Revoilà Karl l'ermite
Petite causerie imaginaire
Karl, dans sa retraite d'ermite, a parfois tendance à voir sa plomberie fondre et il s'invente alors des dialogues totalement hallucinants. Ce petit monde illusoire est le résultat d'une trop longue réclusion, d'une asocialité devenue mode de vie. Il est même, comme une vaste série de brutes jurabernoissiennes, rempli d'affection pour une... usine. C'est dire la gravité de la situation.
Ainsi, Karl vous livre Tranche dornachienne de vie, une pièce de théâtre en un acte:
Bâtiment administratif de l'usine de Dornach.
Martin Hellweg: "Ach, Yfonne, tout va bien dans ce bilan?"
Yvonne Simonis: "Euh... Oui, oui Martin, mais il y a quelques petites erreurs à corriger."
M. H. : "Ach Yfonne, ces chiffres ne sont pas conformes à la Stratéchie! Dans la Stratéchie, les chiffres sont bien meilleurs! Comment peux-tu commettre autant d'erreurs de calcul?"
Quelques ratures plus tard...
Martin Hellweg: "Foilà! Là, c'est wunderschön! Les chiffres sont très bons maintenant, comme la Stratéchie le démontre."
Y. S., timidement : "Oui mais, Martin... Tu veux que je signe ça? Parce que là, l'oeuvre est digne de t'être créditée! Comment pourrais-je apposer ma griffe au bas de cette éternelle merveille? Je ne peux pas. Prends donc ce stylo, mon maîîître. Pour que la postérité se souvienne de toi."
M. H., un peu médusé par cette insistance: "Ach c'est kompliziert les femmes. Si je te dis de signer, c'est que c'est écrit que c'est toi qui signes dans la Stratéchie! Oserais-tu remettre en cause la Stratéchie?"
Y. S., se lève, presque au garde à vous: "Non, maîîître. Une Stratéchie pour les gouverner, une Stratéchie pour les trouver, une Stratéchie pour les amener tous et dans les ténèbres les lier, au pays de Swissmetal, où s'étendent les ombres. Ainsi parle la Stratéchie".
Martin Hellweg sort de son bureau, passe dans un couloir bardé de caméras, et entre dans le bureau de Jean-Pierre Tardent, dit Jepeto:
M. H.: "Alors Tchepeto, tu tailles du bois, ou du cuifre?"
Jepeto, larbinesque: "Maîîître, voyons, maîîître, je travaille sur le NP6 qui, comme vous savez, servira à construire les cargos intergalactiques commandés par un grand client américain."
M. H. : "Ach, avec toi, ce que chaime, c'est qu'on voit les choses en grand. En grand! Comme la Stratéchie! J'adore! Sam va nous faire un beau communiqué là-dessus."
J., plus larbinesque, si c'est possible: "Et ce n'est encore rien, maîîître. Grâce à l'application de la Stratéchie, notre nouvelle presse polyvalente nous permettra de produire des soucoupes volantes, pour les clients extraterrestres que l'humanité démarchera bientôt!"
M. H. : "Tiens, d'ailleurs, il me vient à l'esprit que je dois régler ces histoires de Reconvilier avec Henri. Il y a un truc avec une presse aussi. La Koewi? Ou la Loose? Ach, la Loose, c'est bien un nom de presse pour des Franzosen qui parlent pas l'anglais ça!"
J., une goutte de sueur perle à son front : "Hahaha! C'est bien vrai ça! Quels cons ces francophones!"
Martin Hellweg se rend alors à son bureau. Entre Henri Bols.
M. H. : "Alors Henri, tes barbares ne te posent pas trop de problèmes? La Stratéchie déploie-t-elle ses effets?"
Henri Bols, renforgné, le regard fuyant: "Ca, pour les déployer, elle les déploie!"
M. H. : "Ach zuper! Tout fonctionne parfaitement alors, comme le dit le bilan! Je suis le plus fooort!"
H. B. : "Ca oui, dans votre domaine, vous êtes le plus fort, sans aucun doute. Et à la Boillat, nos kapos veillent à faire régner votre loi, maîîître. Par contre, l'idée de leur distribuer des fouets semble se heurter à un problème culturel."
M. H. : "Christine leur fera un bel article, ne t'inquiète pas. Elle expliquera l'importance de créer une seul culture d'entreprise sous l'égide de la Stratéchie."
