternative claire, avec toutes les conséquences que cela engage. Là, la division des Boillat serait devenue une réalité tangible, car les 2 camps, probablement de force assez égale, n'auraient plus eu de moyen de se rencentrer, ensemble, sur leur lutte, et auraient dû choisir de manière à ce que leurs chemins se séparent. Donc, le débat s'est tourné vers la demande, faite à Jürg Müller, qui l'accepte en principe, de formuler des contre-propositions, fondées sur le protocole d'accord de 2004. De ce fait, les Boillat auront le choix entre 2 séries de propositions gardant suffisamment de proximité pour ne pas générer une fracture irrémédiable.

Stratégiquement, Martinou ne ressort donc pas victorieux de cette assemblée, ce qui est très positif. Il attend en effet toujours sa bonne nouvelle à annoncer lors de l'assemblée générale des actionnaires de Swissmetal, et il serait efficace qu'il l'attende jusqu'à après cette échéance. Ceci modifierait le rapport de force en faveur des Boillat, au moment de négocier avec Swissmetal.

Tout est que lors de l'assemblée du personnel, de manière directe ou indirecte, les propositions de l'expert sont devenues incontournables. De plus, les Boillat ont été (enfin!) compris par des témoins, Rolf Bloch et Jürg Müller, qui ont un réel crédit au niveau national, dû à la reconnaissance du premier et à la compétence du second. C'est aussi très important, quel que soit l'avenir de la Boillat.

A noter encore que l'intervention d'Unia a été accueillie par un vidage spontané de la salle. La majeure partie des Boillat s'en est allée. Le tragique de la chose est que Renzo Ambrosetti, qui semble-t-il était bien là, s'est fait très discret, et que c'est Fabienne Blanc-Kuhn qui a finalement été envoyée au charbon, y compris à la télévision.


Dans les journaux

Pour les informations télévisées et radiophoniques, on se reportera à la dépêche déjà mentionnée.

Serge Jubin est l'auteur d'un article, franchement négatif, dans Le Temps. Pour lui, les Boillat sont divisées entre "jusqu'au-boutistes" et pro-médiation. Or, il convient de relever que l'absence de vote et la construction de contre propositions visent justement à limiter la création de fractures, et à donner sa chance à la médiation. Il mentionne que des Boillat auraient quitté la salle pour protester contre ce choix de ne pas voter, mais Karl n'a pas entendu parler d'un départ notable dû à ceci, et ne l'a pas l'a pas lu dans d'autres articles. Enfin, il est possible que des personnes très favorables aux propositions de Jürg Müller aient été déçues de ne pas les voir l'emporter ce jour. Mais le prix à payer pour ça eut été encore bien plus decevant... Sont relevés, aussi, les reproches des Boillat qui veulent travailler et abandonner la lutte maintenant.

Dans Le Quotidien jurassien (leur site est enfin mieux conçu), Dominique Bernardin décrit la séance du personnel, donnant la parole à divers intervenants.

Dans le Journal du Jura, Philippe Oudot revient longuement, et exhaustivement (quel boulot!), sur cette journée. Il y a une interview de Jürg Müller, qui explique que, dans la mesure où ses propositions se matérialisent, le responsable du site de Reconvilier devrait être accepté par les Boillat. Non, Wilmar, il ne parle pas de toi. Dans un autre article, P. Oudot signale que le départ de certains Boillat au moment où les cadres de Dornach on dû s'en aller était un peu à contre-coeur, et destiné à éviter les foudres des cadres de Dornach... Enfin, dans son éditorial, P. Oudot fait preuve d'une impression très positive par rapport à l'assemblée du personnel. Il titre: "De fins tacticiens, ces Boillat!".

lundi, juin 19, 2006

Peser et soupeser

Lundi 13H30, à la Salle communale, assemblée du personnel de la Boillat. Toutes les personnes qui travaillaient à la Boillat en date du 25 janvier sont invitées par leurs représentants. Renzonou et Jürginou viendront aussi pour annoncer la bonne parooole.



Cet "édito" est conçu pour enrichir le débat précédent la votation de lundi. Tout le monde a saisi que ce vote serait crucial, et qu'il fallait donc en réfléchir soigneusement les implications. De plus, les contraintes pesant sur ce vote sont très grandes, et relatives aux 2 choix possibles. Ainsi, ce ne sera pas une partie de plaisir, mais une décision difficile, parce qu'elle sera remplie d'inconnues. Alors, les Boillat, courage! Et, quoi qu'il arrive, restez unis, c'est votre force, et elle est grande!


