dimanche, décembre 24, 2006

Joyeux Noël et bonne année!

Version 3.
Cet "édito" sera modifié jusqu'au 31 décembre.
A venir: les dernière nouvelles de la Boillat et le traditionnel bilan.
-Quelques nouvelles ont été ajoutées.

-Une partie concernant le dernier Torchinou et une autre sur la lettre des commissions du personnel ont été ajoutées.
-Voilà, il est l'heure des traditionnels voeux pour la nouvelles année, que je vous souhaite belle et heureuse!


Noël

Noël, comme on sait, est l'histoire d'une naissance. Une naissance entourée de la chaleur d'un âne et d'un boeuf. A cette époque, voilà plus de 2000 ans, l'âne était brave, dur à la tâche, porteur de lourdes charges, et plutôt gentil. Le boeuf servait bien lui aussi, avec sa force, et c'était une bonne bête. Et, nous dit l'histoire, même leur souffle était bienfaisant, dans la nuit.

Autres temps, autres moeurs, la tradition de l'anthropomorphisme (où l'on assigne des caractéristiques humaines à, par exemple, des animaux) nous a mené bien loin de cette image, pourtant exacte. "Espèce d'âne" ou "gros boeuf" sont des expressions qui ne rendent pas justice aux animaux, et qui sont tout sauf des compliments.

Autre temps, autres moeurs, sur le berceau de la Boillat sont venus de gros ânes et de gros boeufs, respirant d'un souffle malfaisant. Exotisme oblige, un buffle a même fait son apparition. Plus que malfaisant, son souffle est carrément toxique. Ainsi entourée de cette triade de mauvais génies, la Boillat, en l'an 2006, a bien froid. Mais, sans les milliers de personnes qui, d'une manière ou d'une autre, font quelque chose pour elle, ce serait sans doute pire.

Non, décidément, ni l'âne, ni le boeuf, ni le buffle ne méritent d'être comparé à ces caricatures que sont Martinou et sa clique. Soyons, pour Noël, un peu vieux jeu, et rendons grâce à ces sympathiques bêtes, amies de longue date du genre humain, comme on le faisait voilà des millénaires. Karl les salue donc, elles qu'on peut respecter, contrairement à la clique en question.


Merci!

Karl remercie, du fond du coeur, celles et ceux qui viennent lire ce blog, qui viennent y poster des commentaires, qui lui envoient un petit mot de soutien ou des renseignements. Ce blog, au fil du temps, ressemble un peu à une fourmilière. Sous les pages qu'on y lit, l'aide que j'ai reçue pour les écrire ne saurait être calculée. Merci!




Karl vous souhaite un
bien joyeux Noël,
à vous
et à vos proches,rempli
de chaleur et d'humanité!


Quelques nouvelles

La première est celle de la fermeture de la Lingotière -le restaurant de la Boillat- juste avant les vacances. Le dernier repas a eu lieu mardi 19 décembre. Ensuite, nettoyage, remise des locaux, puis la Lingotière a fermé ses portes, dans la tristesse (voir dans le Journal du Jura). Les commissions du personnel de la Boillat ont relevé à juste titre, dans leur dernier courrier à Martin Hellweg (Philippe Oudot en a parlé dans le Journal du Jura), que "Les coûts engendrés par cette manifestation ont été certainement supérieurs à une année d’exploitation de la Lingotière". Il leur a été répondu (ce qui figure dans le résumé de la séance entre commisions du personnel et direction du groupe) que la Lingotière était une "charge", alors que jouer aux ivorgnes dans des cabarets en Allemagne est un "investissement". En effet, pour créer une "culture Swissmetal", il faut absolument verser des pots de vin (dans tous les sens du terme) à l'encadrement pour le fidéliser. Cette fermeture s'inscrit néanmoins de manière cohérente dans la stratéchie. Avec une Boillat à 60 employés, comme c'est toujours prévu (mais pas avoué), à quoi bon avoir un restaurant d'entreprise?

Parlons-en, de la stratéchie, puisque nous y voilà déjà. Il s'agirait, durant la première moitié de 2007, de stopper les presses de Reconvilier au profit de la nouvelle presse de Dornach. Le bâtiment de la nouvelle presse vient, semble-t-il, d'être achevé et la nouvelle presse n'est pas encore arrivée. Mais, bien sûr, dans l'Olympe de Volker Suchordt et de Martin Hellweg, cette presse fonctionnera à plein régime dès que les ingénieurs auront tourné le bouton "on". Toujours dans cet Olympe, démanteler la fonderie de la Boillat ensuite se fera sans frais. Déjà avant la grève de 2006, les coûts de ce déplacement dépassaient probablement ce que Swissmetal pouvait supporter. Maintenant que l'entreprise est à cours d'argent (à part sous la forme de nouvelles dettes), où vont-ils trouver les moyens? Ils s'agit tout de même de plusieurs dizaines de millions de francs.

Mais ce n'est pas tout: à la Boillat, des alliages clés, censés être à nouveau produits depuis plusieurs mois, ne seront en aucun cas productibles avant plusieurs mois. Et les commandes sont souvent déjà prises (auprès de mirifiques "donneurs d'ordres" de "l'industrie pétrolière" entre autres, qui ont reçu des échantillons d'avant la grève). Par ailleurs, les activités de la Boillat ont été stoppées graduellement, au point que, quelques jours avant les vacances, la différence entre les périodes de grève et ces moments-là n'était pas manifeste. Et l'inventaire de fin d'année aurait été mené par une entreprise externe: Swissmetal ne veut surtout pas qu'il soit possible, à l'extérieur, de calculer l'état du stock autrement que par des hypothèses successives. Il serait alors facile de savoir, si c'est le cas, quelle partie du chiffre d'affaire lié aux ventes de stock a servi à gonfler artificiellement la valeur ajoutée brute, et quelle quantité a été vendue.

La Stratéchie est aussi maintenue, selon le résumé de séance déjà mentionné, en ce qui concerne la nomination d'un directeur de site à Reconvilier. Pas question de mettre en place un directeur ayant un réel pouvoir (en termes d'investissements, d'administration, etc.): les Boillat se contenteront d'un "responsable finishing". A voir, toute possibilité de rendre un minimum d'autonomie à la Boillat donne des frissons à Martinou, même si ce serait la seule solution pour permettre à Swissmetal de redevenir bénéficiaire. Couler l'entreprise plutôt que tirer les conséquences de ses erreurs, telle est la doctrine de la secte hellwego-suchordtienne.

