2 nouvelles

Première nouvelle

Les membres du conseil d'administration de Swissmetal, du haut de leur nuage, sur lequel ils fument la moquette (oui, il y a de la moquette sur les nuages, c'est décidé!), ont désiré communiquer avec la terre, si basse et si lointaine. Alors ils ont envoyé une lettre. Lettre qui peut s'interpréter de 3 manières: ou ils sont bêtes, ou ils sont méchants, ou ils sont les 2. Il n'y a aucun suspens, bien sûr: ils sont les 2. Qui l'eut cru?

Il faut noter, toutefois, un effort, par rapport aux torchons de Martin Hellweg: au moins, ils utilisent le vrai papier à entête de Swissmetal. Ils s'en donnent, de la peine, n'est-ce pas? Avec de tels progrès, la prochaine lettre sera aspergée de parfum (mais le contenu sentira toujours le fumier. Ca, il ne pourront rien y faire).

A part ça, ils expliquent que la vente de la Boillat est le dernier recours, ce qui ne veut rien dire: le dernier recours, au cas où leur sénilité les aurait empêchés de le constater, on y est déjà depuis longtemps. Un mois de grève pour leur expliquer ça, et ils n'ont toujours pas compris. Enfin, il font semblant de n'avoir pas compris.
Parce que le gros mensonge de Martin Hellweg, comme quoi les commandes auraient chuté, ils ne sont pas trop durs d'oreille pour l'entendre, et pas trop oublieux pour le reproduire. Donc, ils parlent de licencier massivement (pour réengager si tout va mieux bien sûr, on les croit). Et un repreneur ne ferait pas autrement qu'eux, c'est-à-dire agir de manière "réaliste". Réaliste, le conseil d'administration de Swissmetal. On aura tout lu. Pourquoi pas "braves gars" ou "intelligents" tant qu'on y est? Vous voyez qu'il y a de la moquette sur leur nuage.

Expliquons-leur donc dans un langage qu'ils comprendront:
"Vous pas piger. Nous préférer n'importe qui à vous. Vous aller voir ailleurs si le maîîître y est."

Enfin, même si la lettre est plus sérieuse que la mélasse moisie de Martin Hellweg, l'idée est la même: 90% de remplissage, et les 10% de la fin pour dire quelque chose. Cependant, une simple addition nous permet de voir que malgré tout, l'ensemble reste 100% stupide, garanti pièce et main d'oeuvre.

Enfin, voyons quand même les derniers 10%. "Et même si la vente du site était envisagée, cela prendrait sûrement quelques mois jusqu'à ce qu'elle soit réalisée". Voilà le gros souci. Pendant tout ce temps, si la Boillat continue à tourner au même rythme qu'aujourd'hui (par la faute des employés et pas des cadres incompétents, bien sûr!), Swissmetal va commencer à sentir passer la pilule. Donc, le conseil d'administration agite la menace des licenciements, et même d'une fermeture du site, pour que les Boillat fassent un effort.

Cette nouvelle lettre en dit quand même long. Déjà, c'est le conseil d'administration qui écrit, et pas Martin Hellweg. A croire qu'ils ont compris qu'il valait mieux que Martinou se taise, s'il est question de faire passer un message. Peut-être qu'un jour béni, il le jetteront au fond d'une armoire, baillonné. On peut rêver non?

En plus, ils ne veulent surtout pas vendre la Boillat. Mais ils reconnaissent que c'est une solution envisageable. Quand on envisage mais qu'on n'aimerait pas, c'est qu'on n'a pas le choix. Donc, il sont mal.


Deuxième nouvelle

Swissmetal vient chercher du stock à la Boillat pour son usine de Dornach (20 tonnes de zinc et 40 de cuivre ont déjà déménagé). Le fait que le four 10 tonnes ne coule pas d'alliages leur fournit le prétexte pour venir se servir. Prochainement, 100 tonnes de tournures de cuivre vont faire un voyage en camions.

Pourquoi ça? Déjà, pour faire peur aux Boillat: sans matière première, tout le monde sait que l'usine va bientôt s'arrêter d'elle-même. Et à ce moment, est-ce que Swissmetal va licencier tout le monde? Seconde raison: Swissmetal n'a peut-être plus les moyens de se payer la matière première qu'il lui faut.

Du zinc, beaucoup de zinc.