jeudi, septembre 28, 2006

Revoilà Karl l'ermite

Petite causerie imaginaire

Karl, dans sa retraite d'ermite, a parfois tendance à voir sa plomberie fondre et il s'invente alors des dialogues totalement hallucinants. Ce petit monde illusoire est le résultat d'une trop longue réclusion, d'une asocialité devenue mode de vie. Il est même, comme une vaste série de brutes jurabernoissiennes, rempli d'affection pour une... usine. C'est dire la gravité de la situation.


Ainsi, Karl vous livre Tranche dornachienne de vie, une pièce de théâtre en un acte:

Bâtiment administratif de l'usine de Dornach.

Martin Hellweg: "Ach, Yfonne, tout va bien dans ce bilan?"

Yvonne Simonis: "Euh... Oui, oui Martin, mais il y a quelques petites erreurs à corriger."

M. H. : "Ach Yfonne, ces chiffres ne sont pas conformes à la Stratéchie! Dans la Stratéchie, les chiffres sont bien meilleurs! Comment peux-tu commettre autant d'erreurs de calcul?"

Quelques ratures plus tard...

Martin Hellweg: "Foilà! Là, c'est wunderschön! Les chiffres sont très bons maintenant, comme la Stratéchie le démontre."

Y. S., timidement : "Oui mais, Martin... Tu veux que je signe ça? Parce que là, l'oeuvre est digne de t'être créditée! Comment pourrais-je apposer ma griffe au bas de cette éternelle merveille? Je ne peux pas. Prends donc ce stylo, mon maîîître. Pour que la postérité se souvienne de toi."

M. H., un peu médusé par cette insistance: "Ach c'est kompliziert les femmes. Si je te dis de signer, c'est que c'est écrit que c'est toi qui signes dans la Stratéchie! Oserais-tu remettre en cause la Stratéchie?"

Y. S., se lève, presque au garde à vous: "Non, maîîître. Une Stratéchie pour les gouverner, une Stratéchie pour les trouver, une Stratéchie pour les amener tous et dans les ténèbres les lier, au pays de Swissmetal, où s'étendent les ombres. Ainsi parle la Stratéchie".

Martin Hellweg sort de son bureau, passe dans un couloir bardé de caméras, et entre dans le bureau de Jean-Pierre Tardent, dit Jepeto:

M. H.: "Alors Tchepeto, tu tailles du bois, ou du cuifre?"

Jepeto, larbinesque: "Maîîître, voyons, maîîître, je travaille sur le NP6 qui, comme vous savez, servira à construire les cargos intergalactiques commandés par un grand client américain."

M. H. : "Ach, avec toi, ce que chaime, c'est qu'on voit les choses en grand. En grand! Comme la Stratéchie! J'adore! Sam va nous faire un beau communiqué là-dessus."

J., plus larbinesque, si c'est possible: "Et ce n'est encore rien, maîîître. Grâce à l'application de la Stratéchie, notre nouvelle presse polyvalente nous permettra de produire des soucoupes volantes, pour les clients extraterrestres que l'humanité démarchera bientôt!"

M. H. : "Tiens, d'ailleurs, il me vient à l'esprit que je dois régler ces histoires de Reconvilier avec Henri. Il y a un truc avec une presse aussi. La Koewi? Ou la Loose? Ach, la Loose, c'est bien un nom de presse pour des Franzosen qui parlent pas l'anglais ça!"

J., une goutte de sueur perle à son front : "Hahaha! C'est bien vrai ça! Quels cons ces francophones!"

Martin Hellweg se rend alors à son bureau. Entre Henri Bols.

M. H. : "Alors Henri, tes barbares ne te posent pas trop de problèmes? La Stratéchie déploie-t-elle ses effets?"

Henri Bols, renforgné, le regard fuyant: "Ca, pour les déployer, elle les déploie!"

M. H. : "Ach zuper! Tout fonctionne parfaitement alors, comme le dit le bilan! Je suis le plus fooort!"

H. B. : "Ca oui, dans votre domaine, vous êtes le plus fort, sans aucun doute. Et à la Boillat, nos kapos veillent à faire régner votre loi, maîîître. Par contre, l'idée de leur distribuer des fouets semble se heurter à un problème culturel."

M. H. : "Christine leur fera un bel article, ne t'inquiète pas. Elle expliquera l'importance de créer une seul culture d'entreprise sous l'égide de la Stratéchie."

H. B. : "Extraordinaire maîîître. Reste à faire marcher la presse Loewy tout de même."

M. H. : "Ach, elle sort d'où cette presse? Et puis, dans la Stratéchie, il n'y a pas de presse à Reconvilier. C'est juste la faute à la grève illégale. En vérité, je te le dis, cette presse n'existe pas."

H. B. : "La Stratéchie l'affirme, cette presse n'existe pas."

Entre Volker Suchordt.

M. H. : "Ah Volker on t'attendait. Alors, l'apport conséquent de Busch-Jaeger au bénéfice de Swissmetal se poursuit... C'est une très bonne noufelle. La comptabilité le montre, c'est klar. Nous allons donc renforcer encore Busch-Jaeger."

Volker Suchordt: "Ach Martin, tout à fait. Dans ma somptueuse Fabrik, je peux produire bien plus qu'à Reconvilier. Il faut juste me laisser les moyens de ma créativité. Les Linematics, par exemple, me sont d'un très bon usage. C'est très décoratif, et ça donne un petit air industriel que j'apprécie beaucoup. Mes experts sont d'ailleurs en route pour mettre en place de nouvelles routines chez les Suisses. Rien ne marche correctement en Suisse, c'est fou. Sinon, mon usine ne serait jamais tombée en faillite!"

H. B., diplomate : "Mais Volker, et Dornach, et moi?"

V. S., l'air toxique (Henri Bols a un mouvement d'autodéfense face à la bouche de V. qui s'ouvre): "Mon petit Henri, toi, tu vas faire le kapo à Reconvilier, et tu vas fermer ton clapet. Comme c'est écrit dans la Stratéchie, n'est-ce pas Martin?"

