Des p'tits sous, des p'tits sous, encore des p'tits sous...
Ce %¢&*#! de blog remarche. Merci Blogger! Merci surfeurs califoriens d'avoir quitté votre séance UV pour sortir "Une voix pour la Boillat" du trou!
A la base du grand tout
Bon, déjà, Karl n'est pas déprimé... Juste parfois un peu en proie à des doutes, comme tout le monde, surtout quand le blog fait des siennes. Sauf que le doute, pour fertile qu'il soit, n'est pas souvent générateur de gags qui déchirent. Ou alors rien qu'un tout petit peu. Lisez (ou relisez si vous êtes totalement inconscients) le Discours de la méthode de Descartes, et vous verrez... Si ça doute pas mal, ça ne déride pas beaucoup.
Le doute donc, mais sur quoi? Sur ce qu'il faut faire. Eh oui. Et ça va douter encore un moment, puisqu'à ce doute, c'est aux Boillat de répondre, pas à moi. Quels sont donc les enjeux, alors?
Comme on a vu dernièrement, la situation actuelle des Boillat leur permet de tirer des salaires chez Swissmetal et de livrer (un peu) leurs clients. Une reprise de la grève bloquerait les livraisons, mais empêcherait aussi le stock de la Boillat d'être liquidé.
En plus, la "médiation" (ne riez pas, c'est le mot officiel) de jeudi-vendredi portera probablement sur 120 licenciements, qui sont des mesures de représailles prises durant la grève, et rien d'autre. Donc, on se demande bien si les Boillat pourront accepter 110 licenciements (je parie sur 10 abandons, en "geste de bonne volonté") sans reprendre la grève.
La grève a un avantage certain: Swissmetal perd de l'argent sans la Boillat. Mais plus que quand l'entreprise paie des salaires aux Boillat? Grande question... En plus, en cas de grève, on peut toujours ne pas compter sur Unia. Trouille du grand vilain Swissmem, refus de sortir du bac à sable de la paix du travail. Solutions "innovantes" ou "créatives", aucun doute ici, on rigole bien en voyant les résultats. Jusqu'à nouvel ordre, Unia est un peu dépassée. Enfin, un peu... Mais allez expliquez la bataille entre la Boillat et la direction de Swissmetal à un ami français. C'est pas si simple.
La délicate question d'argent
D'après des bruits persistants dont je n'osais pas parler jusqu'alors, Swissmetal essaierait de dilapider son patrimoine immobilier. P. Oudot du Juju a mené l'enquête.
Selon lui, la montée des prix du cuivre et la grève font que Swissmetal, sur le plan financier, commence à avoir quelques soucis. Donc, il faudrait vendre un solide parc immobilier appartenant à la caisse de retraite de Swissmetal (en fait, il y a 2 caisses, une à Reconvilier et une à Dornach, pas encore fusionnées), ainsi qu'à une fondation patronale.
En gros, cette manoeuvre viserait à combler un gros manque de liquidités dans les caisses de Swissmetal. Ou bien à prétexter un manque de liquidités pour... Liquider le patrimoine du groupe. Le "réaliser" comme on dit. Comme Hubert Flotho, le roi de l'immobilier et grand ami de Martin Hellweg, n'est jamais loin, on imagine tout de suite la manoeuvre: "Je te vends les immeubles pas cher, tu les revends le double, 50/50 sur le bénéf, héhé on les a eu". C'est beau, l'amitié, le sens du partage, l'altruisme. Un exemple pour nous tous, frères et soeurs du genre humain.
Il faut dire que du côté des clients de Swissmetal, il y a de la plainte dans l'air... Donc beaucoup de sous à perdre pour la bande de truands qui dirige le groupe. Pour le moment, les clients doivent signer un papier comme quoi ils ne porteront pas plainte pour être livrés, mais ce genre de procédé fleure bon l'illégalité, un peu comme l'absinthe à l'époque où Karl était jeune.
Et pour ce qui est de la caisse de retraite LPP et de la fondation patronale, voici donc venu le moment de se procurer les statuts et autres papiers liés à ces organisations.