Les propositions

Après bien des prises de renseignements, Karl révise un peu son jugement sur l'expert. Il semble qu'il ne dooorme pas tant que ça, somme toute. Dans ses propositions, le fait que la Boillat devra être approvisionnée correctement en matière première le laissait penser. Mais ses contradictions, entre l'ajournement du déplacement de la fonderie, et l'affirmation que les spécialités de la Boillat puissent néanmoins être produites sans elle, laissaient songeur. Surtout que, alors que Swissmetal indique vouloir déplacer la production de pointes de stylo chez Busch-Jaeger, l'expert affirme dans le Journal du Jura du 17 juin qu'aucune production de spécialité ne sera déplacée de la Boillat vers une autre usine du groupe, ceci relativement à la "stratégie".

Une hypothèse qu'on peut poser, et qui me semble être la bonne, est que l'expert, avec un sens oratoire moins bon que celui de Rolf Bloch, tente le grand écart, tout en disant qu'il n'en est rien. Une médiation, en effet, devrait avoir pour but de rapprocher les positions des adversaires, en soulignant les intérêts qu'ils ont en commun et en leur montrant que leurs problèmes doivent être surmontés pour satisfaire lesdits intérêts. En bref, on pousse les parties à se rencontrer, en créant un noyau positif d'intérêts communs.

Avec la médiation mettant aux prises Swissmetal et les Boillat (Unia ne mérite même plus d'être mentionné), Rolf Bloch n'est pas parvenu à créer ce noyau, et il l'a relevé en parlant de "guerre des tranchées". Ainsi, les propositions de l'expert, chapeautées par Rolf Bloch, reflètent cette absence de communauté d'intérêts entre les Boillat et la direction de Swissmetal. Elles tendent en effet à présenter les choses de manière incohérente, en donnant un maximum de latitude à Swissmetal, et en donnant aux Boillat un instrument destiné à restaurer leur confiance en Swissmetal (le "groupe de suivi").

Selon les propositions de l'expert, Swissmetal reçoit une reconnaissance de sa stratégie. Reconnaissance de façade, puisque le déplacement de la fonderie est reporté à dans plusieurs années (ce qui arrange aussi la direction de Swissmetal, qui ne pourrait plus se permettre de la fermer pour le moment). De plus, l'expert demande que le personnel soit précisément informé sur ce déplacement. Comme il n'a jamais été étudié sérieusement par la direction de Swissmetal, l'explication serait bien difficile. La nomination du "chef d'usine" est aussi ambigüe: Swissmetal laisse entendre vouloir placer Wilmar à ce poste, tandis que la formulation de l'expert peut aussi donner aux Boillat l'impression qu'un véritable directeur reviendrait à la tête de la Boillat. Là aussi, donc, la médaition laisse les parties là où elles sont, en trouvant une manière de les faire coexister dans une phrase trop imprécise. Quant au réengagement des cadres (10) et des licenciés (dans les 60 au total), il correspond au minimum absolu dont Swissmetal a besoin en ce moment, tout en donnant l'impression aux Boillat que la direction fait un pas en arrière et qu'on va vers plus de réengagements, vu les nécessités économiques dont parle l'expert.

Bref, tout est conçu pour donner aux 2 parties le sentiment qu'elles obtiennent satisfaction, alors que la satisfaction de l'une est à l'opposé de la satisfaction de l'autre. De plus, Martinou a déjà produit une interprétation toute personnelle des propositions de l'expert, et elle démontre clairement que le buffle Hellweg continue à foncer tout droit vers son objectif, comme toujours. En effet, il intègre ces propositions dans des choix antérieurs de la direction de Swissmetal, rien de plus. Il s'agit donc d'une acceptation de façade. Preuve en est l'illégalité des nouveaux contrats de travail par rapport à la CCT, la présentation du responsable finishing (Wilmar) comme futur directeur d'usine devant répondre à Henri Bols et la présentation d'un "plan cadre" de la stratégie, soit rien de précis. Evidemment, rien n'est dit sur la fonderie, dans le communiqué de Swissmetal.