M. H. : "Ach... Voyons... Ach? Was?"

V. S. : "Martin, tu sais bien que la Stratéchie te vient dans des transes... 'Etends-toi sur le monde, et donne les pointes de stylo à Volker', ainsi parle la Stratéchie. Tu te souviens?"

M. H., rassénéré : "Ja... Ja... Ja! Tout est donc maintenant sous kontroll. La conjonction suprême de la trilibutazion cuivropergineuse s'approche! La Stratéchie! La Stratéchie! La Stratéchie!"

Tous en Choeur:

"Rien ne nous résiste. Seule notre volonté existe."

Silence de quelques secondes.

"La STRATECHIE! La STRATECHIE! La STRATECHIE!"

Rideau, sur la répétition des mêmes paroles.

Post scriptum:
La réalité dépasse parfois la fiction, dit le proverbe. Et de très loin, ajoute Karl. Pauvre Boillat. Entre les mains de tels rebuts...

C'est triste, me disait mon amie imaginaire. Oui, je lui ai dit. Puis mon amie imaginaire et moi sommes restés silencieux, longtemps, longtemps.


Bourse

Le cours de l'action Swissmetal s'est maintenant stabilisé, autour des 22 francs, et devient un peu plus volatile. Sa dernière remontée pourrait être due à diverses causes, puisque les volumes échangés sont redevenus nettement plus faible. L'euphorie boursière du moment, peut-être. Mais la hausse du cours, elle, semble avoir une cause très simple: le actionnaires ont probablement voulu spéculer sur un coup de Laxey... qui n'est pas arrivé.

En ce moment, la direction de Swissmetal a une porte de sortie: la vente du groupe. Mais les acheteurs semblent ne pas se pousser au portillon. Peut-être n'ont-ils pas connaissance de la Stratéchie. De plus, la bêtise surdimensionnée de Martinou et sa clique pourrait outrepsser même ces limites. Pourquoi pas, au fond, une fuite en avant dans laquelle Swissmetal achèterait encore une entreprise, par exemple par une augmentation de capital suivie d'un échange d'actions? Là aussi, il faut trouver le pigeon. N'est pas Swissair qui veut.

Toujours au niveau de la bourse, SWX, selon un article du Temps, remet les pendules à l'heure. Le nouveau règlement concernant les rapports de gestion, qui entrera en vigueur pour les rapports 2006, devient bien plus précis, et obligera les entreprises à plus de transparence. Au regard de ces nouvelles règles, nous tenons, au travers des rapports d'activité de Swissmetal, de beaux exemples de ce qu'il ne faut pas faire.


Des nouvelles de chez Ordralfabétix

JB a trouvé une belle boîte à meuh, qui tombe tout à fait à propos, puisqu'il s'agit de parler de Rolf Bloch. Très sincèrement, sa dernière prestation faisait vraiment meuh. Prenez un Rolf Bloch, retournez-le:

"Meuh! Dialogue. Médiation. Communication. Culture. Meuh!"

Qui dira qu'il n'y a pas de meuh?

Rolf Bloch, à l'Université de Neuchâtel, parlait lors d'une journée thématique adressée aux juristes (voir le résumé complet dans le Journal du Jura). Selon l'article de P. Oudot, la question de savoir si Swissmetal a outrepassé le protocole d'accord de 2004, entre autres choses "reste ouverte". Très fort. Les Boillat auraient eu, à partir de la création de Swissmetal "un sentiment de supériorité" (sous-entendu: non justifié, c'est juste un sentiment). D'où le fait que le sBoillat se soient "sentis humiliés" par le démantèlement projeté de leur fonderie. On se croirait dans un roman de la collection Arlequin: du sentiment, du sentiment, et encore du sentiment. La rationalité appartient à Rooolf uniquement. Et à la direction de Swissmetal, qui parle "synergies et efficacité".

"Compte tenu de la tension perceptible, ce concept industriel aurait dû être présenté avec doigté pour avoir une chance de passer": il s'agit donc d'un problème de communication. La "stratégie" est bonne, mais pas la manière de la présenter. D'autant plus que Martinou est un "spécialiste de la finance" (l'illusion que Martinou a des compétences autres que celles d'un marchand de tapis aura duré).

Tout est communication et dérive émotionnelle, donc. Qui plus est, comme les entreprises suisses sont généralement de petites PME où les problèmes de communications sont moins vifs, les patrons étant beaucoup plus proches de leurs collaborateurs, le cas de la Boillat reste particulier. Karl a rarement vu un argument aussi court. Si le nez de Rolf Bloch avait cette longueur, il ne pourrait plus y mettre ses lunettes. La Boillat est un cas particulier parce qu'il s'agit d'une grand entreprise par rapport à la moyenne suisse. Nous voilà bien renseignés!

Rolf bloch conserve-t-il un profil diplomatique pour nous sortir, tout à coup, un lapin de son chapeau? Il devrait s'agir, alors, d'un troupeau de girafes, vu sa lamentable prestation. De plus, on se souviendra de l'interview de Jürg Müller, l'expert, qui était autrement plus lucide. Rolf Bloch serait-il finalement un vieux monsieur, baignant dans un passé révolu, et inapte à comprendre les enjeux du présent? Il semble bien que oui.

Toujours dans le Journal du Jura, on pouvait lire, le 23 septembre, que Nicolas Wuillemin ira au tribunal pour obtenir justice à propos de son licenciement. Ce licenciement était en effet prévu de manière particulière: seul Nicolas Wuillemin a été éjecté de manière aussi odieuse. Courage, Nicolas!


