Version 3: -les ajouts sont indiqués en rouge dans les sous-titres et dans le texte. Merci!-Swissmetal reparle déjà des Calotiles! Autant de bêtise, c'est très fort. Rendez-Vous en fin d'"édito"!Karl se fait vieux, que voulez-vous... Il vous avait promis de compléter l'"édito" précédent, puis finalement... non. Alors, à force de nouvelles qui s'accumulent, il en fait un nouveau. Il ne faut pas lui en vouloir, c'est l'âge, car il semble que le voilà qui s'approche tranquillement de la retraite. Ah, la quille! En effet, si Karl a été créé pour soutenir les Boillat dans leur lutte contre la direction de Swissmetal, il faut bien convenir que Swissmetal risque bientôt d'être de l'histoire ancienne. Mais, promis, même retraité, Karl restera là pour la suite car, que la Boillat ait un avenir, il y croit toujours. "L'espoir, c'est ce qui meurt en dernier", disait un jour Renzo Ambrosetti avec dépit. Karl a envie de lui répondre: "L'espoir ne meurt jamais".
Martinou cherche un petit jobOns e souvient de
cet article de Cash, journal gratuit publié en Suisse alémanique (
interview vidéo ici, merci JB!). Martinou y exprime, d'une manière qui reflète la profondeur de ses études de marché, que "l'Inde a le vent en poupe" [
Indien hat die Nase vorn]. Donc, pour cette raison très fondamentale, il faut investir en Inde. Comme personne n'a voulu perdre son entreprise dans les bras de Swissmetal, Martin Hellweg assure même qu'il va y fonder une entreprise. SanA a déjà proposé le nom de baptême de cette usine, et ce sera "l'Arlésienne". En attendant que la nouvelle presse de Dornach fonctionne, j'attends donc avec impatience les images du premier coup de pioche. Car, pour piocher, ça pioche, chez Swissmetal.
Avant 5 ans, Martinou ne pense d'ailleurs pas que Swissmetal sera à nouveau durablement sur les rails. Autrement dit, il prévoit de restructurer encore 5 ans, ce qui nous fera environ 10 ans de restructuration au total. Pour un spécialiste du domaine, Martinou se hâte lentement. Très. Malgré cela, il regarde déjà plus loin que cette échéance car, comme tous les grands hommes de ce monde, sa vue porte loin. Très. Ainsi, il pense déjà à l'après Swissmetal, et avoue que, malgré son énergie et sa passion à semer la destruction, il sera un peu fatigué, et aimerait prendre une année sabbatique. Malgré cela, il laisse entendre qu'il aura plaisir à relever de nouveaux défis et, même s'il admire beaucoup des gens comme ceux qui dirigent Nestlé, lui-même se sent plutôt fait pour gérer des situations de crise. En langage décodé, des situations où l'employeur panique et n'est pas trop regardant à la marchandise. Toujours en langage décodé, malgré
les dénégations de Swissmetal, Martinou laisse entendre que des propositions d'embauche ne partiraient pas directement dans sa corbeille. Donc, si vous cherchez quelqu'un pour vider votre fosse septique, n'hésitez pas!
Ceci dit,
Cash n'a pas répondu à mon email à ce propos.
La SWX n'est pas contenteEn tout cas jusque là, Martin Hellweg a largement accumulé de quoi rembourrer son oreiller. Tout un tas de billets de banque qu'apparemment, il ne juge pas bon de rendre publique. Distrait comme il est, il a dû oublier qu'il faisait partie du conseil d'administration de Swissmetal et que, par conséquent, sa rémunération devait être publiée. La SWX, néanmoins, dans
son communiqué, n'indique pas s'il s'agit bien de Martinou. Mais Swissmetal se fait tout de même taper sur les doigts.
Licenciements A côté de ça, Swissmetal licencie. Comme annoncé dans
ce communiqué, les licenciements porteront cette fois sur 146 emplois à plein temps d'ici la fin de l'année. Et l'aberration que représentent de tels licenciements est assez insondable.