Et ce n'est toujours pas tout! Le résultat de l'audit ISO a été mitigé. Ce qui fonctionne encore à la Boillat, c'est, tout simplement, ce que font encore les Boillat. Ce qui ne va pas est le fait de la dictature Swissmetal. Il s'agit, en particulier, du respect des normes écologique, dont le taupier est responsable. Ce qui prouve, s'il le fallait encore, que ceux qui ont trahi les grévistes sont aussi les plus incapables. Un moment d'humour est lié à Martin Heuschkel, le responsable informatique du groupe. Ce dernier, comme c'est mentionné dans le nouveau Torchinou, a remplacé la messagerie Lotus Notes par Microsoft Outlook juste avant l'audit. Or, par cette messagerie transitent des choses stratégiques, et mettre cette nouveauté en place à un moment critique ne manquait nullement de bêtise. Les auditeurs ont apprécié. Mais voilà, Swissmetal paie ses cadres en fonction d'objectifs personnels à atteindre, et M. Heuschkel voulait probablement faire déborder sa petite crousille avant nouvel an, histoire de mettre un peu de foie gras sur les épinards. Comment un tel impair est-il possible? Chez Swissmetal, le responsable informatique, qui gère toute l'infrmation, y compris les secrets que nous aimerions bien connaître, est de ce fait un prince. Et la confiance ne se construit qu'avec l'argent, dans l'entourage de Martinou.

Tout ce délire semble trop incroyable pour être vrai, pourrait-on objecter. Pourtant, Karl ne voit qu'une explication (qu'on pourra qualifier de radicalement historiciste): Martinou et Volklore (qui se complètent à merveille) sont convaincus que la réalité n'existe que dans la mesure où leur volonté lui donne forme. Oui, ils sont un peu égocentriques, que voulez-vous. Oui, ils se prennent, en quelque sorte, pour des dieux. Entre le marteau de ces 2 prophètes déjantés -et effectivement marteaux- et l'enclume de la réalité -qui est bien dure-, un personnage semble devoir définitivement hisser le drapeau blanc. Il s'agit d'Henri Bols, qui n'est, en toute logique (mais la logique, ce n'est pas valable pour des dieux, voyez-vous), pas capable de concilier les désirs de son maîîître et les faits bruts. Il n'est même pas possible de traiter Henri Bols d'incompétent puisque, en l'occurence, qu'y peut-il? Tout est que le fusible a l'air de devoir finalement sauter, et devrait gentiment préparer ses valises, direction la mine de sel.

Encore un Torchinou

Swissmetal News, 4e du nom, est paru le 22 décembre 2007. Ainsi, les Boillat ont pu tempérer le plaisir de recevoir leur paie en découvrant leur petit Torchinou avec leur fiche de salaire. Mais il ne faut pas bouder son plaisir: cette nouvelle livraison contient largement de quoi animer les soirées festives de fin d’année.

Comme a dit Plutarque, et 2 fois pour qu’on comprenne bien, "L’âme n’est pas un vase qu’il faille remplir, c’est un foyer qu’il faut échauffer". Si, si, c’est dans le Torchinou, donc ça doit bien vouloir dire quelque chose de très profond. N’allons pas penser que Plutarque s’oppose à une vision platonicienne de l’âme. Non, les spécialistes que sont Sam Furrer et Christine Schmid poussent l’analyse au-delà de ce que peut concevoir la pensée humaine. Ils la poussent tellement loin que Karl n’y comprend rien, d’ailleurs. Il faut dire que nos 2 fins exégètes n’ont pas pris la peine de nous livrer le mode d’emploi de leur art de la citation. Car, après l’art de la délation et celui de la démotivation, il faut bien se rendre à l’évidence: chez Swissmetal, il existe un art de la citation dont la "substantifique mœlle", comme disait Rabelais avec le sérieux d’une "borne kilométrique" (comme l’écrirait peut-être bien Michel Houellebecq), échappe définitivement à Karl.

"L’âme n’est pas un vase qu’il faille remplir, c’est un foyer qu’il faut échauffer". Y aurait-il là une métaphore de métiers de la métallurgie? Vaudrait-il mieux faire chauffer le four sans le remplir? Mais alors, comment l’induction électrique fonctionnerait-elle? Que de mystères, j’abandonne!

Pour approcher de plus près les profondeurs verbales Swissmetaliennes, tentons d’analyser l’article de Sam Furrer. Un vrai numéro de cirque que ce texte, avec ses images de petits animaux. Tout d’abord, nous remarquons que les questions, essentielles selon Sam Furrer, du devenir d’une entreprise, de ses règles générales, de comment travailler ensemble, etc., ne sont abordées qu’"Après que Swissmetal se soit lancé dans une stratégie très exigeante". Le bœuf entre sous le chapiteau, avec une charrue devant lui. Ainsi, dans le but de commencer par la fin, la direction du groupe a passé 2 jours (!) à ne discuter que de "vision" et de "valeurs" (à placer sur un compte en banque). Tout est que vision et valeurs devront être "comprises et adoptées" d’"ici à fin 2007". Dans la vision, il y a une histoire d’esprit critique, mais apparemment, ce n’est pas valable pour ce qui précède, qui doit être adopté. Passons.

"Vision: nous voulons devenir un partenaire de premier choix, global et capable d’apporter des solutions de précision en métal [qu’est-ce qui est en métal? Les solutions ou la précision? Ô mystère Furreresque! NdK] à des marchés de haute technologie". Tiens, la Boillat faisait justement des choses dans le genre, il n’y avait donc pas lieu de "devenir" puisque c’était le cas. Passons aussi. Imaginons le contraire, dont voici le résultat: nous voulons devenir un partenaire de second choix, local et incapable d’apporter des solutions de précision en métal à des marchés, même de basse technologie. Bref, comme on voit, il n’est pas difficile de vouloir ce que veut Sam Furrer. 2 jours de réflexion pour en arriver là… Il y a de quoi se demander grâce à quels produits illicites les visions se sont produites.