Du plus frais

Mardi 26 septembre, les commissions du personnel de la Boillat ont affiché cette lettre dans la Boillat (compte-rendu dans le Journal du Jura). La lettre en question est un intéressant résumé de l'action des commission et est, quand on connaît la situation, remarquable de modération. Selon le texte, Swissmetal a refusé toute entrée en matière sur les contre-propositions présentées par les commissions. Ces dernières ont rencontré leur direction le 5 septembre et "peu de réponses concrètes ont été obtenues", notamment sur le cahier des charges du futur directeur de site. Il est indiqué que des réengagements ont lieu, ce qui démontre l'absurdité des licenciements. De plus, les commissions clarifient, pour ceux qui en douteraient, que Swissmetal réaffirme en boucle que la "stratégie" est maintenue, et que Reconvilier deviendra un centre de finishing. Le "fonds de soutien" cofinancé par Unia et Swissmetal, comme le "fonds pour les cas sociaux difficile" (appellation dénoncée) voient bien sûr les commissions ne pas y adhérer.

Enfin, on apprend que les fonds de grève seront liquidé de manière égalitaire entre tous les ex-grévistes, à la fin septembre. Une solution tenant compte de la situation de chacun avait été vaguement envisagée, mais sa complexité semble avoir eu raison des pourtant très tenaces gestionnaires des fonds de grève. Ce bouclement a même fait l'objet d'une dépêche.

Il s'agit pour Karl de saluer le courageux et énorme travail des gestionnaires des fonds de grève. Merci à eux!

Les commissions du personnel ont par ailleurs rencontré la direction de Swissmetal mercredi 27 septembre. Ces rencontres plus fréquentes répondaient à une demande des commissions. Cependant, l'échange s'est à peu près borné au powerpoint habituel, version 12.56.8763 RC659. Les questions recevable devaient se conformer au thème dudit powerpoint. Tout un programme. Les représentants des Boillat ont aussi appris, car la direction ne pouvait que l'avouer, les représentants du personnel de Dornach étant présents, que ces derniers ont ouvert des discussions en vue d'augmentations de salaire. Swissmetal a donc failli inaugurer la négociation salariale par site. Bien sûr, on attend déjà les résultats: augmentation fixe quasi nulle. Le reste de l'augmentation au mérite. Les kapos choisiront qui est le plus méritant. Voulez-vous parier?


Daniel Künzi, un homme à caméra connu dans les montagnes jurassiennes et particulièrement aimé par Fabienne Blanc-Kuhn (n'est-ce pas Bkassine?), est en train de réaliser son film sur la Boillat. En voici la bande-annonce.

D'ailleurs, si vous désirez aller féliciter BKassine pour son sens de la purge, c'est à Genève que ça se passera, au 4e rassemblement pour les droits humains. Elle y parlera de la Boillat, aïe!

L'uZine 3, quant à elle, accueillera les Dicodeurs le 9 octobre.


Swissmetal news

Il se fait tard, et Karl est un peu fatigué là... Il reviendra donc prochainement à cet endroit pour reparler de Swissmetal news. Vous ne lui en voudrez pas, j'espère, pour son consrvatisme, qui le pousse à garder l'appellation Torchinou. En effet, cette nouvelle mouture n'a absolument rien à envier à son peu illustre prédécesseur. Quelle horreur!

Un petit avant-goût, tout de même: on apprend que Busch-Jaeger créé des places d'apprentissage. C'est annoncé comme une bonne nouvelle, évidemment et, pour une fois, on peut la considérer comme telle. Très léger bémol (0,5 point Weightwatcher), on connaît l'obstination qu'a eu Martinou à supprimer les places d'apprentissage à la Boillat, parce que "ça coûte trop cher", allant même jusqu'à résilier les contrats d'apprentissage. Voilà qui a le mérite de clarifier les choses.

jeudi, septembre 14, 2006

Au pays, de Candy...

Comme dans tous les pays
On s'amuse, on pleure, on rit
Il y a des méchants (les grévistes, les syndicats) et des gentils (le maîîître, Fridou)
Et pour sortir des moments difficiles
Avoir des amis, c'est très utile (enfin, du cash ça va aussi)

Et surtout, venons-en aux faits, dans les moments difficiles, il faut toujours dire que tout va bien par voie de communiqué de presse! Candy elle-même ne renierait pas un tel procédé, Karl en est convaincu! (Dans le prochain "édito", il sera peut-être temps d'aborder la doctrine de Ken le survivant: "Swissmetal, j'ai frappé tes points vitaux: il te reste 10 secondes à vivre").


Communiqués

Depuis quelques temps, la personne qui suit assidûment la lente chute de Swissmetal se voit assaillie de communiqués de presse tous plus inutiles les uns que les autres. Qu'importe que les nouvelles concernent la vente d'un alliage qu'on ne sait plus produire, ou la remise en route d'une presse dont les performances risquent d'être assez discutables. Pourvu que les nouvelles soient bonnes! Par exemple, l'avantage d'une inondation, c'est que tout le monde a l'eau courante à la maison (avouez, vous n'y aviez jamais pensé). Du positif, qu'on vous dit! Il faut voir le bon côté des choses.

Ainsi, après nous avoir annoncé des ventes fantastiques de NP6 (qui n'est pas produit, et peut-être plus productible) et le redémarrage de la presse Loewy (incroyable, Swissmetal a une presse qui marche! Mais qui ne produit rien...), le flux de bonnes nouvelles a connu une nouvelle étape le 12 septembre.

Il existe, à la Boillat, une fondation patronale. La direction de Swissmetal a la charge de la gérer. Grâce à "Un Voisin" dans les commentaires de cet "édito", voici une liste partielle du comité de fondation: Jean-Pierre Tardent (dit Jepeto. Le Boillat qu'il fallait, un bon endroit), président, Sam Furrer, membre, Werner Riegert, membre. Hem. Malgré cela, on ne peut en modifier les statuts facilement (sinon, l'argent serait dans la poche de Martinou depuis longtemps). Cette fondation patronale a pour fonction, en principe, de fournir de l'aide aux Boillat se trouvant dans des situations critiques, d'où le nom que le communiqué cite: Fondation en faveur du personnel de l'usine Boillat.