Revenons en arrière: en août, il fallait produire, à la Boillat, 40 tonnes par jour (au lieu de 60 tonnes, dont un grosse part de petits diamètres, quand la Boillat était une usine viable, avec un tiers de personnel en plus environ). Cette quantité de 40 tonnes nécessitait deux choses. Premièrement, comme il reste peu de monde à la Boillat, la production fut essentiellement axée sur de gros diamètres (pour la Boillat), soit les diamètres sur lesquels le moins d'opérations sont requises et, par conséquent, sur lesquels la valeur ajoutée est la plus faible. Secondement, il fallait mettre un maximum de monde sur des machines et donc, par exemple, déplacer des gens de la maintenance à la production. Encore un peu, et ils mettaient le personnel de la vente, où plutôt ce qui en reste, sur des machines. C'est là, typiquement, la méthode Busch-Jaeger, où seule la quantité compte, et où peu importent les bénéfices... En septembre, néanmoins, ce tonnage a été diminué légèrement, pour pouvoir, probablement, produire aussi de plus faibles diamètres.
Et voilà que Swissmetal annonce qu'en gros, plus de 70 emplois seront biffés à Reconvilier (et le reste à Dornach, dans une logique complètement absurde de 50/50). Comme chacun peut se le figurer, pour qu'une fonderie soit rentable, il faut un certain taux d'utilisation des installations. Car, ces installations, il faut les alimenter, les entretenir, les réparer, etc. Or, déjà maintenant, ce taux, la Boillat a de fortes chances d'être en-dessous. Qui plus est, si l'objectif reste à peu près constant, comment continuer à l'atteindre avec un tiers de personnel en moins?
On pourrait dire que la nouvelle presse de Dornach cause la fermeture de celles de Reconvilier et que, par conséquent, il y a du monde en trop. Mais ça ne fera jamais 70 personnes à licencier à Reconvilier. Aussi, il faut trouver une autre explication. Celle qui semble tomber sous le sens, c'est que Swissmetal cherche à économiser sur les salaires. Mais, une telle économie, dans le cas présent, nuit clairement à la rentabilité de l'entreprise. Autrement dit, l'économie réalisée avec ces licenciements risque de se transformer en coûts supplémentaires dès le mois suivant. Vu les délais de consultation annoncés par Swissmetal dans le communiqué, lesdits licenciements devraient avoir lieu fin novembre. D'ici là, ce sera le petit jeu des sadiques de service, qui terroriseront les Boillat pour les faire produire plus. Et dès décembre, donc, les économies sur la masse salariale se transformeront en frais d'échelle supplémentaires et en baisses de production.
Comment expliquer un tel enchaînement? Karl se hasarde ici à une explication très hypothétique... Il semble que c'est la banque qui paie les pots cassés qui a exigé le nantissement du métal en cours de transformation (soit plusieurs millions de francs de garantie, à mettre en rapport avec les dizaines de millions de francs de dettes du groupe). De telles mesures, de la part d'une banque, sont peu courantes. Se pourrait-il que cette même banque exige maintenant des licenciements, pour éviter que sa ligne de crédit serve à payer des salaires? Si c'est le cas, Swissmetal ne devrait pas passer l'hiver. Mais, répétons-le, c'est là une pure hypothèse.
Cependant, quand Swissmetal annonce la fermeture de la fonderie de la Boillat, et le démantèlement des presses, ceci pour la je-ne-sais-même-plus-combien-tième-fois, c'est dur à croire. Et, justement, à cause du fait qu eSwissmetal ne peut pas dépenser d'argent pour ça. Le bruit court que la presse Loewy devrait être démontée et expédiée en Chine (l'Inde, la Chine, toujours elles) avant la fin de l'année.
Juste devant la Loewy, à l'usine 1, il y a une plaque métallique. Sur elle sont inscrite les données techniques principales de la machine: sa poussée, son volume, son poids, etc. Karl a oublié les chiffres, mais c'est un gros volume, et un gros poids. Démonter cette presse, ce sera très cher. Pas sûr qu'une banque ait envie de dépenser de l'argent pour assouvir les désirs d'apocalypse de Martinou et Volklore.