H. B. : "Extraordinaire maîîître. Reste à faire marcher la presse Loewy tout de même."
M. H. : "Ach, elle sort d'où cette presse? Et puis, dans la Stratéchie, il n'y a pas de presse à Reconvilier. C'est juste la faute à la grève illégale. En vérité, je te le dis, cette presse n'existe pas."
H. B. : "La Stratéchie l'affirme, cette presse n'existe pas."
Entre Volker Suchordt.
M. H. : "Ah Volker on t'attendait. Alors, l'apport conséquent de Busch-Jaeger au bénéfice de Swissmetal se poursuit... C'est une très bonne noufelle. La comptabilité le montre, c'est klar. Nous allons donc renforcer encore Busch-Jaeger."
Volker Suchordt: "Ach Martin, tout à fait. Dans ma somptueuse Fabrik, je peux produire bien plus qu'à Reconvilier. Il faut juste me laisser les moyens de ma créativité. Les Linematics, par exemple, me sont d'un très bon usage. C'est très décoratif, et ça donne un petit air industriel que j'apprécie beaucoup. Mes experts sont d'ailleurs en route pour mettre en place de nouvelles routines chez les Suisses. Rien ne marche correctement en Suisse, c'est fou. Sinon, mon usine ne serait jamais tombée en faillite!"
H. B., diplomate : "Mais Volker, et Dornach, et moi?"
V. S., l'air toxique (Henri Bols a un mouvement d'autodéfense face à la bouche de V. qui s'ouvre): "Mon petit Henri, toi, tu vas faire le kapo à Reconvilier, et tu vas fermer ton clapet. Comme c'est écrit dans la Stratéchie, n'est-ce pas Martin?"
M. H. : "Ach... Voyons... Ach? Was?"
V. S. : "Martin, tu sais bien que la Stratéchie te vient dans des transes... 'Etends-toi sur le monde, et donne les pointes de stylo à Volker', ainsi parle la Stratéchie. Tu te souviens?"
M. H., rassénéré : "Ja... Ja... Ja! Tout est donc maintenant sous kontroll. La conjonction suprême de la trilibutazion cuivropergineuse s'approche! La Stratéchie! La Stratéchie! La Stratéchie!"
Tous en Choeur:
"Rien ne nous résiste. Seule notre volonté existe."
Silence de quelques secondes.
"La STRATECHIE! La STRATECHIE! La STRATECHIE!"
Rideau, sur la répétition des mêmes paroles.
Post scriptum:
La réalité dépasse parfois la fiction, dit le proverbe. Et de très loin, ajoute Karl. Pauvre Boillat. Entre les mains de tels rebuts...
C'est triste, me disait mon amie imaginaire. Oui, je lui ai dit. Puis mon amie imaginaire et moi sommes restés silencieux, longtemps, longtemps.
Bourse
Le cours de l'action Swissmetal s'est maintenant stabilisé, autour des 22 francs, et devient un peu plus volatile. Sa dernière remontée pourrait être due à diverses causes, puisque les volumes échangés sont redevenus nettement plus faible. L'euphorie boursière du moment, peut-être. Mais la hausse du cours, elle, semble avoir une cause très simple: le actionnaires ont probablement voulu spéculer sur un coup de Laxey... qui n'est pas arrivé.
En ce moment, la direction de Swissmetal a une porte de sortie: la vente du groupe. Mais les acheteurs semblent ne pas se pousser au portillon. Peut-être n'ont-ils pas connaissance de la Stratéchie. De plus, la bêtise surdimensionnée de Martinou et sa clique pourrait outrepsser même ces limites. Pourquoi pas, au fond, une fuite en avant dans laquelle Swissmetal achèterait encore une entreprise, par exemple par une augmentation de capital suivie d'un échange d'actions? Là aussi, il faut trouver le pigeon. N'est pas Swissair qui veut.
Toujours au niveau de la bourse, SWX, selon un article du Temps, remet les pendules à l'heure. Le nouveau règlement concernant les rapports de gestion, qui entrera en vigueur pour les rapports 2006, devient bien plus précis, et obligera les entreprises à plus de transparence. Au regard de ces nouvelles règles, nous tenons, au travers des rapports d'activité de Swissmetal, de beaux exemples de ce qu'il ne faut pas faire.