Toutefois, ce temps de réflexion hyperactive a servi à choisir "scrupuleusement" quelques mots. Et "derrière les mots de cette phrase se cachent pourtant bien des choses". Il faudra un an pour les méditer, c’est dire! Ainsi, les mots scrupuleusement réfléchis forment une phrase qui n’existe pas (vous pouvez chercher). Si l’on se réfère à l’article, la phrase secrète serait: "Esprit d’ouverture (dauphin) courage (lion) esprit d’innovation (poisson de grande profondeurs) engagement (chien) orientation client (caméléon)". Phrase bizarre, sans grammaire aucune, et constituée partiellement d’images… Il s’agit éventuellement là d’une sorte de proverbe chinois fragmentaire, ou d’un rébus issu de Picsou Magazine. Plus prosaïquement, on pourra envisager que la volonté de Swissmetal de n’engager que des collaborateurs maîtrisant le français (à la Boillat) ne s’applique pas à la direction. L’année prochaine dont il est question devrait ainsi servir, pour Sam Furrer et ses collaborateurs, à faire jaillir une phrase de ces mots, et peut-être à ouvrir le Dictionnaire actif des 1000 premiers mots de l’enfant. Une quête philosophique pleine de suspens est donc en cours du côté de Dornach.

Karl en reste là, en ce qui concerne ce texte effarant de bêtise. Le pire, dans tout ça, est qu’il fait peu de doute que son auteur est réellement convaincu du sérieux de son verbiage. C’est inquiétant, tout de même. Ah, si la direction de Swissmetal prenait la peine d’appliquer de telles déclarations à elle-même. Mais on sait ce que valent les "si", et Paris sera plus vite mis en bouteille.

Karl passe pudiquement sur les merveilles promises par Martinou. Laissons-le à ses visions, qui seront, un beau jour, autant de preuves à charge. La pudeur est aussi de mise pour le pauvre David A. Lucco, artiste et lampiste de service, qui a agité son spray avec une naïveté touchante, voire ridicule (mais pas autant que l’article qui l’encense). Un petit mot sera par contre nécessaire sur la visite des clients à la Boillat. A propos de ces clients, le Torchinou indique que "Quelques uns ont d’ailleurs été impressionnés de voir que la production avait retrouvé un niveau normal à Reconvilier et nous accordent désormais leur confiance." "Quelques uns", ce sont les mots de trop, dans un numéro du Torchinou. Voyons Cricri, il aurait fallu écrire "Tous"! "Tous les clients dooorment", telle devrait être la vérité gravée à l’acide gras insaturé sur ce papier hygiénique.

Petit détail qui a aussi son importance: dans les brèves, il est indiqué que Swissmetal a reconduit une convention d’annualisation du temps de travail. Cette convention aurait reçu l’accord de la "représentation du personnel" et de "la commission d’entreprise". Il convient de noter, comme c’est d’ailleurs indiqué dans le communiqué de presse de Swissmetal, que la représentation et la commission en question sont celles de Dornach, et pas les commissions du personnel de la Boillat. Cette erreur semble trop grosse pour n’être qu’une erreur. Enfin, dans les chiffres du mois, on peut constater que l’effectif de Swissmetal a diminué de 15 personnes.


Une lettre

Il convient de mettre le Torchinou directement en relation avec la dernière lettre des commissions du personnel de la Boillat (dont on trouve un compte-rendu dans le Journal du Jura, et qui est assortie du résumé de la séance ayant suivi la lettre), envoyée à Martin Hellweg le 19 décembre 2006. Riche confrontation, bien que trop inégale pour générer du suspens, entre la bouffonnerie fumeuse de Swissmetal et le pragmatisme sérieux des Boillat.

La lettre trouve sa raison d’être dans un motif bien terre à terre, loin des visions de certains plumitifs: "D’un côté vous dites à qui veut l’entendre qu’il faut se tourner vers l’avenir et que vous désirez renouer le dialogue social avec les différentes parties. […] Nous sommes bien obligés de constater aujourd’hui que la réalité est tout autre!" Certes!

Un des points soulevés dans la lettre est le problème du paiement des 40 heures de travail des Boillat, effectuées lors de la semaine qui a suivi la suspension de la grève. Swissmetal refuse tout simplement de les payer, suite à l’absence de productivité cette semaine-là. Lors de la première grève, en 2004, la Boillat avait redémarré directement à plein régime, dès la signature du protocole d’accord. Mais Swissmetal n’avait pas licencié les cadres et le tiers des ouvriers… Ainsi, à l’énervement des visionnaires de la direction, qui croyaient peut-être que les commissions du personnel allaient laisser tomber (ne cherchez pas une once de rationalité dans une telle attente), l’affaire trouvera probablement son dénouement devant un tribunal arbitral.

Les commissions relèvent aussi que leur direction fait porter le poids de toutes les fautes, à l’envers de tout bon sens, à la grève. "Un peu d’autocritique et d’humilité ne feraient certainement pas de mal", ajoutent-elles. Certes! Et les représentants des Boillat osent même avoir l’insolence d’écrire une vérité au maîîître: "Depuis maintenant dix mois, l’usine de Reconvilier fonctionne presque sans encadrement la majeur partie du temps. Cela doit bien être une situation unique dans le monde!" C’est tout à fait exact. Entre les séminaires de beuverie à Cologne, les cafés philo à Dornach et les transes montagnardes, il y a bien des jours où l’encadrement de Swissmetal est totalement absent de la Boillat. Que cette bande de kapos soit là ou pas, ça ne change strictement rien.

Karl laisse la conclusion aux commissions du personnel qui, avec une politesse courageuse, établissent un diagnostic dont il serait difficile de douter: "Nous devons bien constater que nous ne sommes jamais entendus et que nous tournons en rond". Certes!


La suite des opérations

Il faut reconnaître que les fêtes de fin d’année sont peu propices à l’édition du blog. Entre un petit garnement qui, se croyant sourd, crie de bien belles théories concernant la choucroute, un autre qui risque de semer la mort et la désolation à coup de cigarillos très odorants, et un troisième qui lit par-dessus l’épaule de Karl pour... l’aider, ça n’avance pas!