Le tour de passe-passe du communiqué vient du fait que Swissmetal y fait semblant de n'avoir pas prise sur la décision de la fondation patronale. Cette dernière est "une fondation de prévoyance juridiquement et économiquement indépendante n'ayant aucun rapport avec les affaires opérationnelles". De plus, "la fondation susmentionnée s'est maintenant déclarée prête à agir seule". "Seule", ah bon? Donc, ce n'est pas la direction de Swissmetal qui orchestre cette volte-face soi-disant altruiste de la fondation patronale. Très crédible...

Ainsi, ladite fondation devrait allouer 200'000 francs aux -décidément, Karl ne s'y fait pas- "cas sociaux difficiles". Les "cas sociaux difficiles", s'il fallait choisir entre les Boillat et leur direction, il n'y aurait pas photo. Il suffit de regarder Martinou, de repenser à sa tragique histoire de petites graines, de se remémorer sa tendance à vouloir passer au travers de portes fermées... Décidément, Martinou a besoin d'aide.

Plus sérieusement, comment une entreprise peut-elle qualifier les gens qu'elle a abusivement licencié de "cas sociaux difficiles"? En tout cas, me voici rassuré sur un point: le nom de "kapo" n'est nullement usurpé par les sbires de Martinou.

D'après le Journal du Jura du 13 septembre (que ferait Karl sans JB?), Unia et les commissions du personnel réclament un plan social assez raisonnable (3 mois de salaire, ainsi qu'une prime proportionnelle à l'âge et aux années de service de la personne concernée). Si l'on compte qu'il s'agit de 15 à 20'000 francs par personne, pour 60 personnes, le total exigé oscille autour du million de francs. Pour qu'un tel plan voit le jour, Unia et les commissions du personnel portent l'affaire devant le tribunal arbitral.


Cours de l'action

L'action de Swissmetal s'apprécie fortement, ces derniers jours, et a franchi le cap des 20 francs. Assurément, ce ne sont pas les chiffres présentés par le groupe qui intéressent les actionnaires, sinon l'action aurait entamé sa flambée au moment de leur publication. Ce ne sont pas non plus les communiqués de presse, tellement sans intérêt qu'aucun média ne juge digne de les reprendre (à part cet obstiné de Karl).

L'Association nouvelle Boillat a émis un communiqué de presse à ce propos, repris et discuté par Philippe Oudot. L'analyse des performances de Swissmetal proposée par l'Association nouvelle Boillat mérite le détour. L'hypothèse mise en avant, à propos du cours des actions Swissmetal, est que des manoeuvres menées en coulisses, au niveau boursier, font monter les prix. Karl souscrit d'ailleurs à cette hypothèse. Mais une telle flambée ne peut s'expliquer sans souligner encore un aspect: il semble que les actionnaires de Swissmetal pensent la même chose. En effet, s'ils achètent des actions Swissmetal en ce moment, c'est certainement en misant sur un coup de Laxey, comme précédemment chez Saurer. Un investisseur, en ce moment, n'a aucune autre raison de placer de l'argent chez Swissmetal.

Mais alors, un coup de Laxey et/ou une vente de Swissmetal sont-ils des rumeurs infondées, auxquelles les actionnaires, Karl, et d'autres, se font prendre? Ou pas? Le suspens pointe là le bout de son nez.


Bienvenue où ça nous la coupe

Karl repasse la parole à "Petit ours". Comme tout le monde ne lit pas les commentaires (eh oui, ils ne savent pas ce qu'ils ratent), et comme 3 fois valent mieux qu'une, voici le 2e service. Il faut avouer que le texte le mérite largement!

Avec ma bonté proverbiale, je prépare déjà les prochains communiqués de Swissmetal. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes swissmétalliques.

Swissmetal vient d’obtenir une importante commande du fabricant de rasoirs Gil(b)e(r)tte. L’entreprise va sortir un rasoir à... 32 lames, toutes en CN8 ! Un marché qui fait déjà mousser certains concurrents. Sam l’a testé sur son crâne et en est enchanté. Déclin par contre est tellement rasoir qu’il n’en a pas besoin. Martinou lui est déjà sur le fil du rasoir avec toutes ses magouilles. Alors, avec 32 lames, cela lui donne de la marge. Quant à Henri, certains criaient: Ras(ez)-Le! Alors il est parti en courant. Pas de bol(s)!

A la Boillat, il paraît qu’ils vont mettre une pancarte sur laquelle il sera écrit: Demain on rase gratis... et après-demain vous serez tondu!

Swissmetal vient d’annoncer l’achat d’une nouvelle entreprise. Le fabricant de poudre "Quipète" entre dans le capital action du groupe. Avec le stock qu’il aura, Martinou pourra en jeter aux yeux des clients, des investisseurs, des politiciens, etc. De ce côté là, on ne se fait pas de souci pour lui, c’est un expert en la matière. Pour les prochains entretiens il y aura intérêt à mettre des lunettes, ou à prendre la poudre... d’escampette.

Swissmetal envisage d’introduire la semaine de 30 jours sur le site de Reconvilier. Après le succès de la semaine de 8 jours à Lüdenscheid, celle de 30 jours devrait encore augmenter considérablement la productivité. Côté salaire, il tombera toujours après 4 semaines et sera inchangé. Il paraît que certains bénis-oui-oui ont dit: ça pourrait être pire, ils auraient pu aussi baisser le salaire en même temps... Décidément il y a d’éternels optimistes!

Elle est pas belle la vie à la Boillat?


Du moment que nous en sommes au moment dédié à la rigolade, "Un Voisin" nous rappelle d'aller signer le livre d'or du site web de Christine Schmid. Un petit mot gentil (et surtout pas un troll, n'est-ce pas?) lui fera plaisir! Pour l'adresse email (obligé d'en laisser une), info@swissmetal.ch est une solution.


Pétition

Le 13 septembre, la partie vaudoise de la pétition Boillat, munie de plus de 1500 signatures, a été déposée auprès des autorités de ce canton. Accueillis par le président du Grand conseil vaudois, et accompagnés de 3 député vaudois, les pétionnaires ont pu expliquer le contenu de la pétition de manière détaillée, et ont reçu une écoute attentive. Il seront prochainement reçus par la commission des pétitions. Le Journal du Jura en a aussi parlé.