Des nouvelles de chez Ordralfabétix
JB a trouvé une belle boîte à meuh, qui tombe tout à fait à propos, puisqu'il s'agit de parler de Rolf Bloch. Très sincèrement, sa dernière prestation faisait vraiment meuh. Prenez un Rolf Bloch, retournez-le:
"Meuh! Dialogue. Médiation. Communication. Culture. Meuh!"
Qui dira qu'il n'y a pas de meuh?
Rolf Bloch, à l'Université de Neuchâtel, parlait lors d'une journée thématique adressée aux juristes (voir le résumé complet dans le Journal du Jura). Selon l'article de P. Oudot, la question de savoir si Swissmetal a outrepassé le protocole d'accord de 2004, entre autres choses "reste ouverte". Très fort. Les Boillat auraient eu, à partir de la création de Swissmetal "un sentiment de supériorité" (sous-entendu: non justifié, c'est juste un sentiment). D'où le fait que le sBoillat se soient "sentis humiliés" par le démantèlement projeté de leur fonderie. On se croirait dans un roman de la collection Arlequin: du sentiment, du sentiment, et encore du sentiment. La rationalité appartient à Rooolf uniquement. Et à la direction de Swissmetal, qui parle "synergies et efficacité".
"Compte tenu de la tension perceptible, ce concept industriel aurait dû être présenté avec doigté pour avoir une chance de passer": il s'agit donc d'un problème de communication. La "stratégie" est bonne, mais pas la manière de la présenter. D'autant plus que Martinou est un "spécialiste de la finance" (l'illusion que Martinou a des compétences autres que celles d'un marchand de tapis aura duré).
Tout est communication et dérive émotionnelle, donc. Qui plus est, comme les entreprises suisses sont généralement de petites PME où les problèmes de communications sont moins vifs, les patrons étant beaucoup plus proches de leurs collaborateurs, le cas de la Boillat reste particulier. Karl a rarement vu un argument aussi court. Si le nez de Rolf Bloch avait cette longueur, il ne pourrait plus y mettre ses lunettes. La Boillat est un cas particulier parce qu'il s'agit d'une grand entreprise par rapport à la moyenne suisse. Nous voilà bien renseignés!
Rolf bloch conserve-t-il un profil diplomatique pour nous sortir, tout à coup, un lapin de son chapeau? Il devrait s'agir, alors, d'un troupeau de girafes, vu sa lamentable prestation. De plus, on se souviendra de l'interview de Jürg Müller, l'expert, qui était autrement plus lucide. Rolf Bloch serait-il finalement un vieux monsieur, baignant dans un passé révolu, et inapte à comprendre les enjeux du présent? Il semble bien que oui.
Toujours dans le Journal du Jura, on pouvait lire, le 23 septembre, que Nicolas Wuillemin ira au tribunal pour obtenir justice à propos de son licenciement. Ce licenciement était en effet prévu de manière particulière: seul Nicolas Wuillemin a été éjecté de manière aussi odieuse. Courage, Nicolas!
Du plus frais
Mardi 26 septembre, les commissions du personnel de la Boillat ont affiché cette lettre dans la Boillat (compte-rendu dans le Journal du Jura). La lettre en question est un intéressant résumé de l'action des commission et est, quand on connaît la situation, remarquable de modération. Selon le texte, Swissmetal a refusé toute entrée en matière sur les contre-propositions présentées par les commissions. Ces dernières ont rencontré leur direction le 5 septembre et "peu de réponses concrètes ont été obtenues", notamment sur le cahier des charges du futur directeur de site. Il est indiqué que des réengagements ont lieu, ce qui démontre l'absurdité des licenciements. De plus, les commissions clarifient, pour ceux qui en douteraient, que Swissmetal réaffirme en boucle que la "stratégie" est maintenue, et que Reconvilier deviendra un centre de finishing. Le "fonds de soutien" cofinancé par Unia et Swissmetal, comme le "fonds pour les cas sociaux difficile" (appellation dénoncée) voient bien sûr les commissions ne pas y adhérer.
Enfin, on apprend que les fonds de grève seront liquidé de manière égalitaire entre tous les ex-grévistes, à la fin septembre. Une solution tenant compte de la situation de chacun avait été vaguement envisagée, mais sa complexité semble avoir eu raison des pourtant très tenaces gestionnaires des fonds de grève. Ce bouclement a même fait l'objet d'une dépêche.
Il s'agit pour Karl de saluer le courageux et énorme travail des gestionnaires des fonds de grève. Merci à eux!