Ainsi, la suite de cet "édito" est remise à 2007. S’il ne faut pas remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui, que dire de le remettre carrément à l’année suivante? Tout est que la pétition, la plainte de Swissmetal (semble-t-il retirée), et divers documents issus des médias seront traités en 2007.

Et, même si c’est contraire à la tradition, le bilan sera lui aussi écrit en 2007. Il y en aura d’ailleurs 2, un pour la Boillat et un pour le blog.


D’ici là, Karl vous souhaite une belle et excellente année 2007!

Il vous remercie sincèrement pour toute la richesse, même si elle a été tissée de tristesse, des rencontres, virtuelles ou réelles, vécues en 2006! Et il espère que cette année sera, pour la Boillat, au moins l’heure de vérité et au mieux celle d’une sauvegarde tellement méritée! Rendez-vous est donc pris pour continuer le combat.

samedi, décembre 09, 2006

La neige: souvenirs de grève

Version 5. Cet "édito" sera relu, corrigé et augmenté si nécessaire, avec indication ici des modifications. Merci!
-La correctrice a fait son passage. Merci à elle!
-Toutes les analyses des chiffres de Swissmetal ont été créditées. Mes excuses à leurs auteurs.
-La fin des analyses de chiffres a été quelques peu prolongée.
-Les modification présentées ici sont placées en italique.
-L'annonce du noël de l'uZine 3 a été ajoutée en fin d'"édito".


Martinou fait l'épais, mais au régime


Comme Martinou au début de son rapport d'activités du troisième trimestre 2006, Karl vous le dit: il va être franc avec vous (non, ne vous enfuyez pas, c'était pour rire!). Tout de même, ce Hellweg, quel sens de la formule!

En gros, Martin Hellweg est un homme presque heureux: Swissmetal se porte comme un charme, jugez-en vous-même:

"La conjoncture nous est favorable". Ca... Elle l'est.

"Nous avons réussi à maîtriser les suites de la grève au-delà de nos attentes". Vu les derniers événements, il s'est déjà contredit... Passons, Karl y reviendra.

"Divers produits innovants trouvent des débouchés commerciaux". Pour peu qu'il soit capable de les produire, mais c'est une autre histoire, voyons!

"Et grâce à des améliorations de processus, nous utilisons toujours moins de métal et pouvons ainsi réduire progressivement les stocks que nous devons financer avec d'importants moyens". Voilà l'autre histoire, tiens. L'amélioration en question consiste certainement à produire des fils et barres, puis, comme la qualité n'est pas à la hauteur, à les refondre, à refaire tout le processus d'usinage, puis, comme la qualité n'est pas à la hauteur, à les refondre, à refaire tout le processus d'usinage, puis, comme la qualité n'est pas à la hauteur... Parfois, on montre aussi les belles bobines rutilantes à des clients, avant de les renvoyer en fonderie. Avec cette géniale innovation, proche du mouvement perpétuel, plus besoin d'acheter de la matière! Heureusement qu'il reste des processus qui n'ont pas été améliorés...

Mais voilà, malgré toutes ces merveilles, Martin Hellweg est insatisfait (Jacques Allaman, sur la RSR, avait l'air de compatir). C'est un perfectionniste, que voulez-vous. Approcher le mouvement perpétuel est une chose, mais l'atteindre en est une autre, et notre homme le sait, grâce à son inégalable instinct d'entrepreneur. Ainsi, certains "facteurs exceptionnels" l'obligent à présenter des résultats certes bons (on y croit!) mais qui pourraient être meilleurs:

"Malgré une évolution positive de la situation à Reconvilier, nous avons dû conserver des capacités de personnel supplémentaires, afin d'accélérer après la grève le traitement de l'important volume des commandes [pour mémoire, Martinou affirmait, juste après les 120 licenciements, que les commandes avaient chutées, NDK] et de diminuer les délais de livraison qui étaient en partie innacceptables pour nos clients". Il faut comprendre de ceci que Martinou invoque des charges salariales trop élevées pour justifier ses chiffres, et que, comme ces charges sont "exceptionnelles", il faut s'attendre à des licenciements.

Venons-en à la dure vérité, celle que Martinou garde pour le troisième quart, quand le lecteur est fatigué de lire sa prose issue d'un cours du soir pris à Disneyland, et qu'il se prépare à sauter directement à la conclusion:

"Mais il est vrai que ce qui a été particulièrement pénible au troisième trimestre, c'est que nous avons été obligés de refuser des commandes clients car nos possibilités de préfinancement étaient trop limitées". Mais qu'est-ce qu'il faut préfinancer pour une commande, en Suisse (en Allemagne, les choses fonctionnent différemment)? La matière. Il faut acheter des matières premières. Or, pour les personnes attentives, Swissmetal a vendu des métaux sur le marché des métaux "pour une contribution au résultat de 3 millions de francs au troisième trimestre" (page 4 du rapport). Pour obtenir le chiffre d'affaire de cette vente, il faut au moins doubler ces 3 millions. Et ensuite, il faut se demander si ces chiffres ne sont pas fusionnés dans la valeur ajoutée brute [VAB] et quelle est leur contribution réelle au chiffre d'affaire. Une forte odeur de manipulation plane, comme on verra. Ajoutez à cela les 6 millions de bénéfice dégagés par la vente de métaux au premier semestre, et vous saurez immédiatement comment Swissmetal est dans les chiffres noirs (résultat après impôt [EAT] de 3 millions), et pourquoi Swissmetal est à cours de stock.

Les bénéfices du groupe sont stables au troisième trimestre, par rapport au premier semestre. Et la vente de métaux, même si elle dégage de l'argent, se fait à perte, si l'on ne tient pas compte de l'effet de la flambée des cours. En effet, les métaux vendus de cette manière sont de plus en plus des alliages, les métaux bruts se faisant rares chez Swissmetal. Or, pour faire un alliage, il faut payer de la main d'oeuvre et de l'énergie. Et l'acheteur des métaux en question doit aussi investir de la main d'oeuvre et de l'énergie pour en séparer les composants, ou pour leur trouver un usage tel quel. Donc, le travail que Swissmetal effectue sur les métaux vendus n'est pas une valeur ajoutée, mais une valeur enlevée, ou, au mieux, incomplètement ajoutée. Mais voilà, pour Martinou, mieux vaut ça plutôt que d'avouer qu'au troisième trimestre, il a perdu 3 millions.