A la base du grand tout
Bon, déjà, Karl n'est pas déprimé... Juste parfois un peu en proie à des doutes, comme tout le monde, surtout quand le blog fait des siennes. Sauf que le doute, pour fertile qu'il soit, n'est pas souvent générateur de gags qui déchirent. Ou alors rien qu'un tout petit peu. Lisez (ou relisez si vous êtes totalement inconscients) le Discours de la méthode de Descartes, et vous verrez... Si ça doute pas mal, ça ne déride pas beaucoup.
Le doute donc, mais sur quoi? Sur ce qu'il faut faire. Eh oui. Et ça va douter encore un moment, puisqu'à ce doute, c'est aux Boillat de répondre, pas à moi. Quels sont donc les enjeux, alors?
Comme on a vu dernièrement, la situation actuelle des Boillat leur permet de tirer des salaires chez Swissmetal et de livrer (un peu) leurs clients. Une reprise de la grève bloquerait les livraisons, mais empêcherait aussi le stock de la Boillat d'être liquidé.
En plus, la "médiation" (ne riez pas, c'est le mot officiel) de jeudi-vendredi portera probablement sur 120 licenciements, qui sont des mesures de représailles prises durant la grève, et rien d'autre. Donc, on se demande bien si les Boillat pourront accepter 110 licenciements (je parie sur 10 abandons, en "geste de bonne volonté") sans reprendre la grève.
La grève a un avantage certain: Swissmetal perd de l'argent sans la Boillat. Mais plus que quand l'entreprise paie des salaires aux Boillat? Grande question... En plus, en cas de grève, on peut toujours ne pas compter sur Unia. Trouille du grand vilain Swissmem, refus de sortir du bac à sable de la paix du travail. Solutions "innovantes" ou "créatives", aucun doute ici, on rigole bien en voyant les résultats. Jusqu'à nouvel ordre, Unia est un peu dépassée. Enfin, un peu... Mais allez expliquez la bataille entre la Boillat et la direction de Swissmetal à un ami français. C'est pas si simple.
La délicate question d'argent
D'après des bruits persistants dont je n'osais pas parler jusqu'alors, Swissmetal essaierait de dilapider son patrimoine immobilier. P. Oudot du Juju a mené l'enquête.
Selon lui, la montée des prix du cuivre et la grève font que Swissmetal, sur le plan financier, commence à avoir quelques soucis. Donc, il faudrait vendre un solide parc immobilier appartenant à la caisse de retraite de Swissmetal (en fait, il y a 2 caisses, une à Reconvilier et une à Dornach, pas encore fusionnées), ainsi qu'à une fondation patronale.
En gros, cette manoeuvre viserait à combler un gros manque de liquidités dans les caisses de Swissmetal. Ou bien à prétexter un manque de liquidités pour... Liquider le patrimoine du groupe. Le "réaliser" comme on dit. Comme Hubert Flotho, le roi de l'immobilier et grand ami de Martin Hellweg, n'est jamais loin, on imagine tout de suite la manoeuvre: "Je te vends les immeubles pas cher, tu les revends le double, 50/50 sur le bénéf, héhé on les a eu". C'est beau, l'amitié, le sens du partage, l'altruisme. Un exemple pour nous tous, frères et soeurs du genre humain.
Il faut dire que du côté des clients de Swissmetal, il y a de la plainte dans l'air... Donc beaucoup de sous à perdre pour la bande de truands qui dirige le groupe. Pour le moment, les clients doivent signer un papier comme quoi ils ne porteront pas plainte pour être livrés, mais ce genre de procédé fleure bon l'illégalité, un peu comme l'absinthe à l'époque où Karl était jeune.
Et pour ce qui est de la caisse de retraite LPP et de la fondation patronale, voici donc venu le moment de se procurer les statuts et autres papiers liés à ces organisations.
18 Comments:
Ah Karl, comme je suis contente de te lire à nouveau ! J'avais l'ennui des tes éditos mordants,piquants, hilarants.
L'informatique, internet, c'est formidable....quand cela marche ! n'est-ce-pas ?