Les commissions du personnel ont par ailleurs rencontré la direction de Swissmetal mercredi 27 septembre. Ces rencontres plus fréquentes répondaient à une demande des commissions. Cependant, l'échange s'est à peu près borné au powerpoint habituel, version 12.56.8763 RC659. Les questions recevable devaient se conformer au thème dudit powerpoint. Tout un programme. Les représentants des Boillat ont aussi appris, car la direction ne pouvait que l'avouer, les représentants du personnel de Dornach étant présents, que ces derniers ont ouvert des discussions en vue d'augmentations de salaire. Swissmetal a donc failli inaugurer la négociation salariale par site. Bien sûr, on attend déjà les résultats: augmentation fixe quasi nulle. Le reste de l'augmentation au mérite. Les kapos choisiront qui est le plus méritant. Voulez-vous parier?
Daniel Künzi, un homme à caméra connu dans les montagnes jurassiennes et particulièrement aimé par Fabienne Blanc-Kuhn (n'est-ce pas Bkassine?), est en train de réaliser son film sur la Boillat. En voici la bande-annonce.
D'ailleurs, si vous désirez aller féliciter BKassine pour son sens de la purge, c'est à Genève que ça se passera, au 4e rassemblement pour les droits humains. Elle y parlera de la Boillat, aïe!
L'uZine 3, quant à elle, accueillera les Dicodeurs le 9 octobre.
Swissmetal news
Il se fait tard, et Karl est un peu fatigué là... Il reviendra donc prochainement à cet endroit pour reparler de Swissmetal news. Vous ne lui en voudrez pas, j'espère, pour son consrvatisme, qui le pousse à garder l'appellation Torchinou. En effet, cette nouvelle mouture n'a absolument rien à envier à son peu illustre prédécesseur. Quelle horreur!
Un petit avant-goût, tout de même: on apprend que Busch-Jaeger créé des places d'apprentissage. C'est annoncé comme une bonne nouvelle, évidemment et, pour une fois, on peut la considérer comme telle. Très léger bémol (0,5 point Weightwatcher), on connaît l'obstination qu'a eu Martinou à supprimer les places d'apprentissage à la Boillat, parce que "ça coûte trop cher", allant même jusqu'à résilier les contrats d'apprentissage. Voilà qui a le mérite de clarifier les choses.
Karl, dans sa retraite d'ermite, a parfois tendance à voir sa plomberie fondre et il s'invente alors des dialogues totalement hallucinants. Ce petit monde illusoire est le résultat d'une trop longue réclusion, d'une asocialité devenue mode de vie. Il est même, comme une vaste série de brutes jurabernoissiennes, rempli d'affection pour une... usine. C'est dire la gravité de la situation.
Ainsi, Karl vous livre Tranche dornachienne de vie, une pièce de théâtre en un acte:
Bâtiment administratif de l'usine de Dornach.
Martin Hellweg: "Ach, Yfonne, tout va bien dans ce bilan?"
Yvonne Simonis: "Euh... Oui, oui Martin, mais il y a quelques petites erreurs à corriger."
M. H. : "Ach Yfonne, ces chiffres ne sont pas conformes à la Stratéchie! Dans la Stratéchie, les chiffres sont bien meilleurs! Comment peux-tu commettre autant d'erreurs de calcul?"
Quelques ratures plus tard...
Martin Hellweg: "Foilà! Là, c'est wunderschön! Les chiffres sont très bons maintenant, comme la Stratéchie le démontre."
Y. S., timidement : "Oui mais, Martin... Tu veux que je signe ça? Parce que là, l'oeuvre est digne de t'être créditée! Comment pourrais-je apposer ma griffe au bas de cette éternelle merveille? Je ne peux pas. Prends donc ce stylo, mon maîîître. Pour que la postérité se souvienne de toi."
M. H., un peu médusé par cette insistance: "Ach c'est kompliziert les femmes. Si je te dis de signer, c'est que c'est écrit que c'est toi qui signes dans la Stratéchie! Oserais-tu remettre en cause la Stratéchie?"
Y. S., se lève, presque au garde à vous: "Non, maîîître. Une Stratéchie pour les gouverner, une Stratéchie pour les trouver, une Stratéchie pour les amener tous et dans les ténèbres les lier, au pays de Swissmetal, où s'étendent les ombres. Ainsi parle la Stratéchie".