L'excuse suprême, pour tout ce déploiement de fumigènes, est la suivante:

"Désormais, toute la branche souffre de la flambée des prix des métaux et a bien du mal à préfinancer ses commandes". Karl se demande: combien d'entreprises de la branche vendent-elles la matière nécessaire à la poursuite de la production pour embellir leurs chiffres? Tant qu'on parle de branche: combien de cerveaux de la finance, comme l'est Martinou, élaguent-ils leurs pommiers en sciant celle sur laquelle ils sont assis, et avec une tronçonneuse? Non, il n'y a pas à dire, Martinou est un homme à part. C'est une sacré vieille branche, même (non, Karl ne se lancera pas dans des histoires de "vermoulue" ou de "il faut la couper". Finalement, si).

Mais, Martin Hellweg ajoute que, le groupe regorgeant d'argent, les choses ne devraient pas se passer ainsi. En effet, grâce à son remarquable refinancement ("Depuis l'augmentation du capital en 2004", dit-il), il a dû procéder à la création d'une roue de secours (la possibilité d'émettre de nouvelles actions, ce qui peut tenir lieu de refinancement) et à un nouveau refinancement, encore un, que voici: "Nos chiffres financiers clés sont perfectibles [certes..., NDK] mais suffisamment acceptables pour un financement bancaire". D'habitude, on écrirait "suffisants" ou "acceptables", mais pas les 2. Quand on en est à "suffisamment acceptables", ça veut dire que les banques ne sont pas contentes, et que Martinou a dû ramper aux pieds des banquiers pour qu'ils ouvrent le robinet. Au point que le tenant de la précédente ligne de crédit (sauf erreur le Crédit Suisse) n'a pas voulu accorder de rallonge, et n'a pas voulu maintenir sa ligne si une autre banque en ouvrait une.

Ainsi, malgré le fait que tout va bien, les investisseurs dooorment de moins en moins, et ils ne sont pas "limités aux seuls critères économiques" pour juger. Ils sont probablement venus voir sur place. L'opération a donc consisté en un "transfert complet des obligations [dettes, NDK] existantes" auprès d'une autre banque, à l'étranger (!), dont Swissmetal se refuse à donner le nom. Mais il s'agit, semble-t-il, de la banque Fortis, en Belgique. Bien sûr, selon Martinou, tous ces doutes exprimés par les banquiers sont dus... à la grève.

En page 2, Martin Hellweg revient brièvement avec quelques bonnes nouvelles, déjà abordées au début, mais qu'il vaut mieux répéter plusieurs fois, histoire de faire oublier le reste. Les nouveaux produits (cette fois, il mentionne le CN8, qui n'est actuellement pas productible), la nouvelle presse (dont personne ne sait aujourd'hui ce qu'il sera possible d'en tirer et dont la mise en service a été ajournée), l'"optimisation" du stock (qui fait qu'il n'y a plus de matière première, mais c'était tout de même le meilleur moment pour le vendre, paraît-il).

Malgré toute sa mauvaise volonté, Martinou a bel et bien été obligé d'admettre que certaines choses vont mal. C'est dire si elles vont mal. Mais pourquoi maintenant? La comptabilité devient-elle à ce point impossible à lisser? Le fait d'avoir la SWX qui lorgne du côté de Dornach obligerait-il à plus de clarté? Les nouveaux règlements de la même SWX, qui entrent en vigueur en 2007 et qui exigent des rapports d'activités plus fidèles à la réalité, y seraient-ils pour quelque chose?


Médiatiquement

A quelques exceptions près (oui, Philippe Oudot), les journalistes ont gobé le boa, et avec le sourire. Pourtant, comme on le voit, il n'est pas compliqué de relever qu'une entreprise qui vend son stock de matière alors qu'elle ne peut plus en acheter contient quelque chose, ou plutôt quelqu'un, qui cloche. Mais ça, allez l'expliquer à Daniel Eskenazi, du Temps, trop pressé pour lire le rapport d'activités. Il était plus facile de reproduire la prose de Martinou: c'est tellement fatiguant, de lire, qu'on a envie de s'endooormir.


Quelques chiffres, mais pas trop (si en fait, beaucoup trop!)

Les remarques ci-dessous sont fondées sur les calculs d'une personne mieux à même que Karl (qui est plus "lettres" que "chiffres") de les faire. Les justifier intégralement serait long, mais, le cas échéant, les commentaires sont là pour ça.

Tout d'abord, Karl relève que Swissmetal a mis 2 mois à publier son rapport trimestriel. A titre de comparaison, l'UBS met environ 2 semaines... Mais passons, le plaisir de faire des calculs pleins de millions est tel que Karl pouvait bien patienter un peu! Ô joie, compter des millions, c'est un peu les posséder, comme aurait dit Werner K. Rey.

Il est possible d'analyser les chiffres du rapport d'activités de plusieurs manières. En premier lieu, il est évident que la vente de stock sur le marché des métaux sert à lisser les chiffres et est, c'est vraiment le cas de le dire, contreproductive. Jamais, s'il fallait publier des chiffres exempts de ces bénéfices extraordinaires, Swissmetal ne pourrait prétendre à une amélioration. Et surtout, ces ventes mettent en danger la poursuite de l'activité du groupe.

D'après une analyse proposée par SanA, si l'on calcule la VAB par personne travaillant dans le groupe, on remarque qu'elle est en baisse de 3,4% par rapport à l'année passée. Et si le résultat opérationnel avant amortissements [EBITDA] est en hausse de 46% selon le rapport, on peut aussi le rapporter à un niveau individuel. A ce moment, l'EBITDA par personne est en hausse de 21,9%. De quoi moins saliver. Mais, pour être moins poétique que Swissmetal, il s'agit surtout de recalculer ce chiffre en en retirant le gain sur métal et d'autres effets, pour voir quelle est la productivité réelle du groupe dans son métier (qui n'est pas, malgré les apparences, le courtage de métaux).