Pages de gauche

Karl a reçu une commande pour un article, qu'il s'est empressé de rédiger. C'était pour le journal Pages de gauche, un mensuel d'opinions socialistes. Comme son nom l'indique, ce journal n'a que des pages de gauche. Et pas de pages de droite. Les lois de la géométrie s'opposant à celles de l'orthodoxie des camarades, il y a quand même de pages de droite, en fait, mais elles sont toutes blanches. C'est une subtile manière de démontrer que la droite n'a pas d'idées ou qu'elle n'a qu'à la fermer. Le problème, dans tout ça, c'est l'écologie. Toutes ces pages blanches... Il va encore falloir revoir le programme politique!

Trève de plaisanteries, mais je n'ai pas pu m'empêcher... Le titre est comme une perche tendue au vilain railleur qu'est Karl. Voici, tout de même, l'article.

vendredi, septembre 08, 2006

Economie pouet pouet

Piraterie

Selon Adam Smith, la richesse se définit comme "toutes choses nécessaires, commodes et agréables à la vie". On crée de la richesse en extrayant du cuivre d'une mine, en faisant pousser du maïs, etc. On peut aussi créer de la richesse sous forme de valeur ajoutée, par exemple en transformant des métaux bruts en alliages. On peut encore créer de la richesse sous forme de services, en investissant des capitaux, en rédigeant des courriers, ou en conseillant un client. Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire ont donc une capacité à créer des richesses. Ainsi, on peut quantifier l'utilité d'une entité économique relativement aux richesses qu'elle crée. Qu'on soit capitaliste, communiste ou autre, la création de richesse est usuellement considérée comme la finalité des entités économiques.

Des cas, cependant, existent, où une entité économique ne crée pas de richesse, et parfois, même, en détruit. On les nomme des raiders (pillards). Question pour un champignon: trouvez un exemple d'une telle entité. Voilà, tout le monde a trouvé, il s'agit de Laxey. Bravo, vous avez gagné le Larousse des vins et un CD interactif avec Julien Lepers! Ce fonds de placements, en effet, ne crée pas de richesse car ses investissements n'ont pas pour objectif d'augmenter les performances de l'entreprise qui en bénéficie, mais de jouer des coups spéculatifs. En règle générale, Laxey transfère des richesses (sous forme de capitaux) d'un lieu où elles sont utiles (une entreprise productrice de richesses) vers un lieu où elles sont moins utiles (des investisseurs ayant des moyens élevés, qui épargneront leur gain -ce qui amoindrira fortement son utilité- ou le réinvestiront dans un autre coup spéculatif). Dans le pire des cas, le transfert de richesse tue l'entreprise ciblée (ce qui aurait pu arriver à Saurer, si les dividendes énormes demandé par Laxey avaient été acceptés par les actionnaires). Bref, Laxey est un destructeur net de richesses.

On comprend donc mieux pourquoi quelqu'un qu'on ne soupçonnera en aucun cas d'être un adepte des plan quinquennaux, Jean-Claude Péclet (et avec lui la presse alémanique, jusqu'à la NZZ), dénonce avec virulence les manoeuvres de Laxey dans les pages du Temps (lien payant). L'éditorial est titré "La face détestable du capitalisme", tout un programme (mais pas quinquennal!). JCP voit toutefois un argument positif en faveur de ces raiders: ils obligent les entreprises à se remettre en question et à améliorer leur efficacité économique. En gros, l'intérêt des raiders consiste en ce qu'ils apprennent aux entreprises à s'en protéger, et que ces mesures de protection sont génératrices de richesses (l'entreprise augmente ses performances). C'est un peu comme si quelqu'un prétend que le cancer a un intérêt, celui de forcer l'humanité à y trouver des parades, ce qui fera progresser les connaissances... Nous sommes tous d'accord pour préférer un monde dans lequel le cancer n'existerait pas. Euh non, chez Laxey, ils ne sont pas d'accord.

On se souvient que Laxey avait organisé, voilà une semaine, une conférence de presse dans laquelle était demandée la convocation d'une assemblée générale extraordinaire de Saurer, dont ce fonds est l'actionnaire principal. Le but était de renouveller le conseil d'administration en y proposant de nouveaux administrateurs. Bref, une sorte de putsch. L'opération a parfaitement réussi, puisqu'elle est parvenue à pousser le groupe Oerlikon (ex-Unaxis) à lancer une OPA sur Saurer. Avant l'OPA a eu lieu, toutefois, un rachat des actions possédées par Laxey, à un prix très élevé, ce qui semble avoir permis à Laxey de retirer une plus-value de 40%. Le montant proposé par Oerlikon (qui vise l'obtention de 50,1% du capital action) pour l'OPA elle-même est, quant à lui, fixé au minimum autorisé par la loi.

Dans Le Temps (lien payant) du 7 septembre, Myret Zaki estime même, experts à l'appui, que le cours de l'action de Saurer aurait subit toutes sortes de manipulations préalables, dont des achats d'actions effectués par un ou des membres du conseil d'administration, dont l'effet a été de faire monter le cours, juste avant que Laxey ne vende sa participation. Or, Preston Rabl, patron de Laxey, est membre dudit conseil d'administration... Et l'acquéreur mandaté est, indirectement... Laxey. Le tout pour une somme d'environ 17 millions de francs, répartis en 3 tranches. Oui, ça sent le sapin.

Autrement dit, Laxey, après une présence on ne peut plus contreproductive dans le capital de Saurer, s'en va avec de juteux bénéfices. Tout cela dans un méli mélo ridicule de déclaration sur la vocation industrielle des investissments du fonds. Avant l'assemblée générale de Saurer, Roger Bühler, patron de Laxey en Suisse, prétendait que son entreprise n'était pas là dans une optique à court terme. Ensuite, reconnaissant les bienfaits de la stratégie de Saurer, Laxey voulait néanmoins la rendre impossible. Finalement, chez Laxey, on a poussé le burlesque jusqu'à prétendre, en gros, que l'arrivée d'Oerlikon était une bonne chose pour Saurer, et que donc, Laxey avait fait du bon travail. Il faut oser.