Martin Hellweg sort de son bureau, passe dans un couloir bardé de caméras, et entre dans le bureau de Jean-Pierre Tardent, dit Jepeto:
M. H.: "Alors Tchepeto, tu tailles du bois, ou du cuifre?"
Jepeto, larbinesque: "Maîîître, voyons, maîîître, je travaille sur le NP6 qui, comme vous savez, servira à construire les cargos intergalactiques commandés par un grand client américain."
M. H. : "Ach, avec toi, ce que chaime, c'est qu'on voit les choses en grand. En grand! Comme la Stratéchie! J'adore! Sam va nous faire un beau communiqué là-dessus."
J., plus larbinesque, si c'est possible: "Et ce n'est encore rien, maîîître. Grâce à l'application de la Stratéchie, notre nouvelle presse polyvalente nous permettra de produire des soucoupes volantes, pour les clients extraterrestres que l'humanité démarchera bientôt!"
M. H. : "Tiens, d'ailleurs, il me vient à l'esprit que je dois régler ces histoires de Reconvilier avec Henri. Il y a un truc avec une presse aussi. La Koewi? Ou la Loose? Ach, la Loose, c'est bien un nom de presse pour des Franzosen qui parlent pas l'anglais ça!"
J., une goutte de sueur perle à son front : "Hahaha! C'est bien vrai ça! Quels cons ces francophones!"
Martin Hellweg se rend alors à son bureau. Entre Henri Bols.
M. H. : "Alors Henri, tes barbares ne te posent pas trop de problèmes? La Stratéchie déploie-t-elle ses effets?"
Henri Bols, renforgné, le regard fuyant: "Ca, pour les déployer, elle les déploie!"
M. H. : "Ach zuper! Tout fonctionne parfaitement alors, comme le dit le bilan! Je suis le plus fooort!"
H. B. : "Ca oui, dans votre domaine, vous êtes le plus fort, sans aucun doute. Et à la Boillat, nos kapos veillent à faire régner votre loi, maîîître. Par contre, l'idée de leur distribuer des fouets semble se heurter à un problème culturel."
M. H. : "Christine leur fera un bel article, ne t'inquiète pas. Elle expliquera l'importance de créer une seul culture d'entreprise sous l'égide de la Stratéchie."
H. B. : "Extraordinaire maîîître. Reste à faire marcher la presse Loewy tout de même."
M. H. : "Ach, elle sort d'où cette presse? Et puis, dans la Stratéchie, il n'y a pas de presse à Reconvilier. C'est juste la faute à la grève illégale. En vérité, je te le dis, cette presse n'existe pas."
H. B. : "La Stratéchie l'affirme, cette presse n'existe pas."
Entre Volker Suchordt.
M. H. : "Ah Volker on t'attendait. Alors, l'apport conséquent de Busch-Jaeger au bénéfice de Swissmetal se poursuit... C'est une très bonne noufelle. La comptabilité le montre, c'est klar. Nous allons donc renforcer encore Busch-Jaeger."
Volker Suchordt: "Ach Martin, tout à fait. Dans ma somptueuse Fabrik, je peux produire bien plus qu'à Reconvilier. Il faut juste me laisser les moyens de ma créativité. Les Linematics, par exemple, me sont d'un très bon usage. C'est très décoratif, et ça donne un petit air industriel que j'apprécie beaucoup. Mes experts sont d'ailleurs en route pour mettre en place de nouvelles routines chez les Suisses. Rien ne marche correctement en Suisse, c'est fou. Sinon, mon usine ne serait jamais tombée en faillite!"
H. B., diplomate : "Mais Volker, et Dornach, et moi?"
V. S., l'air toxique (Henri Bols a un mouvement d'autodéfense face à la bouche de V. qui s'ouvre): "Mon petit Henri, toi, tu vas faire le kapo à Reconvilier, et tu vas fermer ton clapet. Comme c'est écrit dans la Stratéchie, n'est-ce pas Martin?"
M. H. : "Ach... Voyons... Ach? Was?"
V. S. : "Martin, tu sais bien que la Stratéchie te vient dans des transes... 'Etends-toi sur le monde, et donne les pointes de stylo à Volker', ainsi parle la Stratéchie. Tu te souviens?"
M. H., rassénéré : "Ja... Ja... Ja! Tout est donc maintenant sous kontroll. La conjonction suprême de la trilibutazion cuivropergineuse s'approche! La Stratéchie! La Stratéchie! La Stratéchie!"
Tous en Choeur:
"Rien ne nous résiste. Seule notre volonté existe."