Bonne nuit à tous et bisou aux potes
@ Karl
Enfin de retour ..... merci !
Amicalement
Voilà l'édito, Merci!!!
La nuit porte conseil et demain...
En pensée avec vous merci, merci, merci de tous les messages et les fôtes et les justes... ça parle!
Je tiens très fort les pouces des participants à la rencontre avec R.Bloch, des Boillats et les familles...
A propos de famille et d'enfants, BRAVO à l'Uzine3!
Courage et bonne nuit à toutes et tous!
A demain:-)
LA BOILLAT VIVRA!
Juste un petit mot pour dire aux Boillats (négociateurs ou non) que nous sommes nombreux à penser à vous pour ces journées de jeudi et vendredi. Courage à vous tous et que les dieux du chocolat soient avec vous ... on dit que le chocolat a un effet anti-dépresseur, ... alors à quand l'effet anti-liquidateur d'usine ?
Cordialement à vous tous.
@ Montagnon
Ce n'est pas très gentil de décliner l'offre d'un Declin en plein déclin. Je connais quelqu'un qui a accepté de venir pour 500000.- payable d'avance. Essaie la prochaine fois. J'espère que tout marche bien pour toi. Bonne nuit et à une prochaine.
Concernant la vente des immeubles, la caisse de retraite est indépendante de Swissmetal et ne peut financer en aucun cas celle-ci, Swissmetal ne peut détenir plus de 2mois de cotisations LPP. La caisse de retraite peut éventuellement vendre une partie de ses immeubles en cas de dissolution partielle (120 licenciements = 120 libres passage à verser)
Quant à la Fondation elle est patronale et là, il faut consulter les statuts.
Bonne nuit à tous
Doutes... Non! Désolé, mais ce n'est pas le moment! Il faut continuer de mettre la pression par tous les canaux possibles: signatures sur www.boillat.org, contributions à la caisse de solidarité de la commune, actions décentralisées de solidarité, pressions sur les actionnaires, extension du mouvement vers la Suisse alémanique... Il faut faire feu de tout bois!
Ne baissons pas les bras!
La lutte continue! La dignité ne se négocie pas!
@ petit ours
@ montagnon
Allez allez un peu de sérieux,vous ne pouvez pas laisser DKLEIN décliner car il ne voit même plus les lettres affichées sur son tableau. Il ne supporte plus la photo du Morpion il demande de la mettre à la poubelle.
Grande nouvelle le Chef de Gare à sifflé le départ d'un de ses ex"presse et petitdéménage voit enfin sortir du fil de ses deux coulées mais ildoit aussi pleurer sur la mort de son 10T.
Bonne nuit et attention l'Hôtel de l'Ours risque de décliner cette nuit.
@Noir et rouge
Douter n'est pas abandonner. Mais pour avancer, il ne faut jamais s'enfermer dans les certitudes... non?
@ Karl
Il ne s'agit pas de "s'enfermer dans des certitudes", mais de mettre l'accent sur les possibles, dont nous savons touTEs qu'ils peuvent ne pas suffir. Par contre ce qui est certain, c'est que si nous n'épuisons pas ces possibles aujourd'hui, nous acceptons déjà la défaite: Les seules batailles que l'on est sûrE de perdre sont celles que l'on abandonne à mi-chemin!
Continuons à "mettre le paquet", l'enjeu en vaut la peine!
Et, comme le disent les boillats avec qui j'ai pu discuter: "Foutu pour foutu, autant lutter jusqu'au bout!"
@ anonyme 11:43 PM
@ tous les Boilat(s)
Selon communiqué du 30.06.05, Swissmetal a fusionné ses deux caisses de pensions jusqu’alors indépendantes. Le contrat de fusion a été signé le 28 juin 2005 et devrait entrer en vigueur rétroactivement au 1er janvier 2005.La nouvelle caisse ainsi créée porte le nom de "Pensionskasse Swissmetal / Caisse de pensions Swissmetal"
Les employés de La Boillat ont dû recevoir un certificat de prévoyance valable dès le 01.01.2006. A vérifier si reçu et avec quelle entête.