[Note de la correctrice: accrochez-vous]

Pour ce faire, on soustrait la VAB (de 89,3 millions) de la marge brute (98,5 millions). La différence obtenue correspond au gain sur métal, qui est en l'occurence de 9,2 millions, qu'il faut maintenant soustraire de l'EBITDA (oui, c'est compliqué). Ca nous donne 17,529 millions - 9,2 millions = 8,329 millions (EBITDA hors gain sur métal, au troisième trimestre 2006). Si l'on fait le même calcul pour 2005, on a 78,267 million (VAB) - 80,955 millions (marge brute) = 2,688 millions de gain sur matière. Ensuite, on soustrait ce chiffre de l'EBITDA de 2005, et on obtient 9,325 millions (EBITDA hors gain sur métal). Exprimé sous forme de pourcents, l'EBITDA hors gain sur métal est donc en baisse de 10,6% par rapport à 2005. En le rapportant aux personnes, la baisse est de 24,2%, ce qui signifie, en gros, qu'il faut 4 employés de Swissmetal en 2006 pour ajouter la même valeur que 3 en 2005. Tout ceci probablement grâce aux "améliorations de processus" et à l'acquisition de Busch-Jaeger.

Ne nous endooormons pas, et continuons les calculs (aïe!). Passons à l'EBIT (résultat d'exploitation). Pour le troisième trimestre 2006, il est de 7,209 millions. En lui soustrayant le gain sur métal (9,2 millions), il est de moins 1,991 millions. Pour le troisième trimestre 2005, il est de moins 18'000 francs. Autrement dit, la baisse de performance sur ce chiffre est d'environ 11'000%. Oui, 110 fois moins bien... Pour l'EAT (résultat après impôt), la déduction du gain sur métal donne moins 6,104 millions au troisième trimestre 2006, et moins 47'000 francs. En pourcents, la baisse est de 12'900%, soit 129 fois pire. Chez Swissmetal, on aime exprimer ses exploits en pourcents, raison pour laquelle il n'y a pas lieu de se priver de faire de même.

Au-delà de ces calculs, on peut aussi se demander de quoi est consituée la VAB. En effet, Swissmetal reconnaît avoir compté, dans son stock, 12,032 millions de valeur ajoutée incluse dans la production propre, au 31 décembre 2005 (rapport annuel 2005, page 41). Cette valeur ajoutée réside donc dans le stock, et n'a pas été produite en 2006. Une estimation, faite de savantes hypothèse, résulte sur le fait qu'environ 9 millions des 12,032 ci-dessus restent comptabilisés dans la VAB des rapports de 2006. Ils ne sont donc pas issus de l'activité industrielle de 2006. Pour connaître l'état de santé de l'entreprise, il s'agit donc de voir si elle vit sur ce que le passé lui a permis d'accumuler, ou sur ce que le présent lui rapporte.

L'analyse qui suit est issue de celle de Paul Sonderegger, ancien directeur de la Boillat, et président de l'Association Nouvelle Boillat. Elle est aussi présentée dans le Journal du Jura). La VAB du groupe, nous l'avons vu, est de 89,324 millions au 30 septembre 2006. Si on en soustrait les 9 millions mentionnés ci-dessus, il reste environ 80 millions. Ces 9 millions peuvent aussi être soustraits de l'EBITDA (ils en composent une partie). De l'EBITDA, si l'on veut obtenir les résultats de l'activité industrielle, il faut aussi soustraire les 9,2 millions obtenus via les gains sur métal. Nous devons donc soustraire 18,2 millions. On a donc: 17,529 millions (EBITDA) - 18,2 millions = moins 0,67 million. Donc, l'activité industrielle de Swissmetal en 2006 engendre une perte d'argent. D'autres méthodes de calcul donneront, au mieux, un EBITDA de moins d'un demi million, ou un EBITDA négatif de plus de 2 millions (c'est le résultat atteint par P. Sonderegger). Il est toutefois difficile de quantifier les ventes de stock effectuées par Swissmetal, et la part qu'elles occupent dans la VAB, raison pour laquelle Karl a essayé de reprendre des calculs médians.

Pour en finir (j'en vois qui crient "enfin!") avec les remarques chiffrées, je signale encore que les fonds étrangers ont plus que doublé, passant de 39,380 millions à fin 2005 à 84,378 millions au troisième trimestre 2006 (en légère baisse depuis le rapport semestriel). Le total des fonds propres, quant à lui, est stable, à environ 120 millions. Enfin, le free cash flow est toujours dans le rouge d'environ 4 millions. Mais, sur une remarque de SanA, Karl a été amené à constater que cette stabilité n'est qu'apparente. En effet, l'addition de l'évolution des dettes à court terme et de celle des actifs circulants (sur la période allant du 31 juin au 31 septembre) montre que la situation du groupe s'est dégradé de près de 6 millions de francs, discrètement poussés sous le tapis.


A qui la faute?

Selon Swissmetal, tous les problèmes imaginables sont dus à la grève, bien sûr. Le groupe met aussi une partie de la faute sur le dos de l'absentéisme, qui a forcé l'embauche de plus de monde. En effet, il faut bien reconnaître que, chez Swissmetal, il y a 21 cadres qu'on ne voit jamais au boulot, et 112 employés qui se la coulent douce on ne sait où! C'est un scandaaale!

Il y a aussi un absentéisme réel, qui a sévi pendant la grève (les absents du piquet, mais ça n'a pas dérangé Martinou) et juste après. Le licenciement de l'infirmière de la Boillat n'a pas arrangé les choses car, malgré tout, elle assurait un certain contrôle de l'état de santé réel des gens. D'ailleurs, le principe est tellement simple que même Martinou l'a compris: une infirmière a à nouveau été engagée. Enfin, Karl imagine que l'ambiance de travail de la Boillat, et la sécurité qui y règne, poussent certains à se porter pâle. Tout cela a une conséquence que la direction de Swissmetal, qui n'a pas coutume d'assumer la moindre part de responsabilité, répercutera directement sur les Boillat. En effet, une baisse de salaire de plusieurs dizaines de francs par mois est planifiée, puisque l'assurance maladie a augmenté ses tarifs auprès de Swissmetal.

Donc voilà, c'est la faute à la grève, c'est la faute aux malades, c'est la faute à la terre qui tourne rond, aux arbres qui poussent, à la neige qui tombe, à la lune et aux étoiles, mais pas à la direction de Swissmetal. Qu'on se le dise, une bonne fois pour toutes!