Mais ce tableau ubuesque est le même que les prévisions pour les usines 1 et 2 de la Boillat. D'abord, c'était la 1 et la 2 qu'on devait conserver. Après, le train entre les 2 usines, ça coûtait trop cher, et il fallait faire les transports en camion (encore plus chers, donc!). Ensuite, pour faire moins cher, il fallait mettre la 1 dans la 2 (impossible, à cause de la step et des bains de décapage). Maintenant, c'est la 2 qu'il faut mettre dans la 1. Alors, de 2 choses l'une: soit ça déraille plein tube (pour trains d'aterrissage), soit... euh... Soit ça délire plein pot (de fleur en laiton d'architecture).
Tiens, à propos de licenciements, Karl a failli oublier une dernière chose. Oublier cela, c'est bien ce que Swissmetal veut, puisque le groupe ne communique pas dessus. Annoncer des licenciements à Reconvilier ou à Dornach, soit, ça fera peut-être remonter l'action. Mais annoncer des licenciement du côté de la soi-disant Rolls Royce de Lüdenscheid, j'ai nommé Busch-Jaeger, c'est un peu plus douloureux. Or, chez Busch-Jaeger, il se trouve qu eSwissmetal licencie aussi. 35 personnes au dernière nouvelles. On nous disait que l'équipe de management de cette usine avait "fait ses preuves". Je ne suis pas sûr que Swissmetal voulait parler des preuves de sa nullité, mais c'est chose faite.
Et le plan social?Au sujet du plan social, quelque chose coince aussi. On peut légitimement penser qu'il est bien maigre mais, en Suisse, c'est dans la moyenne. Soit. Cependant, dans le plan signé par les partenaires sociaux, les moyens de financements ne figurent pas. Normal, aurait-on envie de croire, puisque c'est l'entreprise qui paie. C'est, comme la suite l'a montré, sans compter sur l'intarissable mesquinerie de Swissmetal. En effet, la source d'argent frais pour payer le plan social, ce devrait être la fondation patronale de la Boillat. Mais, comme je disais, ça coince: il semble en effet, ô surprise!, que la fondation patronale de la Boillat doive servir exclusivement aux Boillat, pour autre chose qu'un plan social, et pas du tout aux travailleurs de Dornach. Donc, à part en jouant la politique du fait accompli -ce qui ne serait pas surprenant- Swissmetal paiera au moins une partie de sa poche (trouée).
PétitionLa pétition lancée par nos amis Genevois poursuit sa route. Après avoir été renvoyée, pour d'obscures raison, devant le Conseil d'Etat genevois -ce qui en soit était un succès-, le canton de Vaud s'est enfin prononcé dessus. Et, tenez-vous bien, elle a passé la rampe: par 56 voix contre 55 (!), la pétition a été renvoyée devant le Conseil d'Etat vaudois, qui devra statuer dessus. En soit, c'est aussi une petite victoire, qui montre que cette grève a remué bien des sensibilité et suscité la réflexion. Il semble que ce succès soit dû, en plus du travail des courageux pétionnaires, aux interventions marquantes des députés Michèle Gay-Vallotton (PS) et Jean-Michel Dolivo (SolidaritéS).
On réécrit en douce"Un voisin", au regard affuté duquel rien, décidément, n'échappe, nous a trouvé un joli scoop. Swissmetal ne serait plus leader!
En effet, jusqu'au
communiqué du 23 juillet 2007, on pouvait lire à chaque fois, en pied de page:
"Swissmetal est le leader mondial technologique dans la fabrication de produits à haute valeur ajoutée à base de cuivre ou d’alliages cuivreux, principalement destinés aux secteurs industriels de l’électronique, des télécommunications, de l’aéronautique, de l’automobile, de la bureautique et de l’horlogerie. Au cours de l’exercice 2006, la société a réalisé un chiffre d’affaires de presque CHF 358 mio. À fin juin 2007, le groupe comptait 812 employés à temps plein. Swissmetal est coté à la SWX Swiss Exchange. Avec des sites de développement et de production à Reconvilier (CH), Dornach (CH) et Lüdenscheid (D), de propres bureaux de vente en Italie, en Allemagne et aux États-Unis, ainsi qu’un réseau mondial d'agents et de revendeurs, Swissmetal fournit des clients en particulier en Europe, en Amérique du Nord et en Asie."