L’OASSF n’a encore jamais vu la couleur du contrat de fusion !
Allez: Dodo! Je bosse demain à 8H! Cela suffit pour ce soir: je me casse pour aujourd'hui.
La lutte continue!
@ a+
D'où est-ce que tu sors le communiqué de la fusion des caisses de pension ?
Selon le registre du commerce online (www.zefix.ch) la "Caisse de retraite de l'Usine Boillat, succursale de UMS Usines Métallurgiques Suisses S.A." existe toujours :
http://www.hrabe.ch/cgi-bin/
fnrGet.cgi?fnr=0737003940&amt=073&
lang=2&hrg_opt=11000&shab=0000000
(lien à reconstituer)
Amitiés
Toto
Je continue de recommander aux gens de verser leur soutien à la commune de Reconvilier. Le montant est publié une fois voire deux fois par jour.
Mais Unia pourrait, de temps à autres, jouer sur la formulation "fonds de grève/s".
C'est que le programme de démantèlement des entreprises saines n'en est qu'à son début. Il y aura d'autres conflits en perspective avec l'habituelle passivité d'UNIA. Encore des centaines et des milliers de grévistes à indemniser à défaut de défendre et de conserver notre industrie.
Si j'étais actionnaire majoritaire, je virerais vite Martin Beweg. Il fait du mal à l'économie suisse qui rapporte paisiblement des rentes confortables à ses actionnaires, parce que les produits de la Boillat sont d'une qualité inégalable, et que, dans le monde entier, on ne peut compter sur les doigts que d'une seule main, des sites métallurgistes à haute valeur ajouté.
D'une ancienne famille d'équipementiers en électronique aérospatiale des USA, je peux dire qu'on connaît la très bonne réputation de Boillat.
Alors, un conseil. D'abord aux actionnaires, ensuite à Swissmétal, à Monsieur Deiss, dieu de l'économie et à Economiesuisse. Larguez les amarres de M. Hellweg qu'il aille faire son courtage en profits ailleurs. Monsieur Hellweg repand du somnifère. La Boillat est un joyeau qui rapportera encore très longtemps. Il faut à tout prix que le gouvernement et les syndicats la protègent (il faut absolument qu'UNIA soit capable d'évaluer les ressources et les potentiels économiques de notre pays).
Il n'est jamais trop tard, car le plus dramatique pour toute l'Europe (des 25) est à venir. On lance un processus de libre concurrence, de concentrations, de méga marché unique. Il nous revient à la figure mais avec d'autres mains aux commandes. L'Asie et le Proche Orient sont prêts à se saisir de nos armes libérales impérialistes contre nous nous-même.
Acheter-revendre comme seule activité et comme seul savoir faire ne pourra jamais être pérenne. Il faut des gens qui produisent derrière.
Si la Suisse devient un désert, plus personne ne s'intéressera plus à elle.
Que nos parlements et gouvernement fantôches se réveillent. Il n'est pas trop tard pour que dans chaque canton on fasse connaître clairement sa position. C'est urgent. C'est une question de vie ou de mort pour notre ECONOMIE !
Je crains que Martin Hellweg ne ramasse ses mises et, avant de disparaître, à Martin de dépecer sa victime.
Tenons nous les pouces. Le feuilleton est loin d'être terminé.
A+ a dit...
mars 09, 2006 12:32 AM
Les employés de La Boillat ont dû recevoir un certificat de prévoyance valable dès le 01.01.2006. A vérifier si reçu et avec quelle entête.
C'est bizarre d'habitude on recevait ce papier en janvier ou début février. Cette année j'ai encore rien reçu. Bizarre, bizarre.
@ anonyme mars 09, 2006 1:48 AM
(Toto)
Communiqué de presse de SM au sujet de la fusion des 2 caisses de pension :
Le lien est trop long, regarde sous
www.swissmetal.com
Medias
Communiqués de presse
30.06.2005
@ mars 09, 2006 1:48 AM
Toto
Cette caisse "Pensionskasse SWISSMETAL Werk Dornach" est inscrite au Registre du commerce du canton de Soleure.
www.hraso.ch/cgi-bin/fnrGet.cgi?fnr=2477000013&amt=241&lang=2&hrg_opt=1100
Si mon analyse est juste la fusion n’a pas encore été entérinée.