Donc, une application fair play d'un éventuel accord issu des propositions de l'expert dépendrait de l'organe de contrôle mis en place, étant donné que Swissmetal prend dès maintenant une voie totalement opposée au respect de l'esprit des propositions. 2004, Elizabeth Zölch, vous vous souvenez? Un protocole d'accord, garanti par elle, que Swissmetal n'a respecté ni dans l'esprit, ni dans la lettre. Et, ô surprise, elle n'a rien pu garantir du tout, en fait, et est venue pleurer qu'elle s'était faite "rouler dans la farine". Ouin! Peut-on dès lors faire confiance à un organe de contrôle pour faire mieux, et prendre des mesures allant au-delà d'accusations verbales larmoyantes? De vraies mesures, contraignantes, que Swissmetal soit obligé d'appliquer. Karl en doute très fort.

En effet, actuellement, le comportement cordial de la direction de Swissmetal est tout orienté vers la tenue de l'assemblée générale des actionnaires du groupe, le 30 juin. Il faut, pour Swissmetal, absolument normaliser la situation avant l'AG, remettre les Boillat au pas, et présenter de bonne nouvelles un peu comme dans le Torchinou. Sinon, les actionnaires risquent de ne pas être satisfaits, et de demander des comptes. Mais, si l'AG est un succès pour Swissmetal, ça sent fort la renégociation, puis la rupture. Car, derrière la carotte se cache toujours le bâton.

Toujours du côté de la direction de Swissmetal, on peut néanmoins relever un changement: l'encadrement de Dornach commence à comprendre qu'avec eux aux commandes de la Boillat, plus de Boillat, et sans Boillat, pas de Dornach. Mais, à part son équipe d'allemand fraîchement issue de chez Busch-Jaeger, Martin Hellweg se moque bien de l'encadrement de Swissmetal. Aussitôt l'AG passée, il va donc remettre l'ouvrage Boillat sur le métier Swissmetal, et jouer à Pénélope, en moins jolie, version nocturne: un méticuleux démantèlement. N'oublions pas: 60, c'est le nombre de Boillat annoncé par Swissmetal, à l'interne, lors de l'excursion à Interlaken.

Ainsi, si l'on juge les propositions de l'expert correctes (et ça demande un très gros effort), au même titre qu'on pouvait juger le protocole d'accord de 2004 correct, il y a lieu de douter fortement de l'application de ces propositions côté Swissmetal. De plus, petite différence, en 2004 la grève avait duré quelques jours, sans licenciements, et la Boillat était donc prête à redémarrer. Là, la grève a duré bien plus long, un tiers du personnel a été licencié (dont les cadres), le stock est vide, la production ne fonctionne pas au mieux, etc.: il faudrait toutes les forces vives disponibles pour redémarrer la Boillat et, avec Martin Hellweg à la tête (enfin, est-ce encore une tête avec un cerveau dedans?) du groupe, on peut toujours rêver pour que ce soit le cas.

Ainsi, un vote des Boillat en faveur des propositions soulèverait les problèmes suivants:

-Martin Hellweg n'appliquera pas ce qui ne l'arrange pas. Si Henri Bols est peut-être recyclable, Martin Hellweg est comme un déchêt nucléaire: on le recycle en munition à l'uranium appauvri, qui ont une bizarre tendance à faire augmenter le taux de leucémies et de malformations là où elles sont utilisées.

-De nombreux Boillat, certainement ceux qui retrouveraient le plus facilement du travail, démissionneraient de leur poste. Adieu, savoir-faire (en partie).

-Les cadres licenciés seraient nombreux à ne pas revenir. Quelqu'un se demandait pourquoi il se battrait pour le réengagement de ces cadres. Par exemple, parce que le concepteur du NP6 est un ingénieur comme on n'en trouve ni à Dornach, ni chez Busch-Jaeger. Adieu NP6 donc. Adieu nouveauté, adieu proactivité, adieu productivité.

-Tout le monde devrait accepter la stratégie une bonne fois pour toutes. Adieu, révolte.

-Les clients sont, je l'entends de nombreuses sources, furieux contre Swissmetal. Il essaient du Busch-Jaeger sans succès. Ils en reçoivent même à la place du Boillat. Leurs commandes n'arrivent pas, ou hors délai. Bref, si Martin Hellweg ne saute pas, comme disait Dominique Lauener, les clients, eux, vont sauter. Peut-être leur faudra-t-il du temps, pour quitter le carnet de commande de Swissmetal, faute de choix, mais ils le quitteront. Comme a dit l'expert, le marché décidera. Adieu, clients.