C'était la belle époque où tout allait si bien! Les bureaux du groupe, en Italie, étaient "propres", tout comme ceux d'Allemagne et des USA! Il y avait "un réseau mondial d'agents" (secrets) et surtout, Swissmetal produisait à "haute valeur ajoutée" dans les domaines "de l’électronique, des télécommunications, de l’aéronautique, de l’automobile, de la bureautique et de l’horlogerie". Rien que ça!
Par la suite, histoire de ne pas se faire accuser de diffusion de fausses informations, Swissmetal à remplacé ce texte par ceci (voir
le communiqué du 3 août 2007):
"Swissmetal fabrique et commercialise à l'échelle mondiale des produits à haute valeur ajoutée à base de cuivre ou d’alliages cuivreux, principalement destinés aux secteurs industriels de l’électronique, des télécommunications, de l’aéronautique, du pétrole, de l’automobile, de la bureautique, de l’horlogerie et au secteur de l'architecture. Au cours de l’exercice 2006, la société a réalisé un chiffre d’affaires de CHF 357,6 mio. À fin juin 2007, le groupe comptait 812 employés à temps plein. Swissmetal, dont le siège est à Dornach (Suisse), est coté à la SWX Swiss Exchange sous le nom UMS Usines Métallurgiques Suisses Holding SA."
A ce moment, Swissmetal a donc fait le deuil de toutes ses positions de leader. Positions que, parmi les usines du groupe, seule la Boillat occupait. Terminé donc, le leadership!
Alors que, le leadership, rappelons-le, était un objectif central de la fameuse "stratégie". Enfin, la "stratégie", Karl s'y perd: à force de changements de cap, ça donne le mal de mer. Finis aussi les bureaux propres et les agents qui sont partout. Bienvenue à l'architecture, un domaine où la production a une valeur ajoutée misérable (enfin, les calotiles rattraperont ça!). Toutefois, peut-être à cause de la SWX, le contenu est plus précis. L'abréviation UMS figure enfin, ainsi que le chiffre d'affaires exact.
Mais ce n'est pas tout! Dans la dernière mouture en date,
celle du 24 août, soit 2 communiqués plus loin, voici ce qui a changé:
"Swissmetal produit et distribue à l'échelle mondiale des produits spécifiques haut de gamme à base de cuivre et d'alliages cuivreux [...]"
Les produits ne sont plus "à haute valeur ajoutée" mais "haut de gamme". Autrement dit, c'est du bon matériel sous tous rapport (du moins, ce que les clients ne renvoient pas), mais ça ne rapporte rien. Que d'honnêteté de la part de Swissmetal! Martinou a-t-il eu un éclair de lucidité? Cet éclair a-t-il été causé par un coup de fouet donné par monsieur SWX? Nous ne le saurons jamais mais, une chose est sûr, avouer ça a dû faire grincer quelques dents de "managers au curriculum international" (oui, ils se nomment ainsi eux-mêmes).
On réécrit encoreCe genre de réécritures de l'histoire, parfois, ça ne passe pas. C'est le cas du
mémorandum (une nouvelle marque de papier toilette) publié par Swissmetal pour se justifier. André Willemin, ex-directeur de la Boillat licencié par Martinou parce qu'il osait penser, n'a pas laissé passer ça. Du moins, pour ce qui le concernait. Ce dernier à donc fait parvenir à la presse, le premier octobre 2007, une lettre dans laquelle il rétablit la vérité. Le
Journal du Jura ainsi que le
Quotidien Jurassien en ont parlé. Et vous pouvez lire
cette lettre intégralement ici. Juste comme ça, pour le plaisir du beau jeu de mots, voici le titre: "Swissmetal, leader en contrevérités". Eh oui, ce leadership là, ils ne sont pas prêts de le lâcher!