Torchinou

Pour ceux qui ne se résoudraient pas à comprendre, il y a le Torchinou. De quoi faire avouer à n'importe qui qu'il est l'assassin de Kennedy. Le dernier numéro (le PDF vous épargne 2 pages de photos de toute cette clique buvant des verres dans un music hall) dépasse toutes les bornes en la matière. Il y avait la bière sans gêne, et maintenant il y a le journal sans gêne. Mais alors vraiment sans gêne. Dedans, on peut admirer ces mesdames et messieurs de Swissmetal, qui sont allés faire la bamboula à Cologne, histoire de dépenser un peu d'argent obtenu à crédit. Tout cela pour réaffirmer la stratéchie.

"Au commencement était le verbe", telle est la brillante ouverture choisie par Christine Schmid pour son éditorial. Elle tire de cette phrase biblique le fait que la communication est primoridale. Personnellement, je crois que ce n'est pas exactement ce que voulaient dire les auteurs de la Genèse. Mais enfin, l'exégèse de Cricri se veut résolument avant-gardiste. Du verbe, Fridou a fait un grand usage. Il aurait dit que, quand le maîîître exige, il ne faut pas dire "Oui, mais..." mais plutôt "Oui, je peux!". Et C. Schmid d'ajouter que "la psychologie humaine qui a tendance à mettre en question tout bon début de réflexion", c'est le mal. Ca oui, penser, c'est mal, chez Swissmetal. Surtout, ne pas réfléchir. Le fameux verbe dont C. Schmid parlait est donc "Oui maîîître". Il a l'avantage indéniable de ne pas se conjuguer et de ne pas se décliner, ce qui permet de moins penser. Tout s'éclaire, et c'est bien grâce à "ce qu'est l'étoile pour le marin". Zblef---Plrv---Frotch---Chlblg---Grtl--- A la fin, il y eu la stratéchie.


Mais alors, à qui la faute?

Justement, quand on sent la fin venir, l'étau se resserrer, et le créancier affuter son étude d'avocats, il faut absolument faire porter le chapeau à d'autres. Sinon, c'est "Directement en prison sans passer par le start", comme le sait tout bon joueur de Monopoly. Donc, la direction de Swissmetal a pris une décision amusante, qu'elle nous signale par communiqué de presse. Elle prévoit d'intenter un procès à Unia, pour faire porter au syndicat la responsabilité de la grève, et la lui faire payer "entre 5 et 10 millions de francs". Pourtant, dès après la grève, selon Martinou, cette dernière n'avait presque rien coûté. Au début de l'été, il chiffrait le coût à environ 4 millions de francs. Et maintenant, c'est devenu plus cher, et ça pourrait encore augmenter. L'inflation?

[Petit concours: essayez de ne pas rire en lisant les phrases suivantes]. Bien sûr, Swissmetal "n'agit pas seulement dans son propre intérêt". Non, là, c'est autre chose: il faut "clarifier" juridiquement les responsabilités liées à cette grève dans "l'intérêt public". Si, si, c'est écrit noir sur blanc. En fait, la tactique est, je crois, assez simple. Le but est de rallier de force le patronat suisse aux positions de Swissmetal, et de prendre la posture du preux chevalier qui accoure à la défense de la paix du travail. De force, parce que le patronnat suisse se contenterait assez bien du statu quo. En effet, la grève des Boillat a largement montré à quel point, dans ce pays, il est difficile de faire entendre des revendications -même profondément légitimes- lorsqu'on est ouvrier, et à quel point un patron, fut-il dérangé, a les pleins pouvoirs sur son entreprise. Dès lors, il y a de quoi décourager toute volonté de se lancer dans un conflit ouvert, hors d'une absolue nécessité comme ce fut la cas à la Boillat.

Mais voilà, si Swissmetal veut ouvrir un procès, le patronat suisse a, par contre, quelque chose à perdre. Les chances de Swissmetal sont, a priori, plus que minces. La Constitution suisse reconnaît le droit de grève, mais les différents procès ayant eu lieu à ce propos ont toujours donné raison aux patrons plaignants. Ici, ce ne serait probablement pas le cas, parce que les Boillat ont clairement agi sans impulsion du syndicat. Ainsi, pour les patrons, il y a lieu ou bien de soutenir au maximum Swissmetal pour éviter une défaite juridique, ce qui est risqué, ou de s'en désolidariser complètement, et de souligner le caractère exceptionnel de cette affaire. Rolf Bloch, dans son interview au Quotidien jurassien (où il montre qu'il n'a rien compris à ce conflit: il dit même que "l'entreprise fonctionne"...) prend la seconde option. Et c'est bien la seule chose qu'on ne pourra pas lui reprocher dans ses propos.

Ainsi, Swissmetal cherche peut-être à embarquer le patronnat suisse dans sa croisade, mais on peut commencer à douter que les patrons suivent Martinou. Par exemple, à l'imprimerie Weber, à Bienne, si les employés et le syndicat Comedia redoutent d'en arriver à une situation semblable à celle de Swissmetal, le patron, Ulli Seibel, repousse aussi sec la comparaison (à tort, il fait bel et bien penser à Martinou, en termes d'arrogance au moins). Martinou est donc devenu une sorte d'épouvantail, même pour un patron.

De plus, le livre que Contract Media était censé publier, sur une "idée" de Martin Hellweg (mais pas de financement, nous assure-t-on) tombe à l'eau: la direction de Swissmetal a décidé que la voie juridique serait plus "objective" qu'un livre conçu par une entreprise qui compte Laxey dans sa clientèle. Ainsi, malgré toute la complaisance du monde, il se trouve qu'il y a des limites. Chez Contract Media, on explique que la publication est rendue impossible par le refus de Swissmetal d'accepter la publication des propos tenus par la direction et le conseil d'administration du groupe... Pourtant, Karl peut vous dire que, aussi loin qu'il l'aie vu, le travail fourni par Contract Media sur ce livre était professionnel: les citations n'étaient pas déformées, et pas utilisées dans un contexte induisant en erreur. J'ose à peine imaginer le nombre de contradictions alignées par Fridou dans son interview, ou le nombre de non-sens étalés par Henri Bols, Sam Furrer ou d'autres dans les leurs. Ou, peut-être les rédacteurs ont-ils compris que, oui, cette grève avait une base légitime et qu'il était impossible de la masquer tout en prétendant rester objectif. Sur ce sujet, Maxime Zuber s'est exprimé dans le Journal du Jura du 8 décembre.

