jeudi, septembre 13, 2007

Allumer le feu!

Version 1

Eh oui, toujours là!


Ca faisait longtemps, dites! Mais ça manquait à Karl, que de passer dire quelques bêtises entre deux des mes lectures trop sérieuses. Alors, il revient, imperturbablement, vers la cause qui lui donna vie. Il se souvient d'avoir promis aux dirigeants de Swissmetal, voilà bien longtemps et comme tant d'autres, qu'ils ne s'en tireraient pas comme ça et que les mots "Jura bernois" lui résonneraient dans la tête pour toujours. Il se souvient des paroles d'une amie: "Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais un jour, je sais que vous paierez". L'heure des comptes semble être maintenant à portée de main. Ce moment risque de signer l'arrêt de mort de la Boillat, même s'il faudra tout essayer encore et encore, et de plus de licenciements. Mais, quand cela arrivera, Karl se dira que, si vraiment elle est morte, la Boillat a eu l'élan de dignité qu'elle méritait autour d'elle. Et, si licenciements il doit y avoir, il faudra se rappeler que, sans la grève, la Boillat, ce serait déjà du passé depuis longtemps.

Alors, à l'heure des comptes, Karl rira, et il se moquera bien de cette direction de Swissmetal, capable seulement de se fracasser dans le mur qu'elle s'est elle-même construite autour d'elle.

Karl avait, au début, mal évalué deux choses: Swissmetal était, contrairement à de trompeuses apparences savamment orchestrées par Martinou, une entreprise très riche. Grâce à la Boillat, Swissmetal possédait un parce immobilier intéressant, de petits systèmes d'entraide, comme le défunt "Club de la fourmi" aux caisses bien pleines et à jamais disparues et surtout, Swissmetal possédait un stock de métaux aussi énorme que sous-estimé. Bref, ce groupe était la proie idéale pour une bande de rapaces dépeceurs. A voir les attentions portées au stock de matière, ce doit être la chose que Martinou a vu en entrant chez Swissmetal. Avec une seule idée en tête: le réaliser, dégager des liquidités, étendre le groupe, et en faire quelques chose de clinquant à l'extérieur tout en le vidant de l'intérieur. Le tout, bien sûr, en encaissant un salaire de roitelet et en jouant au sauveur.

La deuxième chose nous étions nombreux à n'avoir pas su évaluer, c'est la folie de la direction de Swissmetal. Cette folie, consistant à aller toujours plus loin dans la bêtise et dans l'excès, ceci dans l'unique but de ne pas reconnaître la moindre erreur, a mené à des extrêmes difficilement imaginables. Franchement, qui pouvait croire que, quitte à mettre tout le groupe en faillite, cette direction persévérerait? C'est pourtant bien ce qui semble devoir se produire. Au point qu'on peut se demander si, en son sein, quelqu'un est conscient de la responsabilité prise dans une telle débâcle. A force de dire que c'est la faute de la grève, d'Unia, des politiques, des prix du cuivre et de l'énergie, du monde entier et de l'univers qui ne tourne pas rond, peut-être ont-ils fini par le croire. Tout est que, des comportements aussi délirants, qui pouvait les prévoir?

Mais tout a une fin, y compris les ressources énormes que possédait Swissmetal. Au moins, l'argent dégagé n'a-t-il pas pu servir à démanteler la Boillat puisque, démonter une fonderie et des presses, c'est actuellement trop cher. Alors, du côté de Martin Hellweg, y a-t-il encore un joker caché dans une manche?

Bref, Karl vous tiendra au courant, dans la mesure de ses possibilités. Et, toujours, de manière décontractée.


Un rapport fort tendancieux

Ainsi, histoire de se détendre un peu, Karl vous propose, en primeur, l'édito de Martinou dans le rapport trimestriel à venir, avec la photo habituelle dans sa nouvelle version (un peu retouchée, avouons-le). "Allumer le feu", disais-je... C'est ici que ça se passe!

Voilà... A l'instant, j'aimerais bien savoir quelle tête on tire dans les bureaux de Dornach, s'il y a des lecteurs de ce blog. Et surtout, n'allez pas croire que ce canular ne contient que des fadaises.

Déjà, les "Calotiles", tenez-vous bien, ce semble être l'innovation technologique révolutionnaire que Martinou compte annoncer bientôt (page 1 du rapport semestriel 2007)! Karl se réjouit de voir si Swissmetal réussira à surpasser le coup de l'escalier en laiton! Quoi qu'il en soit, ce nom, si l'on en croit certaines sources, semble bien être celui du projet. N'hésitez surtout pas à poster vos idées sur ce que peut bien être, selon vous, une tuile à chaleur. Comme c'est révolutionnaire, je dirais que cette tuile servira à mettre entre le réchaud et le caquelon à fondue, pour bien répartir la chaleur. Ah non, ça existe déjà, mince. Décidément, j'attends vos solutions!


La nouvelle presse, en dépression?