Du côté de la CoordinationLa salve contre Swissmetal a repris dès le 2 octobre. Cette fois-ci, ce fut autour de la Coordination "Solidarité Boillat" [CSB] de se lancer, lors d'une conférence de presse. A cette occasion, les intervenants ont tenté de montrer à quel point la communication de Swissmetal est malhonnête et biaisée. De ce fait, ils ont aussi cherché à montrer quelle est la situation du groupe. Le tableau qui en résulte, comme celui que je dresse ici, est catastrophique. Cette conférence a été reprise dans
le communiqué que voici. Philippe Oudot, dans le Journal du Jura, a bien sûr pris la peine d'offrir
un compte-rendu plus complet.
Karl avait mentionné ici
une surprise à venir, préparée par la CSB. Voici
leur dernier communiqué, qui nous convie à une petite manifestation du côté de Dornach. Le but est de faire une petite collecte, pour que Swissmetal puisse acheter un peu de matière première. C'est ironique, bien sûr, mais par contre, c'est sérieux: cette manifestation aura bien lieu, jeudi 4 octobre 2007, à 14 heures, devant l'entrée de l'usine de Dornach.
Dans Le TempsQuoi qu'on pense du défaitisme de Serge Jubin, on ne peut pas lui reprocher de ne pas mener un suivi sur le long-terme, en ce qui concerne la Boillat. Certes non: 3 articles en 2 semaines dans lesquels, même si le sujet ne touche pas directement la Boillat, le journaliste semble s'y sentir ramené tout naturellement. Tant mieux, parce que la Boillat le mérite. D'abord, Serge Jubin publie
un article sur le travail des élus locaux (25.09.07). Ensuite, il ajoute
un petit article, qui va avec le premier, sur l'ambivalence de Reconvilier, étiré le long des 2 usines Boillat (25.09.07). Et enfin, le plus intéressant,
un article sur l'intérêt qu'ont les Boillat encore employés par Swissmetal pour la politique (2.10.07). Beaucoup de désillusion, malheureusement. Mais aussi cette lucidité, qui, toujours, me frappe.
Tiens, des blogs...Oui, des blogs, mais en Birmanie. Il est amusant de constater que nombre d'entre eux, comme celui-ci, sont ouverts chez Blogger (donc en www.*.blogspot.com). Comme quoi, Blogger garantit certainement bien l'anonymat, n'est-ce pas Martinou? Pas assez, toutefois, pour une dictature aussi militarisée que celle du Myanmar. Il est aussi ironique de voir que la junte militaire Birmane a rapidement eu l'idée de couper le pays d'Internet. La comparaison s'arrête là, les Birmans n'ayant pas -comme les Boillat l'ont eue en son temps- de banque cantonale qui offre un accès Internet gratuit à côté. Néanmoins, un dictateur reste un dictateur et, heureusement pour nous qu'ici, celui qu'on connait ne peut pas tirer dans la foule.
Calotiles, le retour!Karl ne résiste pas à l'idée de faire quelques heures supplémentaires pour vous faire partager un moment de franche rigolade. Swissmetal a donc, déjà, ressorti les calotiles de ses plans "stratégiques"! Le fait que ce soit juste après la conférence de presse de la CSB, qui répandait de très vilains bruits sur le groupe, relève bien sûr du plus pur hasard. Non, n'y voyez pas une sorte de contrefeu.
Les Calotiles, Karl vous en parlait dans
le dernier "édito", avec un petit canular. Souvenons-nous, le Martinou de circonstances racontait:
"Conscients des problèmes climatiques et toujours à la recherche de nouvelles sources d’énergie thermique, Swissmetal a donc l’honneur de vous présenter une tuile à chaleur. Et quelle tuile! Faite en matière rare, le cuivre, alors qu’on pourrait bêtement la faire en terre cuite, nous sommes assurés d’en écouler en quantité. Notre offre, à l’image de celle des lunettes pour WC en laiton massif, répond, c’est limpide, à un besoin pressant, pour ne pas dire urgent."