-Les représentants de la Boillat à la médiation, tout ou partie, démissionneraient. Adieu, défenseurs au fait du dossier et prêts à perdre leur boulot. Bonjour Wilmar, ou un autre, pour défendre les intérêts de la Boillat. Vous pensez à une blague? Regardez le représentant du personnel de Dornach, ce clone de Martinou.

-Le mouvement de solidarité se dissoudrait petit à petit, et aussi l'attention des journalistes. Adieu, présence médiatique.

-Martinou gagnerait son AG: bonjour, nouveaux sousous tout frais pour refinancer Swissmetal. Bonjour nouveau rapport de force et démantèlement. Bonjour bâton, adieu carotte.

Karl a beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il ne voit pas comment la Boillat survivrait à ça. Il y a presque cru, un moment, à ces propositions, à force de réflexion optimiste, et de discussions avec des gens les trouvant acceptable. Mais rien n'y fait, il en revient toujours au point de départ, où il écrivait "reddition sans condition". L'expert annonçait ne pas comprendre comment on en était arrivé à un conflit aussi grave, ce qui montre qu'il sous-estime gravement la capacité de nuisance de Martin Hellweg. Et Rolf Bloch aussi. Et quand ils admettront ce triste état de fait, il sera trop tard. Ils viendront pleurer: "Il nous a roulé dans la farine ! Ouin!".

Après analyse de ce que la Boillat perdrait dans un vote en faveur des propositions de l'expert, il faut donc aussi noter que ce vote consisterait à accorder une confiance énorme à des gens qui ne seront probablement pas en mesure de se montrer à la hauteur, faute de moyens. Et, si la représentation du personnel de la Boillat devait être refondue à la sauce Martinou, qui resterait-il pour défendre la Boillat face à l'organe de controle? Si Martinou parvenait à placer des gens à lui là-dedans... Ce serait Unia le plus sérieux défenseur des Boillat. Bon courage!


Un petit tour dans les médias

Tout d'abord, relevons l'article de Vincent Donzé dans Le Matin. Depuis la dernière trahison d'Unia, le bénéfice du doute n'existe plus, et Jean-CLaude Rennwald va donc chauffer le banc des accusés avec ses collègues du comité de direction du syndicat. En effet, Jean-Claude Rennwald, dans son fracassant discours à Doris Leuthard, avait mentionné, de manière un peu artificielle d'ailleurs, la Boillat. Il avait signalé que, contrairement à Doris Leuthard, qui en joue dans les médias, les Boillat ne pouvaient pas se payer 40 paires de chaussures. Ce n'était pas la meilleure des allusions, et elle lui revient à la figure dans l'article de Vincent Donzé, qui accuse l'intéressé d'avoir pris les Boillat "en otage" dans son discours. Force est de dire qu'il a raison: Jean-Claude Rennwald, pour être un peu plus utile aux Boillat, aurait pu se servir de sa position dans Unia. Il n'en a rien été. Hem.

Martin Hellweg a profité du dimanche pour faire des déclarations fracassantes dans la Sonntagszeitung. Elle sont résumées dans cette dépêche, qui contient aussi d'autres informations (et le Journal du Jura propose un article sur ces questions). "En cas de nouvelle grève, nous devrons licencier les employés grévistes sans préavis", aurait dit Martinou. En plus, il menacerait, une fois de plus, de fermer la Boillat. Vrai ou pas vrai? Plutôt pas vrai: des licenciements sans préavis, c'est-à-dire pour faute grave, ne seraient pas justifiés par une grève. Il devrait alors payer 6 mois de salaire à chaque nouveau licencié. Cher. Et fermer la Boillat, avec ses citernes d'ammoniac et d'azote, ses métaux en fusion, ses cuves, d'acide, etc. serait un peu dangereux. Qui assurerait la sécurité? Henri Bols et le taupier, assistés de Wilmar, le roi de la congélation de papatte? Tout ça, en gardant à l'esprit que la Boillat est nécessaire à la survie de Swissmetal. C'est d'ailleurs pour ça que Swissmetal accpeterait de prolonger la durée de vie de la fonderie de la Boillat: elle est, avec les machines qu'elle fournit, le principal producteur d'argent liquide du groupe.