Silence de quelques secondes.
"La STRATECHIE! La STRATECHIE! La STRATECHIE!"
Rideau, sur la répétition des mêmes paroles.
Post scriptum:
La réalité dépasse parfois la fiction, dit le proverbe. Et de très loin, ajoute Karl. Pauvre Boillat. Entre les mains de tels rebuts...
C'est triste, me disait mon amie imaginaire. Oui, je lui ai dit. Puis mon amie imaginaire et moi sommes restés silencieux, longtemps, longtemps.
Bourse
Le cours de l'action Swissmetal s'est maintenant stabilisé, autour des 22 francs, et devient un peu plus volatile. Sa dernière remontée pourrait être due à diverses causes, puisque les volumes échangés sont redevenus nettement plus faible. L'euphorie boursière du moment, peut-être. Mais la hausse du cours, elle, semble avoir une cause très simple: le actionnaires ont probablement voulu spéculer sur un coup de Laxey... qui n'est pas arrivé.
En ce moment, la direction de Swissmetal a une porte de sortie: la vente du groupe. Mais les acheteurs semblent ne pas se pousser au portillon. Peut-être n'ont-ils pas connaissance de la Stratéchie. De plus, la bêtise surdimensionnée de Martinou et sa clique pourrait outrepsser même ces limites. Pourquoi pas, au fond, une fuite en avant dans laquelle Swissmetal achèterait encore une entreprise, par exemple par une augmentation de capital suivie d'un échange d'actions? Là aussi, il faut trouver le pigeon. N'est pas Swissair qui veut.
Toujours au niveau de la bourse, SWX, selon un article du Temps, remet les pendules à l'heure. Le nouveau règlement concernant les rapports de gestion, qui entrera en vigueur pour les rapports 2006, devient bien plus précis, et obligera les entreprises à plus de transparence. Au regard de ces nouvelles règles, nous tenons, au travers des rapports d'activité de Swissmetal, de beaux exemples de ce qu'il ne faut pas faire.
Des nouvelles de chez Ordralfabétix
JB a trouvé une belle boîte à meuh, qui tombe tout à fait à propos, puisqu'il s'agit de parler de Rolf Bloch. Très sincèrement, sa dernière prestation faisait vraiment meuh. Prenez un Rolf Bloch, retournez-le:
"Meuh! Dialogue. Médiation. Communication. Culture. Meuh!"
Qui dira qu'il n'y a pas de meuh?
Rolf Bloch, à l'Université de Neuchâtel, parlait lors d'une journée thématique adressée aux juristes (voir le résumé complet dans le Journal du Jura). Selon l'article de P. Oudot, la question de savoir si Swissmetal a outrepassé le protocole d'accord de 2004, entre autres choses "reste ouverte". Très fort. Les Boillat auraient eu, à partir de la création de Swissmetal "un sentiment de supériorité" (sous-entendu: non justifié, c'est juste un sentiment). D'où le fait que le sBoillat se soient "sentis humiliés" par le démantèlement projeté de leur fonderie. On se croirait dans un roman de la collection Arlequin: du sentiment, du sentiment, et encore du sentiment. La rationalité appartient à Rooolf uniquement. Et à la direction de Swissmetal, qui parle "synergies et efficacité".
"Compte tenu de la tension perceptible, ce concept industriel aurait dû être présenté avec doigté pour avoir une chance de passer": il s'agit donc d'un problème de communication. La "stratégie" est bonne, mais pas la manière de la présenter. D'autant plus que Martinou est un "spécialiste de la finance" (l'illusion que Martinou a des compétences autres que celles d'un marchand de tapis aura duré).
Tout est communication et dérive émotionnelle, donc. Qui plus est, comme les entreprises suisses sont généralement de petites PME où les problèmes de communications sont moins vifs, les patrons étant beaucoup plus proches de leurs collaborateurs, le cas de la Boillat reste particulier. Karl a rarement vu un argument aussi court. Si le nez de Rolf Bloch avait cette longueur, il ne pourrait plus y mettre ses lunettes. La Boillat est un cas particulier parce qu'il s'agit d'une grand entreprise par rapport à la moyenne suisse. Nous voilà bien renseignés!