Du côté de chez nous

Mais alors, que fait Laxey chez Swissmetal? Qu'y préparent-ils? Le suivi du cours de l'action Swissmetal indique, depuis longtemps, que des choses douteuses s'y passent, notamment pour faire monter l'action. De plus, depuis l'annonce des chiffres semestriels, d'assez important volume -dans les 100'000 actions par paquet- sont échangés hors bourse. En tout, nous ne sommes pas très loin d'un total de 10% du capital action échangé de cette manière. Qui est l'acheteur? Si c'est Laxey, il s'approche des 30% qui l'obligeront à lancer une OPA sur Swissmetal. Si c'est un autre, il existe peut-être un investisseur qui, à la manière d'Oerlikon chez Saurer, se prépare à prendre le contrôle du groupe. Pour Laxey, la seconde option est certainement la meilleure. Pour Martinou, revendre Swissmetal a toujours été une fin en soi.

Quelques événements permettent dès lors de prendre la température. Le premier est le rapport semestriel de Swissmetal, qui était emballé dans un papier brillant de 100 feux: la success story du CN8. 2 détails semblent échapper à Swissmetal: la production de cet alliage n'est pas, en ce moment, évidente (l'Osprey est à la Boillat, avec bien du personnel manquant pour le faire fonctionner de manière optimale, sinon correcte). Et, plus cocasse, il y a une photo d'avion en fin de document, censée illustrer la toute puissante technologie swissmetalienne du CN8. Or, l'avion en question, au vu de l'apparence des réacteur, ne doit pas dater d'hier... Mais de uel avion s'agit-il, alors? Avis aux spécialistes! Il faut aussi se rappeler que, dans le rapport lui-même, la valeur du stock, évaluée au cours actuel, est plus que mise en avant.

Ce n'est pas tout, puisque récemment, un communiqué de Swissmetal a paru, pour nous apprendre une autre success story. Que c'est beau, tout ce succès. En substance, il est raconté que Swissmetal a un client, et pas n'importe lequel, puisqu'il est stratégique. Normal, c'est un client américain, pas un de ces barbares de décolleteur jurassien! Le clint en question s'occupe de quelque chose de très vendeur, pusqu'il s'agit de fibre optique. Ca fait mieux que les pointes de stylo, non? Cepdendant, la fibre optique étant en verre, il n'est pas évident d'établir le lien avec un alliage cuivreux (il s'agirait de connecteurs, et donc, lesdits connecteurs se situent soit en amont, soit en aval de la fibre optique). Passons.

Le client en question s'intéresse donc au NP6, un tout nouvel alliage. Tellement nouveau qu'à la Boillat, on n'est pas sûr de pouvoir le prooduire. Qu'importe, la peau est vendue par Martinou, aux Boillat d'aller tuer l'ours. Si le développement du NP6 était bien avancé avant la grève, l'industrialisation de cet alliage n'était pas totalement achevée. En théorie, les plans de fabrication existent, mais le procédé n'était pas maîtrisé de manière routinière. Maintenant que les spécialistes du NP6 ont été licenciés, les inconnues concernant sa production sont plus nombreuses que les certitudes. Les personnes interrogées par Philippe Oudot à ce propos sont d'ailleurs encore plus cinglantes.

Dans ce communiqué, on retrouve, pour des raisons non élucidées, une remarque mettant le NM6 dans le même panier que le NP6. Or, usuellement, le NM6 est un maillechort servant à produire des pointes de stylo. Le manque de clarté du communiqué, à ce propos, laisse assez songeur.

Cette semaine, Martin Hellweg et ses sbires ont eu 2 rencontres "Boillat" au programme, l'une suivant l'autre. La première était celle des Femmes en colère. Martin Hellweg s'y est présenté accompagné uniquement de Christine Schmid, qui faisait la traduction. L'a-t-elle déclamée en vers sur fond de musique d'opéra? Le mystère demeure. Tout est que Martinou voulait privilégier le côté informel et humain de la rencontre, et a donné de lui une image exceptionnellement humble. Il n'avait même pas son ordinateur portable, c'est dire. Il s'en est fallu de peu pour qu'il vienne en short et sandales, avec un pack de Feldschlössen et des saucisses. Les Femmes en colère ont, semble-t-il, pu expliquer à l'intéressé tout ce qu'elles ont souhaité. Une demande qu'elles ont faite consistait en la nomination d'un nouveau directeur de site pour Reconvilier, externe à Swissmetal. L'oiseau rare serait en train d'être recherché. Martinou a laissé entendre, de son côté, que certains réengagements seraient bienvenus et a reconnu avoir fait des erreurs (mais n'a évidemment pas dit lesquelles, ô surprise). Alors, emberlificotage ou pas? Nécessairement, Martinou ne fait rien gratuitement. Mais dans quel but?

La réunion suivante était une discussion informelle réunissant Martinou, Fridou, Ras le Bols, et Sam le domestique d'un côté, et R. Ambrosetti, A. Daguet et des représentants du personnel de la Boillat de l'autre. L'ambiance a, semble-t-il, été moins détendue, même si elle n'a pas été pour autant houleuse. La direction du groupe a en tout cas souhaité réaffirmer sa stratégie (atelier de finishing à Reconvilier) haut et fort, et Fridou aurait siffloté le refrain "vous avez cru tuer Swissmetal, mais on est touours là, nananèèère!" (un peu comme certains trolls sur le blog). D'habitude, même pour quelqu'un d'aussi bien doté en méchanceté et d'aussi mal doté en intelligence que Fridou, ce genre de ritournelle est fredonné lorsque la situation est limite. C'est un peu le ski extrême de l'économie.

D'autres éléments, encore, venus d'ailleurs, mais impossibles à citer parce que peu vérifiés, laissent penser que les événements pourraient s'accélérer prochainement.