Un mensonge de plus.
Marlène.
Un bouquin que Karl doit bien connaître. J'en suis sûre qu'il vous le recommandera. Voici sa présentation par sréphane Lucas.
« Le capitalisme total », de Jean Peyrelevade
OPA sur Arcelor, annonce de profits records par les grandes entreprises françaises, plan de 22.000 suppressions d'emploi chez France Telecom : l'ouvrage de Peyrelevade arrive à point nommé, pour comprendre un capitalisme devenu peut-être fou. Ou sinon fou, du moins "total", pour reprendre l'expression de l'auteur. Sa réflexion, publiée au Seuil (collection "la République des idées") est en effet intéressante à plus d’un titre, et nous en recommandons la lecture à tous ceux que les dérives du monde économique contemporain inquiètent. Livre intéressant, d’abord parce qu’il est écrit par un grand patron, qui fut dix ans Pdg du Crédit Lyonnais. Lire la critique détaillée de la financiarisaton du capitalisme a plus de poids quand elle est formulée par la plume d’un grand banquier que lorsque celle-ci émane du discours stéréotypé de l’extrême-gauche. Livre important ensuite pas sa clarté pédagogique, qui le rend accessible à tous, y compris aux béotiens en matière économique.
202082932008mzzzzzzz
L’auteur décrit bien en effet le glissement qu’a connu le monde de la finance ces vingt dernières années, glissement de la finance intermédiée (par les banques), à la finance désintermédiée (ou directe) : là où, auparavant, l’épargnant plaçait ses économies auprès d’une banque qui, ensuite, sélectionnait les entreprises qu’elle finançait, transformant ainsi les dépôts de l’épargnant en prêts aux entreprises, aujourd’hui, un large mouvement de désintermédiation met face à face directement l’épargnant et l’entreprise, les banques ne jouant plus (ou presque) leur rôle d’intermédiation. Il n’y a plus de mutualisation du risque par le système bancaire ou, si l’on veut, les banques ne servent plus d’amortisseur de ces risques. Dès lors, les variations des cours boursiers sont subies de plein fouet par les épargnants. Voilà qui explique pourquoi ces derniers deviennent soucieux de la rentabilité des titres, jusqu’à imposer aux dirigeants de l’entreprise de gérer au seul profit des actionnaires. C’est la fin du capitalisme rhénan, caractérisé par le pouvoir des banques qui géraient à long terme les fonds des épargnants, jouant le rôle de partenaires stables des entreprises, sans le souci obsessionnel de la rentabilité à court terme des capitaux investis. C’est la fin du capitaine d’industrie, élaborant un projet à long terme pour son entreprise, et adoptant une vision globale de l’entreprise, incluant les salariés, au-delà du seul intérêt des actionnaires. Aujourd’hui, force est de constater que l’économie mondiale a changé de paradigme : le modèle du capitalisme anglo-saxon a eu raison du capitalisme « rhénan », et l’actionnaire exerce sa tyrannie sur l’entreprise en exigeant une rentabilité à court terme toujours plus élevée.