Rolf bloch conserve-t-il un profil diplomatique pour nous sortir, tout à coup, un lapin de son chapeau? Il devrait s'agir, alors, d'un troupeau de girafes, vu sa lamentable prestation. De plus, on se souviendra de l'interview de Jürg Müller, l'expert, qui était autrement plus lucide. Rolf Bloch serait-il finalement un vieux monsieur, baignant dans un passé révolu, et inapte à comprendre les enjeux du présent? Il semble bien que oui.
Toujours dans le Journal du Jura, on pouvait lire, le 23 septembre, que Nicolas Wuillemin ira au tribunal pour obtenir justice à propos de son licenciement. Ce licenciement était en effet prévu de manière particulière: seul Nicolas Wuillemin a été éjecté de manière aussi odieuse. Courage, Nicolas!
Du plus frais
Mardi 26 septembre, les commissions du personnel de la Boillat ont affiché cette lettre dans la Boillat (compte-rendu dans le Journal du Jura). La lettre en question est un intéressant résumé de l'action des commission et est, quand on connaît la situation, remarquable de modération. Selon le texte, Swissmetal a refusé toute entrée en matière sur les contre-propositions présentées par les commissions. Ces dernières ont rencontré leur direction le 5 septembre et "peu de réponses concrètes ont été obtenues", notamment sur le cahier des charges du futur directeur de site. Il est indiqué que des réengagements ont lieu, ce qui démontre l'absurdité des licenciements. De plus, les commissions clarifient, pour ceux qui en douteraient, que Swissmetal réaffirme en boucle que la "stratégie" est maintenue, et que Reconvilier deviendra un centre de finishing. Le "fonds de soutien" cofinancé par Unia et Swissmetal, comme le "fonds pour les cas sociaux difficile" (appellation dénoncée) voient bien sûr les commissions ne pas y adhérer.
Enfin, on apprend que les fonds de grève seront liquidé de manière égalitaire entre tous les ex-grévistes, à la fin septembre. Une solution tenant compte de la situation de chacun avait été vaguement envisagée, mais sa complexité semble avoir eu raison des pourtant très tenaces gestionnaires des fonds de grève. Ce bouclement a même fait l'objet d'une dépêche.
Il s'agit pour Karl de saluer le courageux et énorme travail des gestionnaires des fonds de grève. Merci à eux!
Les commissions du personnel ont par ailleurs rencontré la direction de Swissmetal mercredi 27 septembre. Ces rencontres plus fréquentes répondaient à une demande des commissions. Cependant, l'échange s'est à peu près borné au powerpoint habituel, version 12.56.8763 RC659. Les questions recevable devaient se conformer au thème dudit powerpoint. Tout un programme. Les représentants des Boillat ont aussi appris, car la direction ne pouvait que l'avouer, les représentants du personnel de Dornach étant présents, que ces derniers ont ouvert des discussions en vue d'augmentations de salaire. Swissmetal a donc failli inaugurer la négociation salariale par site. Bien sûr, on attend déjà les résultats: augmentation fixe quasi nulle. Le reste de l'augmentation au mérite. Les kapos choisiront qui est le plus méritant. Voulez-vous parier?
Daniel Künzi, un homme à caméra connu dans les montagnes jurassiennes et particulièrement aimé par Fabienne Blanc-Kuhn (n'est-ce pas Bkassine?), est en train de réaliser son film sur la Boillat. En voici la bande-annonce.
D'ailleurs, si vous désirez aller féliciter BKassine pour son sens de la purge, c'est à Genève que ça se passera, au 4e rassemblement pour les droits humains. Elle y parlera de la Boillat, aïe!
L'uZine 3, quant à elle, accueillera les Dicodeurs le 9 octobre.
Swissmetal news
Il se fait tard, et Karl est un peu fatigué là... Il reviendra donc prochainement à cet endroit pour reparler de Swissmetal news. Vous ne lui en voudrez pas, j'espère, pour son consrvatisme, qui le pousse à garder l'appellation Torchinou. En effet, cette nouvelle mouture n'a absolument rien à envier à son peu illustre prédécesseur. Quelle horreur!
Un petit avant-goût, tout de même: on apprend que Busch-Jaeger créé des places d'apprentissage. C'est annoncé comme une bonne nouvelle, évidemment et, pour une fois, on peut la considérer comme telle. Très léger bémol (0,5 point Weightwatcher), on connaît l'obstination qu'a eu Martinou à supprimer les places d'apprentissage à la Boillat, parce que "ça coûte trop cher", allant même jusqu'à résilier les contrats d'apprentissage. Voilà qui a le mérite de clarifier les choses.