En fait, Karl pense, vous l'aurez compris, que Martinou cherche à vendre Swissmetal. Mais, hypothèse cavalière et à réfléchir, Karl se demande si l'acheteur n'est pas déjà en train de s'attaquer au morceau. Si c'est le cas, il pourrait avoir quelques conditions préalable comme "faire remarcher la Boillat", ce qui expliquerait les annonces fumeuses du genre NP6, destinée à répondre à cette exigence. Un scénario à la Saurer n'est donc pas exclu.


Informatique solitudinale

JB, merci à lui, a posté un petit quelque chose qui pourrait en intéresser plus d'un:
Technique du net : il arrive parfois que le browser (IE, firefox, etc...) charge une ancienne page en cache lorsqu'on se rend sur http://laboillat.blogspot.com. Et du coup, grosse déception de ne pas trouver le tant attendu nouvel édito de Karl.

Pour pallier ce défaut, il suffit de faire CTRL-SHIFT-F5, ou CTR-SHIFT et clic sur le bouton recharger/actualiser.
Shreck, quant à lui, alimente son blog de souvenirs concernant la grève. Un regard tout à fait intéressant sur cette histoire. Plutôt que vous tenir une théorie là-dessus, je vous recommande d'aller voir par vous même.


Pic-nic

Aujourd'hui, les personnes qui travaillaient à la Boillat au 25 janvier 2006 ont été invitées à un pic-nic. Karl leur souhaite de passer un excellent moment!

lundi, septembre 04, 2006

Solitude windowesque

La Boillat et alentours

Les carnets de commande de la Boillat son plutôt bien remplis en ce moment, même si quelques marchés juteux semblent avoir définitivement échappé à Swissmetal, faute de personnel à même de poursuivre le développement et de mettre en place la production de certains alliages. Avec ce qu'il reste comme personnel, il y a du travail par dessus la tête. Même la Loewy, qu'on croyait silencieuse à jamais, se prépare à reprendre du service, suite à de gros efforts fournis en ce sens (efforts auxquels le chef de gare n'a pas pris part, à l'exception de tentatives de récolte de lauriers: il aime trop cette herbe aromatique, que voulez-vous). Swissmetal, pour absorber la surcharge de travail, réembauche à tour de bras. Les emplois repourvus se comptent par dizaines, et sont pris, pour beaucoup, par des intérimaires. Certains licenciés, toutefois, reviennent, sous les demandes pressantes d'anciens collègues non licenciés, où pour répondre à des besoins particuliers. Bien sûr, on ne voit nulle part de communiqué de presse écrit par Martinou, qui mentionnerait quelque chose comme: "Pour faire face à une croissance fantastique de la demande, et des bénéfices que vous, chers actionnaires, aller en retirer, je dois même engager du personnel!" Non, la discrétion est de rigueur, allez savoir pourquoi.

Philippe Oudot, dans son tour d'horizon du 30 août (merci à JB pour cette précieuse archive!), explique que "la grève n'est plus qu'un lointain souvenir". Eh oui, elle paraît loin, la grève. Dans cet article, comme selon d'autres sources, il semble que bien des Boillat sont tiraillés entre 2 sentiments. En premier, il y a le plaisir de revoir cette usine fonctionner, alors qu'on a souvent pu se demander si, un jour, la Boillat sortirait à nouveau du silence. Il y a aussi le fait d'avoir encore un emploi, et un salaire, même si sur la durée, l'incertitude plane. En second, il y a la tristesse de constater que Martinou est toujours là, et que le bon fonctionnement de la Boillat contribue à sa sauvegarde. L'ambiance n'est donc pas au beau fixe, même si l'on fait contre mauvaise fortune bon coeur.

Phlippe Oudot nous renseigne tout particulièrement sur les clients, dont le taux de satifaction va de "nul" à "supportable" (comme pour Premec). Cependant, on sait que plusieurs clients ont reçu une lettre de la part de Swissmetal, où il leur était simplement proposé d'annuler leur commande sans frais. Les commandes en question devaient être suffisamment ancienne pour que le cuivre nécessaire à leur production, et réservé au moment de la commande, soit extrêmement rentable sur le marché des matières premières.

Sur le front des actionnaires, il faut noter que Swisscanto, selon le Juju du 31 août, a entièrement liquidé ses actions de Swissmetal. Les pressions exercées sur Swisscanto y sont-elles pour quelque chose? On aurait peine à croire que non. Mais il convient aussi de reconnaître que, du point de vue d'un investisseur sérieux, Swissmetal ne prend pas le chemin du succès. Laxey fait aussi parler de lui. Principal actionnaire de Saurer, le hedge fund a convoqué une conférence de presse qui a déclenché quelques mouvements spéculatifs. Les spéculateurs ont néanmoins été déçu puisque Laxey n'a pas lancé d'OPA. Roger Bühler est plus malin que ça: au lieu de débourser de l'argent pour prendre le contrôle de Saurer, il va convoquer une assemblée générale extraordinaire et y proposer de remplacer la plupart des membres du conseil d'administration par des personnes à lui.

L'activité offensive de Laxey -tout à l'opposé de Swisscanto-, montre que ce fonds n'est pas chez Swissmetal pour faire de la figuration, ce qui n'est d'ailleurs pas une surprise. Au niveau de la bourse, les mouvements, ces derniers jours, font partir le cours à la hausse (plusieurs pourcents depuis l'annonce des résultats semestriels). Cependant, les résultats en question ne justifient pas cette augmentation du cours, étant donné la piètre performance de Swissmetal. Beaucoup de transactions (l'écrasante majorité en termes de volume) ont d'ailleurs lieu hors bourse, et Karl voit mal comment elles ne refléteraient pas une nouvelle concentration de l'actionnariat de Swissmetal. Que se passe-t-il donc en coulisses?

Une hypothèse est que, Martinou cherchant une porte de sortie honorable (c'est assez raté pour le moment), il cherche à vendre le groupe, ainsi qu'il l'avait certainement planifié dès le départ. Cependant, au vu de la situation, la vente ne doit pas s'avérer aisée.


Défaite?