Ces actionnaires sont géographiquement très concentrés : 5% de la population du globe possèdent l’ensemble de la capitalisation boursière mondiale, dont la moitié aux Etats-Unis, le reste se ventilant entre Europe et Japon. On mesure ainsi que bon nombre d’entreprises qu’on dit encore européennes sont en fait aux mains d’actionnaires américains : dans le monde de la finance, il n’y a plus de territoires qui ne résistent à la force englobante du marché mondial. Parmi ces actionnaires, les fonds de pension jouent un rôle essentiel. Traditionnellement, ces fonds de pension n’intervenaient pas dans la gestion d entreprise : ils se contentaient d’encaisser les dividendes ou de vendre leurs actions en cas de désaccord avec la gestion de l’entreprise. Or, aujourd’hui, ces fonds de pension ont une telle taille que, s’ils se désengageaient d’une entreprise, ils en feraient baisser le cours dans des proportions importantes, ruinant ainsi la rentabilité des fonds qu’ils gèrent. Dès lors, devenus malgré eux prisonniers de leurs investissements, ils n’ont d’autres choix que de s’immiscer dans la gestion des entreprises, en exigeant des mesures strictes pour redresser la rentabilité de l’entreprise : délocalisations, licenciements, fermetures d’usines, fusion. Le PDG de l’entreprise ne peut dès lors plus agir en fonction de sa vision de l’intérêt à long terme de l’entreprise, il ne fait qu’exécuter les décisions des fonds de pension (critère de création de valeur pour l’actionnaire).
Cette prise de pouvoir dans l’entreprise par les fonds de pension change tout. Jean Peyrelevade en souligne trois conséquences. D’abord, l’émergence d’actionnaires déterritorialisés, qui pensent « marché mondial», en fait une puissance réelle qui concurrence celle des Etats, arrivant même à les faire plier. On ne compte plus les Etats qui ont dû ainsi adapter leur fiscalité du capital.
Par ailleurs, la finance commande l’économie réelle. Par exemple, elle accroît le mouvement de mondialisation en encourageant l’implantation des industries dans les pays à bas salaires. D’un côté, cela favorise les économies émergentes ; de l’autre cela détruit de l’emploi non qualifié dans les pays développés. A un tel rythme que cela menace leur équilibre interne et peut faire resurgir le protectionnisme. Ce qui entraîne aussi selon l’auteur « une désaffiliation de l’entreprise par rapport à son territoire national d’origine, vis à vis duquel elle se sent de moins en moins de responsabilités, sociales par exemple »
Enfin, la pression de la rentabilité (le fameux 15% de rendement des capitaux propres) aboutit à des stratégies dangereuses : faute de pouvoir augmenter indéfiniment le profit, on réduit les capitaux propres, en s’endettant ou en rachetant les actions. Aux EU, les rachats d’actions l’emportent depuis 15 ans sur les émissions nettes : si bien que ce ne sont plus les investisseurs qui financent les entreprises mais les entreprises qui financent la Bourse ! On détruit du capital plutôt que d’investir, on distribue des flots de cash aux actionnaires, tout ceci au détriment de la croissance. A ce jeu où chacun tente de gagner individuellement le plus, le risque est de perdre au niveau macro-économique, avec le chômage que cela implique.
Autre exemple de stratégie dangereuse imposée par les fonds de pension: la fusion d’entreprises. « Que faire, s’interroge Peyrelevade, quand on a déjà réduit les coûts, délocalisé, externalisé, réduit son capital, sous-investi ? il ne reste qu’à racheter le concurrent, pour réaliser des économies d’échelle et accroître le pouvoir de marché de l’entreprise. La logique financière y pousse, alors que cela ne correspond pas toujours à une logique industrielle « (coût de la grande organisation). L’Etat l’encourage en facilitant les OPA, qu’elles soient amicales ou hostiles.
Comme on le voit, le diagnostic, pour peu réjouissant qu’il soit, est solide et étayé. Il doit permettre de nourrir la réflexion économique des radicaux, en ces temps où Arcelor est soumis à une OPA hostile, où les grandes entreprises (Total, L’Oréal, France Télécom, BNP pour ne citer que les principales) annoncent des profits records tandis que le sous-emploi demeure endémique. Par exemple, ne faudrait-il pas mettre en œuvre une réintermédiation financière, qui fasse des banques les réels partenaires à long terme des entreprises, en limitant ainsi le rôle du marché boursier ? Ne faudrait-il pas non plus accorder plus de droits de vote aux actionnaires qui détiennent des titres sur une longue durée, au détriment de ceux qui se contentent d’aller-retour spéculatifs ? Autant d’idées, de pistes de réflexion, de champs à labourer : de quoi permettre aux radicaux d’alimenter le débat public.
Stéphane Lucas
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