Dans son communiqué du 6 décembre, Swissmetal a donc lié l'abandon du livre et l'action juridique. Le livre comme l'action juridique partagent tous 2 certains objectifs. En premier lieu, faire porter la responsabilité des problèmes (et probablement de la faillite) de Swissmetal à d'autres, et second lieu, restaurer l'image des membres de la direction. Il est clair qu'en cas de faillite, il serait bon de disposer d'un levier suffisamment puissant (comme une décision de justice, ou au moins une procédure en cours) permettant de différer, voire d'annuler, les plaintes des personnes lésées par la faillite. De plus, les effets négatifs sur l'image de Martin Hellweg (qui est très attaché à ces questions) et de ses proches collaborateurs, en particulier Friedrich Sauerländer, doivent commencer à se faire sentir. Christine Schmid est même allée, dernièrement, corriger l'article de Wikipedia concernant Martinou. Et chez Ally Management, comment les choses se passent-elles? Les clients, s'il y en a encore, posent-ils des questions désobligeantes? Les amis de Fridou, s'il en a, lui demandent-ils pourquoi il est si obstiné? Les membres de la direction de Swissmetal commencent-ils à avoir peur pour leur CV? Quoi qu'il en soit, chez Swissmetal, ils ont pris conscience de l'ampleur des dégâts en termes d'image. Au point qu'ils sont prêts à intenter un procès très aventureux.

Une autre hypothèse serait que, 3 autres procédures judiciaires étant en cours (Nicolas Wuillemin, les cadres licenciés, et les employés licenciés, pour licenciement abusif ou pour un plan social), Swissmetal cherche à marchander. Ce serait l'abandon des poursuites de l'un contre l'abandon des poursuites de l'autre. Comme l'a relevé Yves Genier dans Le Temps, lors de plaintes croisées, dans le canton de Berne, l'affaire passe automatiquement auprès d'une commission de conciliation. Unia, qui accueille la plainte de Swissmetal sereinement, devra donc éviter, si la situation se présente, de céder. Le syndicat s'est tellement assuré contre la pluie et contre le beau temps qu'on voit mal, de toute façon, comment il pourrait avoir une responsabilité dans une grève qu'il n'a pas commencé, et qu'il a tout fait pour stopper. Il serait donc temps qu'il tire finalement quelque chose de positif de son immense tiédeur.

Aux dernières nouvelles, Swissmetal semble toutefois être victime de quelques hésitations.


Petite valse

Un passage du registre du commerce, au 27 octobre 2006, concerne Busch-Jaeger Metallwerk GmbH (et pas Swissmetal Lüdenscheid c'est écrit dans les communiqués). Patrick Huber-Flotho est radié de l'entreprise, où il ne fut finalement directeur quelques mois, ainsi que Dietrich Twietmeyer. Ce dernier, propriétaire de Busch-Jaeger avec Volker Suchordt et quelques autres larrons avant le rachat par Swissmetal, fut, l'espace d'un instant, candidat au conseil d'administration du groupe.

Les nouveaux arrivants sont... Roulement de tambour... L'homme à tout faire (auteur d'une étude culturelle, directeur du développement et communicateur). Oui, c'est lui, c'est Sam Furrer. Avec lui, pas besoin de s'inquiéter, il ne prendra pas d'initiative. Il sera secondé par Manfred Gröning, qui traîne depuis longtemps dans l'organigramme de Swissmetal bien que son utilité réelle reste mystérieuse. Ce dernier a aussi été élu au sein de l'association patronale allemande du domaine des cuivreux, où il remplace Volker Suchordt. Un bel avantage stratégique dans les conflits du travail, que d'avoir un fauteuil dans cette association. Dommage pour eux, c'est en Allemagne et pas en Suisse.


Mais encore

Il y aurait encore bien des choses à dire.

Souvenez-vous, la soupe populaire, organisée par les Femmes en colère, qui fut un grand succès. Encore bravo à elles, et rendez-vous, espérons, en janvier.

Puis ce crève-coeur, la fermeture de la Lingotière, exclusivement motivée par la haine tenace de Martinou (qu'on m'explique s'il y a d'autres raisons sérieuses). Fermeture qui, d'après les projets de Swissmetal (Karl ne pariera par sur le fait qu'ils seront appliqués), devrait être suivie de près par celle des presses de la Boillat, et enfin par celle de la fonderie.

Il y a aussi cette histoire absurde, selon laquelle Swissmetal désire désormais engager uniquement, pour ce qui est de la Boillat, des gens sachant lire et écrire le français. Est-ce nécessaire pour savoir faire fonctionner sa machine? Non, des dizaines de Boillat pourraient vous le prouver de visu. Et, bien sûr, il faudrait demander à Martinou de passer le test. Ce serait sans doute comique. Mais enfin, il est clair que, pour écouter la bonne parole qu'un kapo encravaté vous fait parvenir par circulaire parce qu'il ne veut pas quitter son bureau... Et pour lui répondre par courrier parce qu'il ne fréquente pas les ouvriers...

Quoi d'autre, quoi d'autre? Ah oui, j'oubliais... Quelqu'un m'a soufflé qu'un arracheur de cravates patenté (il les prendrait pour sa collection) fête son anniversaire prochainement. Ce dernier avait même amicalement resserré celle de Déclin (pas assez, diraient les mauvaises langues). Joyeux anniversaire à cet amoureux des cravates!

L'uZine 3 organise un Noël dans ses locaux. Il aura lieu le vendredi 22 décembre dès 17h et le repas, gratuit grâce à de généreux donateurs, sera ouvert à toutes et à tous. Au menu lapin à la polenta. Venez nombreux!

Inscriptions sur place, via ce formulaire, ou au 078 / 892 73 74.



Mes remerciements à toutes ces personnes qui m'informent, me livrent des analyses et archivent des données!