A Dornach, lorsque, en lisant le communiqué de Swissmetal du 24 août 2007, les employés ont appris que la nouvelle presse produit "à 50-70% de la capacité finale planifiée", la hauteur de leur bond devait aussi être à 50-70% de la capacité planifiée. Là, les employés de Dornach ont au moins pu constater, preuve à l'appui, une vérité cardinale qu'ils on voulu ignorer de toutes leurs forces: leur direction se fout d'eux depuis le début, dans des largeurs intergalactiques (qui ne sont pourtant que de 50-70% de la capacité planifiée, hein!). Maintenant, ils se frottent les yeux et, lentement, sortent, espérons, d'un long sooommeil. Ah ça... Eux, à Dornach, ils savent combien elle produit, la nouvelle presse. Et il savent aussi que, même si elle marchait -ce qui n'est donc pas le cas-, elle marcherait mieux avec une entreprise qui peut s'offrir de quoi alimenter la machine, véritable gloutonne à cuivreux.


Déstockage gratuit

Mais, chez Swissmetal, du stock, il n'y en a plus. Tout a été vendu, ratiboisé, épousseté. A la limite, même la poussière de métaux dans les filtres doit faire l'objet d'études pour savoir si quelqu'un voudra bien l'acheter. Ce point est toujours pudiquement abordé comme un problème de "préfinancement des commandes". Et, depuis peu, il est prévu de mettre en garantie la matière qui est dans les machines. Autrement dit, pour avoir de la nouvelle matière, Swissmetal, qui ne peut la payer, hypothèque en quelque sorte celle qui reste dans ses locaux, soit la matière en cours de transformation. Prétexte affiché à la Boillat: en Allemagne, le système a été appliqué à Lüdenscheid et fonctionne. Mais, en Allemagne, le contrat en transformation, où c'est le client lui-même qui fournit la matière à usiner, est une pratique très courante, ce qui n'est pas le cas en Suisse. Allez savoir pourquoi, la direction de Swissmetal n'a pas cru bon de le signaler à ses employés.


Un rapport de plongée

Il suffit d'ailleurs de lire le rapport semestriel de Swissmetal pour se rendre compte de l'ampleur du problème. Les fonds étrangers étaient à environ 39 millions fin 2005 et à environ 90 millions fin 2006. Fin juin 2007, ce montant dépasse les 106 millions (les fonds propres étant à 135 millions). Le trou s'est donc encore bien creusé en raison "de l’utilisation plus importante du crédit existant et de l’acquisition d’Avins USA" (page 6 du rapport). Certes, la ligne de crédit est fortement sollicitée. Dans le langage courant, ça ne s'appelle pas "vivre à crédit" pour rien, d'ailleurs! La banque prêteuse, probablement Fortis au Luxembourg, doit commencer à s'inquiéter... On pourrait encore disséquer le free cash flow, qui se trouve maintenant à moins 21 millions passés. Ou les flux de trésorerie qui, eux aussi trahissent certains soucis d'argent. En bref, Swissmetal peine à se financer, car la caisse est vide, et même largement au-delà. Et l'activité industrielle, de toute évidence (et selon certaines rumeurs), fait perdre passablement d'argent au groupe. Le classement sur lequel je parie, en matière de rentabilité, le voici: Boillat, toujours l'usine la moins déficitaire. Puis, ensuite, Busch-Jaeger et enfin Dornach.

N'allons pas plus loin... Les chiffres du rapport semestriel de Swissmetal, c'est tout simplement une visite gratuite du monde des abysses.

Ce même rapport contient toutefois, parmi tant d'autres, une perle que Karl ne résiste pas à citer:
"Pour les experts en communication, ce phénomène est bien connu: lorsque quelque chose est répété suffisamment longtemps, cela prend très vite une tournure véridique dans la perception publique. Alors que nous nous trouvions dans une phase où nous devions nous battre pour notre survie et que nous n’avions pas d’autre choix que de mettre en oeuvre les mesures proposées, ce mécanisme a été utilisé par les adversaires de notre entreprise pour poursuivre leurs propre intérêts dans leur agitation aveugle contre Swissmetal."
Il est piquant de voir que le personnage qui a dit qu'un mensonge, à force d'être répété, finit par devenir une vérité, s'appelait Joseph Goebbels et aimait bien les casquettes et les uniformes. Car, même si Martinou ne le dit pas, tenez vous bien, "quelque chose" de pas "véridique", comme il dit, c'est en effet un mensonge. Ce qui surprend, dans le texte de notre CEO amoureux de références historiques discrètes, c'est que, pour lui, Goebbels fut un "expert en communication". Pourtant, chacun dirait plutôt de ce dernier qu'il fut simplement un nazi. Bref, alors que Martin Hellweg, par la bande, veut traiter ses adversaires de menteurs pour les discréditer, il en vient à parler de Goebbels comme d'un "expert en communication". Moi, ce genre de choses, ça me scie.



A suivre!