Une interview audio, de Renzo ambrosetti, précédée d'un commentaire de Fabian Greub, est très intéressante. A la RSR, ils ne sont pas du tout convaincus par les propositions de l'expert. Fabian Greub montre une grande compréhension pour les employés, en ce sens qu'il constate qu'aucune des revendications des Boillat au début de leur combat n'est reconnue. Renzonou, par contre, soutient les propositions de l'expert, et s'exprime avec un degré d'hypocrisie rarement atteint. L'idée qu'avoir pris position sur les propositions de l'expert avant d'avoir consulté le personnel de la Boillat ne lui paraît pas incorrecte. Ca ne lui effleure même pas l'esprit. "La direction de Swissmetal doit s'engager sur des points précis", dit-il. Précis? Ah bon? A écouter, c'est très comique.

Enfin, la dépêche signale que Rolf bloch met la pression de son côté, en annonçant une éventuelle fin de la médiation. Et le communiqué de presse des commissions du personnel de la Boillat y est résumé.

Reste le Torchinou, même si cette chose est périphérique. Pour peu, elle orbiterait autour de pluton. Est-ce bien un média, au fait? Quant on découvre le portrait de la personne qui est censé le rédiger, en page 2, la question se pose encore plus. Et la réponse aussi: "non". Mais commençons par le début, la page 1. Ca commence par une description de l'équipe des ventes, amputé de son encadrement et de 2 vendeuses, de la Boillat. Beaucoup de bien est dit sur les 6 dames en photo. En photo, oui, la pauvres, affichées comme des trophées sur le Torchinou.

L'éditorial mérite qu'on s'y arrête. Là, ce n'est plus èériphérique, mais stratosphérique. C'est une histoire de mondiaux de foot, où il n'y a qu'un gagnant. Et "c'est un peu comme dans la vie, [où] on a souvent l'impression qu'il n'y a qu'un seul gagnant". Et quand on perd, il faudrait tirer le côté positif de l'expérience. Car, en effet, si on gagnait toujours, ce serait très ennuyeux, car la victoire perdrait de sa valeur. En gros, perdre, ce n'est pas grave, surtout que dans une entreprise, c'est bien moins "cruel" qu'en sport (en effet, perdre son boulot est moins grave que perdre un match de foot, vous n'êtes pas d'accord?). Surtout qu'on peut gagner les 2, dans une entreprise, patron et employés. Et voilà, c'est comme dans la médiation, où tout le monde doit gagner, sauf les Boillat qui perdront en ayant à l'esprit que perdre c'est aussi gagner quelque part, parce que quand on perd on sait que ça aurait été plus cool de gagner, et donc on a gagné d'avoir compris que perdre c'est moins bien que gagner. Est-ce clair? "Dooormez, je le veux!"

Il y a même un scoop, en page 2, dans le Torchinou: Swissmetal a engagé quelqu'un pour pondre cette atrocité chaque semaine. Il s'agit de Christine Schmid, don le sourire figé est à l'égal de sa prose. Tout est qu'elle parle de "travail journalistique" à propos du Torchinou. Elle a dû faire ses étude à la Pravda puisqu'elle est trop jeune pour avoir connu la grande et brève époque de Signal (non, pas le dentifrice, même si Christine Schmid a l'air d'en faire une grande consommation). Elle signale qu'elle trouve très mignon que les Boillat soient attachés à leur terre, mais qu'ils devraient néanmoins comprendre la mondialisation et tout ça. Et peut-être aussi un peu la délocalisation. Tout ce délire finit sur une citation (en est-ce vraiment une? Il n'y a même pas de date) d'Anouar El Sadat qui, pour ceux qui l'auraient oublié, était un dictateur. Belle allusion. Et d'ailleurs, comme disait Gandhi à l'époque, j'en a marre de faire la grève [de la faim], pas vous? Citation de mémoire.

On termine la lecture par le portrait du dernier apprenti de la Boillat (les autres ayant été éjectés). Donc, l'aprenti a fait son apprentissage, et il est le seul. De plus, il est très doué. Mais ça ne suffira pas pour que Swissmetal le garde au-delà de son apprentissage ("malheureusement"), et engage quelqu'un d'autre à sa place. Merci Martinou!

Post scriptum

Quelqu'un m'a envoyé l'adresse du site Internet personnel de Christine Schmid. Avant d'aller surfer là-dessus, respirer 3 fois profondément, vous en aurez besoin. La dame est une sorte de couteau suisse de l'arrivisme. Capable de sauter sur les genoux de Martinou, elle sera certainement là pour jouer de l'accordéon à l'enterrement de la Boillat. D'ici là, elle nous fait payer sa vie d'éternelle second couteau dans tous les domaines, en nous infligeant chaque semaine le Torchinou.