Le pire, dans tout ça, c'est tout de même que le
véritable communiqué de Swissmetal, du 3 octobre, est à peine différent:
"Swissmetal procède ces jours-ci à un essai sur le terrain avec un nouveau produit qu’il a développé dans le domaine architectural et plus particulièrement de la technique des bâtiments. Le produit est monté sur le toit d’un bâtiment et fait partie d’un système permettant de produire de l’énergie écologique en captant la chaleur du milieu environnant. Il se base sur la très longue expérience de Swissmetal dans le domaine des bronzes de construction et sa première version est constituée de l’alliage Dorna A de Swissmetal."
Après avoir lu ça, on peut légitimement croire tout connaître de la bêtise humaine. Mais Karl a néanmoins voulu s'assurer de l'absence de sérieux du projet, et a téléphoné à une personne spécialisée sur les questions de développement durable, à qui il a lu ce communiqué. La lecture s'est achevé sur un rire assez désemparé: était-ce donc possible, ça? La personne a ensuite répondu que, pour la norme de construction Minergie, c'était assez comique: Minergie favorise l'usage de matériaux locaux (le cuivre et les autres métaux venant généralement d'autres continents) et courants (or, les métaux sont rares). De plus, le bilan énergétique de tuiles en alliages cuivreux (extraction, raffinage, transport, fonte, etc.), comparé à celui d'une tuile en terre cuite, est sans doute faramineux... Enfin, mon correspondant se demanda comment un pareil machin pourra chauffer une maison quand il fait froid, c'est-à-dire quand il n'y a pas de soleil, ou de la neige sur le toit. Ceci sans même aborder les questions de conductivité thermique (les métaux conduisent aussi très bien le froid...) et d'isolation pour quand il fait trop chaud. Il m'a finalement fait remarquer que ce type de produits était usuellement développé en collaboration avec des entreprises spécialisées ou des hautes écoles, pour intégrer le projet à une vision d'ensemble. Apparemment, ici, une telle collaboration n'existe pas.
A voir la suite du communiqué, où il est écrit que "En raison de l’innovativité du produit et du stade de développement actuel, Swissmetal n’est cependant pas encore en mesure d’estimer le potentiel de ce produit", Swissmetal aura fait faillite avant d'avoir vendu la première tuile. Bref, c'est là la nouvelle mouture des tubes pour train d'atterrissage et autres commandes dans l'industrie pétrolière. Du vent, à une différence près: cette fois-ci, nous pouvons le garantir, Swissmetal est techniquement en mesure de produire cette chose, en plus de produire des mots atroces, comme "innovatif".
La calotile est donc essentiellement conçue pour trôner entre le décapsuleur qui fait Pschit à haut-parleur intégré, le coupe-oeuf électrique à embrayage et le thermomètre souvenir en forme de Tour Eiffel. Oui, la calotile entre dans la catégorie merveilleuse de ces objets inutiles qu'un aveuglement, causé par un moment d'optimisme intense ou par l'extase des vacances, nous aura fait acheter. On garde de telles choses, non pas pour leur valeur -sinon on paierait pour les liquider-, mais pour les moments qu'elles nous ramènent en mémoire ou, éventuellement, pour se donner l'impression que, non, on ne s'est pas fait escroquer.
Tiens, à propos, l'alliage employé pour produire ces tuiles sera le Dorna A. Le A, ne serait-ce pas pour "Arnaque"? Le Dornarnaque... Enfin un joli mot inventé par Swissmetal! D'ailleurs, toujours en parlant de mots, Calotile, bien que Swissmetal ait déposé la marque, n'est pas employé dans le communiqué. Il semble que Martinou n'a pas envie que, via Google ou via
http://www.calotile.com/, ses clients viennent faire un tour par ici. A quand un nouveau nom?
Pour toutes ces belles raisons, Karl s'offrira une, et une seule, calotile, lorsque ce produit sera commercialisé. S'il le peut, du moins. Presse-livres ou chausse-pieds, peu importe l'usage. Karl, tout simplement, a envie de conserver chez lui un immortel trophée de l'infinie bêtise swissmétalienne. Et il gravera dessus "Swissmetal, saison de chasse 2006-2008".