Sur le blog, on lit souvent, entremêlé de remarques impolies (qui peuplent néanmoins, c'est leur grand mérite, ma pesante solitude informatisée et ma frustration d'asocial), que la lutte se solde par une défaite pour les Boillat. S'il fallait vraiment trancher maintenant, ce qui n'est pas très pertinent, Karl aurait presque envie de dire "victoire", bizarrement. Il ne le crierait pas, parce que s'il y a victoire, elle est on ne peut plus amère, lourde de 133 licenciements scandaleux (le mot est très faible), et pleine d'incertitudes. Mais, sans cette lutte, la Boillat serait en plein démantèlement, non seulement au niveau humain, comme c'est déjà le cas, mais aussi au niveau matériel. L'osprey serait probablement en route pour Lüdenscheid, tandis que le 10 tonnes irait finir ses jours quelque part dans les pays de l'est. Au lieu de ça, la grève à montré à tout Swissmetal, jusqu'au plus demeuré des membres de son conseil d'administration (certains ont néanmoins la coutume tenace d'y dooormir), que la Boillat était la pièce centrale du groupe. Et maintenant, Swissmetal met énormément de forces (et même d'argent, chose incroyable) pour faire fonctionner la Boillat.

Tout cela dans une ambiance de fin du monde qui laisse présager 2 possibilités: de gros changements au sein de Swissmetal, ou la mort du groupe (ce qui pourrait signer l'arrêt de mort de la Boillat). Les idée de Martinou et de Volklore restent identiques. Pour le premier, comme on l'a vu, vendre Swissmetal clé en main, et pour le second, transférer la production de la Boillat à Lüdenscheid. Mais ces projets prennent du retard, beaucoup de retard, et volent d'échec en échec. De plus, à la tête de Swissmetal, la suspicion doit commencer à régner, étant donné les doses de mensonges, maintenant éventés par la dure réalité, que les uns ont fait avaler aux autres.

Jusque là, la conjoncture, au travers de la hausse des cours du cuivre, est venue au secours de Swissmetal. Viendra-t-elle, un jour, au travers d'investisseurs, au secours de la Boillat? si la victoire doit être amère, il est en tout cas trop tôt pour annoncer la défaite.


Ca croustille

Un joyeux anonyme a récememnt soumis à Karl une nouvelle assez... je vous en laisse la surprise. Tout commence par une devinette: qui est le directeur de Busch-Jaeger? Ceux qui répondent "Volker Suchordt" se trompent. Et ils copieront 100 fois: "Je dois lire l'organigramme de Swissmetal, car c'est très stimulant". Non... Ce serait inhumain. Tout est que Volklore est devenu, le 19 février 2006, vice-président exécutif de Swissmetal. On aurait pu croire qu'il n'avais pas pour autant laissé son poste de directeur de Busch-Jaeger à un autre. Erreur! Alors, qui est le directeur de Busch-Jaeger? Depuis le 11 août 2006, une vieille connaissance occupe ce fauteuil, telle un petit parasite. Il s'agit de... Patrick Huber-Flotho. Oui, cet obscur personnage qui a laissé une belle ardoise au fisc schwytzois. Oui, celui-là même qui faisait des manipulations douteuses dans l'immobilier (souvenons-nous de l'achat d'un immeuble administratif à Olten pour Swissmetal, ou de sa tentative échouée d'imposer ses vues à propos du fonds de pension de la Boillat). Plus récemment, dans un droit de réponse publié dans le Journal du Jura et daté du 13 décembre 2005, il écrivait:
"Sous le titre «Swissmetal - Fermeture de la Cantine DSR», votre journal prétend (édition du 7 décembre 2005 ) qu'en tant que consultant de Swissmetal, j'avais l'intention de fermer la Cantine de Swissmetal à Reconvilier. Cette présentation est fausse. Mon mandat était d'étudier les possibilités de réduire les frais de cette Cantine en respectant les directives suivantes, soit de maintenir la Cantine et son niveau de service à des prix raisonnables et en gardant le personnel actuel. Ces directives sont toujours valables! Il est donc également faux de dire qu'une fermeture de la Cantine serait actuellement à l'étude, comme votre article voulait le faire dire à M. Sam Furrer. Je suis persuadé que des économies substantielles peuvent être réalisées au profit de Swissmetal et de ses employés."
L'avenir a montré que la prose de P. Huber-Flotho avait de fortes ressemblances, sur la forme comme sur le fond, avec celle du maîîître. Quand il dit "nooon" sur le ton d'un agneau qu'on égorge, il faut entendre "ouiii" sur un air de marche militaire. Bref, comme son grand ami Martinou, qu'il suit à la trace, de faillite en faillite, Patrick Huber-Flotho a une forte propension au mensonge. Chose hautement amusante, personne, du côté de Swissmetal, ne s'est vanté de sa nomination. A croire que la fierté de tuyauter ses petits copains à n'importe quel prix ne ferait pas plaisir à tout le monde. Comment Rolf Bloch disait-il? "Coterie".

Le joyeux anonyme qui a renseigné Karl a même construit un document complet, retraçant les péripéties de P. Huber-Flotho. Cette petite merveille est téléchargeable ici. Merci à lui!


Tiens, à propos, comment va monsieur Ragusa?

Rolf Bloch ira raconter, le 21 septembre (mais les inscriptions sont malheureusement closes: mes excuses pour cet oubli!) son expérience médiationnesque à l'Université de Neuchâtel. Karl tentera de fournir un compte-rendu des interventions. Juste avant Rolf Bloch, qui parlera de Swissmetal, Fabienne Blanc-Kuhn exposera le cas des négociations de CCT. De toute façon, Karl les voit mal aller raconter l'échec dont ils sont les auteurs à la Boillat. Donc, il y aura du positif (mais pas trop quand même, car il faut rester réaliste). "Oui, les choses ce sont mal passées, mais moins mal que si la médiation n'avait pas eu lieu", dira peut-être Rolf bloch, avec son sens aigü de la diplomatie. Il faut donner une bonne image du dialogue social. Et il faut sauver l'honneur. Tout de même.